1.E – Brèves de Mars – Juin 2020

30 juinUn Tiananmen sans char. La loi sur la sécurité nationale s’applique désormais à Hongkong. Triste anniversaire de la rétrocession. Un militant brandissant le drapeau autonomiste aura été le premier appréhendé au motif de la nouvelle loi sur la sécurité nationale. On passe les fers à une société jusqu’alors assez libre. Comme sur le continent, des motifs vagues et idéologiques – séparatisme, collusion avec l’étranger, subversion … – exposent chacun à la déportation judiciaire, potentiellement à la torture, à un jugement arbitraire, à la prison à vie. Joshua Wang envisage le passage à la clandestinité du mouvement démocratique. Mais l’effigie de la jeunesse hongkongaise imagine aussi naïvement que le monde libre va défendre sa cause. Cruelle illusion ! La machine de Xi Jinping à  »normaliser » la population fait peur à l’intérieur comme à l’extérieur. Le despotisme ne pourra reculer que sous l’action de la population elle-même, la population majoritaire (han) du Continent, s’entend. On en est pas là.

* 29 juin‘’Illibéralisme’’ et avenir de l’Europe. Il y aura un second tour à l’élection présidentielle polonaise. Selon le sondage à la sortie des urnes du premier tour, le président sortant, l’ultra-conservateur, Andrzej Duda, fera face, le 12 juillet, à son rival libéral, maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski. Le premier a obtenu 41,8 % des voix des Polonais et le second, 30,4 %. L’écart reste important mais il ne serait pas insurmontable, si le vote abstentionniste se mobilisait. La réélection du président sortant est vitale pour le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir. Celui-ci joue l’avenir de ses ‘’réformes’’, lesquelles – on le sait – se focalisent essentiellement sur le musellement de la justice, le souverainisme et le délitement de l’Etat de droit. C’est dire qu’il y a un enjeu, pour l’Europe dans son ensemble, face au péril intérieur du populisme.

  * 28 juinSe parler toujours, coopérer éventuellement. A l’issue d’une visioconférence avec V. Poutine, le président français se dit « confiant de pouvoir avancer » avec lui sur un certain nombre de sujets, notamment la crise libyenne. La France et Russie y partageraient un « intérêt commun, qui est la stabilisation [du pays] et la réunification de ses institutions ». Avec la déroute (provisoire ?) du maréchal Haftar, les deux puissances se retrouvent, en effet, à bord de la même galère. Mais si un progrès était en vue, E. Macron et son entourage auraient été plus diserts. Face à l’intervention musclée de la Turquie, Paris et Moscou vont maintenir séparés leurs canaux de négociation avec R.T. Erdogan. Ce dernier a d’ailleurs plus d’estime pour son ennemi russe que pour son allié français, alors que de grandes manœuvres militaires s’engagent autour des champs pétrolifères du Sud de la Libye,… jusqu’ici en évitant l’affrontement : Erdogan veut mettre la main sur le pétrole. Poutine veut contrôler les vannes pour qu’il ne parvienne pas sur les marchés. Par ailleurs, impossible de parler de la Syrie. L’Ukraine reste un sujet lancinant qu’il est dans l’intérêt de Poutine de ne pas sortir du congélateur. La géopolitique à la sauce bilatérale ne fait pas de miracle. * 27 juinEntrebâillement de l’Europe. L’Union européenne s’apprête à rouvrir ses frontières extérieures et publie une première liste de quinze pays avec lesquels les liaisons aériennes seront permises dès le 1er juillet. L’objectif, courant-juillet, serait d’y porter entre 20 et 50 pays, soit de 10 à 25 % des Etats de la planète. Les critères de sélection, tout scientifiques qu’ils s’afficheront, pose surtout un dilemme politique. Selon le New York Times, les ébauches de listes ne comporteraient pas les pays où la pandémie connaît encore un haut niveau de circulation du virus : les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde, la Russie. A l’inverse, les vols réguliers pourraient reprendre à destination de la Chine et du Vietnam. Cuba et l’Ouganda sont également mentionnés dans cette liste. Celle-ci sera de toute façon réévaluée tous les quinze jours. Mais au niveau de machisme ringard cultivé par certains puissants du monde (à la faveur du virus ?), on peut craindre des réactions vengeresses de la part de leaders populistes.  * 26 juin – Nuit des veilleurs. Depuis 15 ans, la nuit du 26 juin marque la Journée des Nations-Unies de soutien aux victimes de la torture. C’est un temps de recueillement sur les trajectoires de vie brisées de millions de personnes, victimes de la pire barbarie. Elles ont souvent été ciblées par le seul fait du hasard ou de leur appartenance à un groupe humain. En rester solidaire, faire connaître leurs cas, les accueillir si et lorsqu’elles sortent de l’épreuve, c’est la seule façon de préserver notre propre humanité et de leur insuffler quelque espoir. La torture est aujourd’hui une spirale ascendante, couramment pratiquée dans un pays sur deux. Elle est massivement présente dans les multiples conflits qui déchirent le monde. Les victimes,  individus isolés ou groupes, sont désignées par des pouvoirs tortionnaires. Elles subissent alors des crimes de guerre ou contre l’humanité. Le rejet de la démocratie signifie l’effacement de la justice : l’impunité est l’autre facette de la torture. L’Organisation des Nations Unies n’est plus très audible sur son propre appel. Il existe une  »Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », entrée en vigueur le 26 juin 1987 et elle comporte même des protocoles de vérification. Quel partisan de la manière forte s’en souciera ? * 25 juin – La haine des Kurdes comme motif d’expansion. Erdogan, encore et toujours lui ! Cette fois-ci, c’est dans le nord de l’Irak que le Sultan lance ses bombardiers contre des éléments du PKK kurde, qui s’y sont retranchés. Le gouvernement de Bagdad, divisé et faible, semble bien incapable de faire respecter sa souveraineté. Comme à leur habitude les forces turques ne font pas dans la dentelle. Dans ce territoire qu’elles envahissent, toutes les populations écopent, par une sorte d’effet collatéral généralisé. Ainsi, dans la région du Sinjar où la minorité pacifique yézidie avait vécu le martyr, en 2015, sous la botte de Daech, un nouveau massacre est en cours. Les Kurdes d’Irak, qui sont pourtant un partenaire commercial coopératif à l’égard d’Ankara, en prennent aussi pour leur compte. Il s’agit de les mettre en garde contre tout rapprochement avec leurs frères ennemis de Turquie. Et puis la violence est voulue comme une marque de la puissance, par un dictateur bien à la peine, sur le front intérieur, avec la pandémie mais aussi  avecl’économie. Jeter en prison une grande partie de l’élite de son pays ne lui suffit plus. Du Moyen Orient à la Méditerranée orientale, Erdogan s’acharne à déstabiliser la région et aussi, au passage, l’OTAN. * 24 juin Armes gentilles contre armes méchantes. Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dénoncer l’aventurisme turc en Libye. Au sein de l’OTAN comme lors de la visite du président tunisien, il fustige le ‘’jeu dangereux’’ du despote d’Ankara. Violer un embargo onusien sur les armes et prendre pour cible un bâtiment militaire de sa propre alliance – le Courbet, en l’occurrence – n’est pas une simple incartade. Alliée ou ennemie, la Turquie ? Erdogan retourne l’accusation contre la France. En fait, l’ambiguïté et l’opacité des positions de Paris sur le conflit libyen ne lui donne pas entièrement tort. On ne sait pas si des éléments des opérations spéciales françaises accompagnent toujours l’Armée ‘’nationale’’ libyenne, mais le soutien en hommes comme en armement au seigneur de la guerre de Benghazi n‘a pas été démenti. Il est donc plus que probable que le contrôle de l’embargo n’a fonctionné que contre un des deux camps en présence, celui de Tripoli et d’Ankara. Plus fondamentalement, Paris se range, par réflexe de fournisseur d’armement, du côté des Emirats Arabes Unis, de l’Arabie, de l’Egypte, trois clients majeurs des armes françaises, qui sont aussi les pourfendeurs des frères musulmans. Pour une puissance du P 5, assujettir sa diplomatie à son commerce militaire à court terme avec des partenaires autoritaires, obsédés par des vengeances intermusulmanes, a quelque chose d’anti-démocratique et d’anti-français pour tout dire. De là à donner raison à Erdogan, certes non. * 23 juinGlacis sur mesure. Le gouvernement yéménite pro-saoudien et les séparatistes du Conseil de Transition du Sud (STC), basés à Aden, ont conclu un cessez-le-feu et entameront des pourparlers en Arabie Saoudite. C’est, au mieux, une guerre dans la guerre qui pourrait cesser. Les Sudistes avaient proclamé leur autonomie, le 26 avril, après l’effondrement d’un cessez-le-feu initial. Depuis lors, ils ont pris le contrôle de l’île stratégique de Socotra, au large d’Aden, une installation convoitée par les Emirats. Un élément de concurrence joue, en fait, entre les deux pays-leaders de la coalition arabe occupant la partie sud, Riyad et Abu-Dhabi (plus intéressé à prendre pied durablement au Yémen). Depuis 2015 l’ennemi principal que la coalition combat est le gouvernement ‘’nordiste’’ houthi, réputé soutenu (discrètement) par l’Iran. Depuis Sanaa, il contrôle la plus grande partie du Nord. Et, là, les bombardements aériens des forces saoudites se poursuivent, sans processus politique. Le STC et le gouvernement sont en principe alliés au sein de la coalition militaire qui lutte contre les rebelles Houthis. La coalition appelle à un cessez-le-feu global, mais vise aussi ouvertement un partage du pouvoir dans le Sud entre Yéménites et forces étrangères, une tutelle. On réactive donc l’Etat sudiste – qui a existé jusqu’en 1990 – pour en faire un protectorat. Malgré l’énorme coût politique et humain de leur aventure militaire, les deux princes héritiers saoudien et émirien n’ont pas renoncé à une solution de force ni rien cédé de leurs ambitions stratégiques néocoloniales. Enorme défi au droit, à la Paix et à la Justice. * 22 juin 45ème anniversaire orageux entre l’U.E et la Chine. Faute d’avoir pu célébrer – Covid oblige – les 45 ans de leur accord stratégique, la direction chinoise et la Commission de Bruxelles replâtrent leur partenariat en visio-conférence. La participation de Xi Jinping à l’exercice traduit l’importance de l’enjeu pour Pékin. Echaudée par le projet de nouvelles routes de la soie, puis par la ‘’diplomatie du masque’’, enfin par la propagande agressive de Pékin vis-à-vis de l’Occident, par ailleurs, pressurée par l’administration américaine de lui emboîter le pas, l’Union n’a pas apprécié ces multiples manœuvres pour la diviser. La pandémie et la mise au grand jour de sa dépendance l’amènent à réajuster sa politique chinoise dans le sens de la fermeté (ou d’une moindre naïveté). L’heure est à la relocalisation et, cela, pas seulement dans le secteur de la santé, mais aussi dans ceux des technologies numériques, de l’automobile, de l’aéronautique et de l’espace, etc. Ainsi, 11 % des firmes françaises implantées en RPC songent à plier bagage. 60 % souhaitent rester mais avec un accès aux marchés publics et le bénéfice d’un régime de l’investissement plus équitable (questions pour lesquelles la réciprocité ne joue pas et la concurrence n’est pas loyale). Le sort de colonie policière promis à Hongkong fait aussi sérieusement ‘’réfléchir’’ les milieux d’affaires. Les derniers mois ont joué comme un révélateur et l’ambiance à Bruxelles est à un certain durcissement, alors que l’Allemagne prendra, le 1er juillet, les rennes du Conseil européen. L’UE ne suivra pas la posture offensive des Etats-Unis vis-à-vis de Pékin mais elle ne fera pas patte douce non plus. D’où le souci de l’Oncle XI. *21 juin Le slogan et l’apartheid. En Israël, B. Netanyahou a surfé sur le projet d’une annexion de la Cisjordanie palestinienne, en principe réalisable à compter du 1er juillet. Il maîtrise plusieurs atouts : droitisation durable de l’électorat, improbabilité d’avoir à tenir un quatrième scrutin législatif d’affilée en cas d’échec, 18 mois de liberté d’action avant que son  »allié », B. Gantz, ne prenne son relais. Pourtant, la domination de Tsahal et des colons sur les territoires occupés est déjà telle que la sécurité d’Israël n’en sortirait pas renforcée. Au contraire, la colère des Palestiniens et la réprobation du monde plongeraient l’Etat-juif dans une impasse absolue. Celle de l’apartheid. Netanyahou le sait et, pour conserver les leviers du pouvoir et échapper à la justice (qui l’a inculpé), son idée ne serait pas de franchir le pas rapidement mais d’alimenter un état permanent de crise et d’insécurité qui le rende, lui,  »indispensable » aux yeux de ses électeurs. Le ver de la manipulation dans la fruit de la démocratie. * 20 juin Afghanistan du Sahel. Après une semaine de pourparlers qui n’ont pas calmé les tensions et, à l’appel d’une coalition hétéroclite, une seconde manifestation populaire, à Bamako, réclame la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). La contestation, portée par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques » (M5-RFP)- exprime la colère des milliers de victimes des attaques jihadistes ou des violences intercommunautaires. Dans un pays confronté à l’expansion du jihadisme armé, l’impuissance de l’État et de ses forces armées (malgré leur brutalité), le manque de vision politique, le marasme d’une économie minée par la corruption, l’effondrement des services publics et de l’éducation ne laissent présager qu’une issue catastrophique. Les élections de mars (premier tour), en partie invalidées, ne font pas plus émerger une alternative de pouvoir crédible. Le Mali, principal pays du front, dérive vers la situation d’un Etat failli. L’opération française Barkhane risque d’y perdre son utilité et même son sens.
* 19 juin Attention : pirates !  L’Australie est la cible d’une cyberattaque crescendo, de la part d’un « acteur étatique sophistiqué » . L’action est perturbatrice, mais ne cherche pas à détruire les infrastructures. En gros, c’est une menace plutôt qu’une guerre. ‘’Au vu de l’ampleur et de la nature des cibles, nous savons, dit le Premier ministre Scott Morrison, qu’il s’agit d’un piratage émanant d’un acteur étatique sophistiqué « . Les hackers s’en prennent en effet aux institutions gouvernementales, aux organisations politiques, aux opérateurs de services et d’infrastructures essentiels. Les États susceptibles de lancer de telles attaques ne sont pas légion. Selon les médias locaux, la liste des puissances disposant d’un savoir-faire aussi élevé se réduirait, hors- occident, à la Chine, la Corée du Nord, l’Iran, Israël et la Russie. Leurs soupçons se portent sur la Chine, qui a infligé, en mai, des droits de douane punitifs à certaines exportations australiennes et déconseille la destination australienne à ses touristes. Canberra en appelle, surtout,  à une enquête internationale indépendante sur les origines de la pandémie de coronavirus et dénonce l’agressivité de la diplomatie chinoise, sans lui imputer explicitement les attaques. Ce n’est pas une crise assumée, ni à fortiori une guerre, mais une tentative pour intimider et soumettre. L’ère numérique donne prise à ce mode malsain de confrontation géopolitique.
 
 
* 18 juinClash en Méditerranée orientale. Une frégate française est ciblée par l’illumination radar de bâtiments militaires turcs forçant leur route vers la Libye. Ceux-ci escortent un cargo sans doute rempli d’armes pour les forces de Tripoli. C’est un défi à l’embargo sur les armes appliqué par l’OTAN, en même temps qu’une menace destinée à intimider la Royale. Pas une agression matérialisée, certes, mais une manifestation d’hostilité assumée. Ces dernières années, Ankara s’est comportée de façon provocatrice vis-à-vis de l’Europe : chantage sur le déferlement des exilés; mise au pas violente des alliés kurdes de la coalition anti-Daech; acquisition de missiles russes menaçant pour les forces aériennes de l’Alliance; irruption armée dans le conflit inter-libyen. Erdogan ne cache pas son envie de vengeance envers l’U.E., qui ne veut pas lui faire sa place.  C’est même pour lui un atout électoral. Mais pour adopter une posture aussi agressive envers un autre membre de l’OTAN, il lui faut parier que l’administration américaine fermera les yeux. Intéressant indicateur de cette  »mort cérébrale » (politique) qui rend caduc le lien transatlantique.

* 17 juin Ligne bleue de l’Himalaya. Imaginez la France et l’Allemagne se bombardant pour le contrôle du pont de Kehl. Ridicule ! Mais entre Asie du Sud et Extrême Orient, on est encore dans le monde d’avant, celui de 1914-1918, où pour quelques arpents on se faisait la guerre dans l’exaltation patriotique. A Gagangeer (ou, pour les Chinois, dans l’Aksai Chin), les armées des deux géants du monde se sont durement affrontées autour d’une route en construction. En arrière plan de quelques semaines de provocations et de fureur, ressurgit l’histoire d’un marchandage par lequel la Chine a obtenu du Pakistan un fragment de territoire que l’Inde considère comme sien, mais qu’elle avait perdu lors du conflit de 1962. Islamabad a renforcé, en échange, sa part du Cachemire et son levier de nuisance sur New Delhi. A son bénéfice, Pékin dispose de sites en surplomb des pentes himalayennes propices à l’installation de silos nucléaires assez menaçant pour l’Inde. Historiquement, la Chine, supérieure au plan militaire, était apparue sur l’offensive et l’Inde s’était plutôt gagnée la sympathie du monde extérieur. Mais, aujourd’hui, l’Inde de N. Modi n’est pas moins nationaliste ni intransigeante que la Chine de Xi Jingping. 15 A, entre les deux molosses nucléaires aux dérives populistes, sous réserve de savoir lequel porte, éventuellement, plus de responsabilité que l’autre… et depuis quelle étape du conflit. L’ONU reste paralysée lorsqu’une puissance permanente du Conseil de Sécurité se trouve au prise avec une autre puissance qui est nucléaire (sans oublier que le Pakistan l’est aussi).

* 16 juin – Quand votre cœur dit boum ! Geste hautement symbolique, la Corée du Nord a fait exploser son bureau de liaison avec le Sud, situé à Kaesong. Déjà, le régime nord-coréen avait décidé la fermeture de ses canaux de communication avec l' »ennemi » sud-coréen, suite à la diffusion  de tracts critiques par-delà la Zone démilitarisée (DMZ). L’armée nord-coréenne projette des opérations de propagande à grande échelle et de même style, en direction du Sud. Ça ne mange pas de pain. Elle annonce surtout à un plan pour « transformer en forteresse la ligne de front’’, ce qui impliquerait de réinvestir militairement les zones démilitarisées aux termes des accords d’armistice (1953) et intercoréen (de 2018). C’est bien sûr beaucoup plus sérieux. Manifestement, Pyongyang cherche la crise avec Séoul au moment où les USA se sont détournés de la négociation (sur le nucléaire) avec le Nord. Le président sudiste, Moon Jae-in, ne percevra pas la rétribution de sa modération et de son dévouement à la cause de la Paix. Au contraire. Car, par-dessus la tête de sa voisine, c’est toujours à Washington que s’adresse indirectement la dynastie Kim. Son agitation traduirait une complexité nouvelle entre les pôles du pouvoir à Pyongyang. Par ailleurs,  »l’empêtrement » de D. Trump dans de multiples crises internes, sa tentation de retrait des affaires du ‘’reste du monde, sa piteuse proposition de ‘’deal’’ avec l’Iran, son aura et même sa santé déclinantes,  projettent l’image d’une puissance affaiblie que l’on peut amener à composer. Les  impératifs intérieurs prévalent de part et d’autre, ce qui rend la séquence actuelle assez hasardeuse.’’,

* 15 juin – Effets boomerang. Le recul de la pandémie n’est pas encore acquis dans le grand Moyen-Orient. Pourtant, on y assiste déjà à des retours de flammes, en Algérie, en Irak, en Iran, en Syrie. Le confinement a servi les régimes autocratiques. En Algérie, les gigantesques manifestations du Hirak faisaient espérer une nouvelle donne politique : tout s’est arrêté devant le virus. De même, en Irak, le pouvoir, sans cesse menacé par Daech puis, plus récemment, contesté par les manifestations des jeunes, se retrouve plus stable qu’avant et lâche la bride à ses milices chiites. Au Liban, la faillite des banques a étouffé la révolte des citoyens pour une ‘’dé-féodalisation’’ de la vie politique. Quant à l’Iran, l’agressivité de D. Trump fait depuis longtemps le jeu de la mouvance religio-obscurantiste. Mais la population, durement éprouvée par la pandémie, ne s’exprime plus. En Syrie également, plus rien n’arrête le pouvoir de Bachar dans la répression des vaincus, bien que la désagrégation de l’économie commence aussi à affoler son propre électorat. Renvoyer le premier ministre n’y changera rien. Car on peut craindre, une fois la pandémie passée, des contrecoups violents de la part d’oppositions muselées par les circonstances. En Libye comme en Syrie, la Turquie poursuit son aide à des groupes islamistes qui menacent la stabilité de la rive nord de la Méditerranée. Exalté par ses élans de conquête, Erdogan défie ouvertement l’OTAN. Il passe en force l’embargo sur les armes (au bénéfice du gouvernement de Tripoli) et parvient à faire reculer les mercenaires de Poutine – attachés au bord adverse – en déconfiture – lesquels se replient désormais sur la ‘’défense’’ de la Cyrénaïque. Tout est volatile, tout peu changer.

* 14 juin – Tout est lié et devient global. Il n‘existe guère de crise circonscrite dans la durée ou à un groupe d’acteurs. Les dysfonctionnements du monde interagissent les uns sur les autres, de façon d’autant plus sévère d’ailleurs qu’on voudrait s’en isoler. Le Covid en est l’illustration. Telle, me semble aussi le constat fait par Noami Klein dans son dernier ouvrage, ‘’Plan B pour la planète’’. La journaliste américano-canadienne, enseignante universitaire, revient sur l’exacerbation des inégalités sous l’effet de la pandémie, sur les flambées collectives de colère autour du thème du racisme : ‘’Tant qu’il apparaissait que tout le monde était en danger, les gouvernements étaient prêts à suspendre l’activité économique au nom de la santé humaine. Mais dès qu’il est apparu que les plus menacés par le virus étaient les pauvres, les Noirs, les personnes âgées ou handicapées – ceux que l’on considérait déjà comme des citoyens au rabais –, alors les appels à « relancer l’économie » sont devenus plus vifs’’, l’arrogance de certains policiers, aussi. Une génération de jeunes, plus ou moins sacrifiés par l’économie et par la société sort du repli sur soi et se fait entendre dans la rue. C’est une évolution importante. Noami Klein avait défendu aux côtés de Bernie Sanders l’objectif de parvenir en dix ans à la neutralité carbone. ‘’Nous avons exporté notre mode de vie fondé sur le gaspillage dans tous les coins du monde’’. Loin de sombrer dans l’isolationnisme, elle relève la dimension globale des problèmes comme des solutions. Cette voix claire et honnête d’outre-Atlantique parle précisément le même langage que beaucoup d’entre nous, en Europe.

* 13 juin Parole en l’air. ‘’ Merci à l’Iran. N’attendez pas après les élections américaines pour conclure un gros deal. Je vais gagner. Vous conclurez un meilleur deal maintenant’’. L’instant d’un tweet, D. Trump a oublié de menacer l’Iran. À l’occasion d’un échange d’otages avec Téhéran, le voilà qui lance un appel du pied aux ayatollahs ! Le ploutocrate aurait-il renoncé à l’escalade des sanctions unilatérales ? Celle-ci lui sert de ligne depuis qu’il a retiré son pays de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), accord auquel se conformait pourtant l’Iran. Comme toujours, son tweet est une pulsion plus qu’une réelle inflexion. Apposer sa signature à côté de celle de l’Iran sur n’importe quel morceau de parchemin n’impliquerait pas qu’il ait renoncé à faire tomber le régime des mollahs. Ce serait juste un gadget à brandir dans la campagne électorale, une façon de préempter de possibles efforts des Démocrates pour calmer le jeu au Moyen-Orient. Ou même simplement une diversion, à l’heure où sa gestion surréaliste de la pandémie fait des Etats Unis le pays le plus affecté, avec deux millions de cas et plus de 110 000 décès. Sans parler de l’économie et des manifestations contre le racisme. La géopolitique sur une trame électorale, c’est un non-sens. Le monde ne plie pas aux fantasmes d’un groupe d’électeurs. Et le populisme déstabilise le système international, jusqu’à générer des désastres.

* 12 juin – Feu sur la Justice !  »Nous ne pouvons pas rester les bras croisés pendant que nos gars sont menacés par un tribunal bidon’’. D. Trump autorise des confiscations financières et des interdictions du territoire américain à l’encontre des juges de la Cour pénale internationale (CPI), des employés et de leurs familles enquêtant sur de probables crimes de guerre en Afghanistan et en Palestine. Il ne serait pas question, pour lui, de se pencher sur des exactions de l’armée US et de ses alliés, sans l’autorisation expresse des mis en cause. Les sanctions seront ciblées individuellement. Au passage, Washington prend à son bord la colère du gouvernement israélien, pointé du doigt sur son comportement dans les territoires occupés. Depuis son arrivée aux affaires, l’administration Trump se montrait menaçante à l’égard de la CPI. En passant aux actes, elle valide tacitement les soupçons de crimes de guerre à son égard et invite les autres pays dans le collimateur de la Cour – en particulier en Afrique – à sortir du Statut de Rome, fondateur de la seule instance pénale universelle. Il a fallu des générations pour parvenir à instaurer, en 2002, ce maillon indispensable de la Justice. Imaginons le IIIème Reich allemand finissant réfutant le Tribunal de Nuremberg dont on l’aurait laissé sanctionner les juges !

* 11 juin Comment perdre une juste cause. On n’a jamais vu une armée gagner une guerre contre le terrorisme en martyrisant ses propres civils. Le plus souvent, des régimes s’écroulent quand les prétoriens détruisent la cohésion d’une société. Le chef d’état-major français en avait récemment fait le constat pour le Sahel. Ceci compromet l’opération Barkhane et les efforts méritoires de ses soldats pour rétablir la paix et la stabilité au Sud du Sahara. L’insécurité s’installe pour longtemps là où la population se trouve piégée entre les attaques des groupes armés (tels le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’État islamique au grand Sahara), une gouvernance déficiente et les plans de bataille des états-majors. La Minusma puis Amnesty international (rapport du 10 juin) ont ajouté leurs pierres à ce réquisitoire :

– Entre février et mars, les disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires ont concerné 200 personnes, dans la région. Des déplacés internes font partie des victimes; L’impunité chronique des élites et la volonté des politiques de se prévaloir de « victoires » contre les jihadistes mettent la pression sur des militaires formés à la prédation guerrière plus qu’à la défense de l’état de droit Les droits humains sont violés au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Le rapport d’A.I –  »Ils en ont exécuté certains et emmené d’autres avec eux » – appelle les gouvernements des trois pays à faire cesser les violations commises par leurs forces de sécurité. Celles-ci procèdent systématiquement à des vagues d’arrestations ‘’préventives’’, un peu sur le modèle de la bataille d’Alger dans les années 1960. Des personnes arrêtées ne réapparaissent jamais. Les homicides en série de civils non-armés sont constitutifs de crimes de guerre. Cette dérive est plus ou moins reconnue par les gouvernements mais rien n’y fait. Le Sahel devient un Afghanistan bis sur une échelle régionale.

* 10 juin Guerre des ballons. On connaît les pulsions agressives du pays le plus confiné du monde : la Corée du Nord. Pyongyang coupe ses lignes de communication – politiques et militaires – avec son ‘’ennemie du Sud’’, incarnée par la présidence de Moon Jae-in, la plus conciliante à son égard depuis des décennies. La volonté d’apaisement de Séoul, derrière l’agitation de D. Trump, mérite des louanges. La tension actuelle a pour origine (prétexte ?) quelques lancers de ballons vers le Nord. Pratiqués par des transfuges et des opposants sans lien avec le gouvernement sudiste, ils servent à disséminer des tracts critiques sur l’état des droits humains dans le Royaume des Kim. ‘’Ils n’ont fait qu’alimenter notre consternation » maugréent les autorités nord-coréennes. Elles organisent des rassemblements de masse pour fustiger Séoul, manœuvre injustifiée mais qui permettrait de mettre en avant l’autorité montante de Kim Yo-jong, la sœur du Kim suprême. C’est aussi une façon de rappeler que c’est avec Washington que Pyongyang veut négocier (la dénucléarisation de de la Péninsule) et ce, par-dessus la tête de sa sœur du Sud, à laquelle est réservé le volet ‘’menace’’ de sa stratégie. La dénonciation de l’accord militaire de 2018 entre les deux pays est brandie pour faire peur. Du coup, les relations entre les deux voisines se retrouvent dans l’impasse, malgré trois les trois sommets de 2018 entre dirigeants. La Corée du Nord avait déjà mis un terme à la plupart de ses échanges avec le Sud après l’échec du sommet Kim Jong-un – D. Trump, en février 2019, conclu sans avancée sur le nucléaire. Rationnel, oui. Acceptable, non.

* 9 juin – Selon l’OMS, la situation sanitaire ne cesse de s’aggraver dans le monde. Bien qu’elle s’améliore en Europe, elle s’aggrave ailleurs, notamment en Amérique latine, au Moyen orient et aux Etats-Unis. M. Tedros Ghebreyesus relève que plus de 100 000 nouveaux cas quotidiens sont recensés.  On pourrait ajouter que dans les pays où la gouvernance est décente, le déconfinement se passe mieux que dans les bastions du populisme, parmi lesquels il est triste de compter les Etats-Unis, le Royaume Uni, le Brésil, la Russie, l’Iran, le Pérou, certains pays d’Amérique centrale, le Mexique, etc. Le machisme politique se méfie des médecins, il ne sait pas contenir le virus et reste obnubilé par la relance de l’économie, quels que soient les souffrances infligées aux populations, essentiellement citadines, d’ailleurs.

– Le monde affronte-t-il sa plus grave crise économique depuis cent cinquante ans, plus dévastatrice encore que le krach de 1929 ? La Banque mondiale le prédit. L’économie planétaire devrait ‘’se contracter de 5,2 % cette année à cause du coronavirus’’. La récession qui s’annonce serait pire que la grande dépression des années 1870. Elle devrait ‘’laisser des cicatrices pendant longtemps et poser d’immenses défis à l’échelle mondiale’’. Ce pessimisme n’est pas étayé et il n’est pas moins envisageable que, d’ici deux ans, le niveau d’activité de 2019 soit retrouvé… si les changements structurels qui s’imposent sont mis en œuvre, de façon coordonnée (pourquoi ne réunit-on pas le G 20 ?) et avec un gros effort des dirigeants non-populistes pour un retour de la confiance

* 8 juin – Le Jihad dévore ses enfants. Contrairement à la Syrie ou à l’Afghanistan, où la rivalité vaut confrontation armée depuis toujours, le Sahel était l’unique région au monde où Al-Qaïda et Daech, l’organisation État islamique, avaient passé une alliance. Cela, sans aller jusqu’à la fusion que leurs hiérachies moyen-orientales tentaient de leur imposer, en 2017, pour regrouper leurs forces dans le  »Grand Sahara Islamique ». Depuis 2018, les deux factions coordonnaient leurs attaques et s’étaient créé des zones d’influence séparées. L‘objectif commun restait de prendre, chacune, le contrôle de la plus  grande partie possible de l’Afrique de l’Ouest jouxtant le Sahara. Un des exemples spectaculaires de leur entente sur le terrain a été illustré en 2018 par leur campagne coordonnée pour isoler Ouagdougou, en prenant le contrôle des routes,  bombardant les ponts et en harcelant les convois militaires. Cette coexistence vole en éclats depuis peu. Il n’est pas établi que ce soit en rapport avec la  »neutralisation », le 3 juin, du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abdelmalek Droukdel, et de quelques autres, par l’opération Barkhane. Dans un article d’un de ses chercheurs français, le Center for Global Policy de Washington expose le regain de rivalité et de discorde  entre les deux organisations terroristes qui ensanglantent le nord et le centre du continent africain.  Comme tous les haineux, les chefs jihadistes ne sont pas tendres entre eux.

* 7 juin – Guerre de mouvement. Fort de ses récentes victoires sur Khalifa Haftar, le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Tripoli, en principe reconnu par la communauté internationale, lance une attaque aérienne sur la ville de Syrte, fief des Kadadhfa à 450 km à l’est de la capitale libyenne. Verrou stratégique entre l’est et l’ouest, Syrte contrôle la ligne de démarcation divisant en deux le Pays depuis 2014. Sa conquête ouvrirait aussi l’accès aux sites d’or noir et aux terminaux pétroliers tenus par le maréchal Haftar. Aussi, le camp de celui-ci, Egypte et Emirats en tête (ainsi que le ministre français des Ae) appelle à la trêve. Forcément !

– Syrte donne accès au désert libyen. C’est autour de la ville que sont regroupés les jihadistes retranchés de Daech, qui en avaient fait leur tremplin terroriste en 2015-2016. D’un point de vu occidental, cette zone de non-droit absolu constitue un ventre mou dans le dispositif de sécurisation de la région sahélienne et une réelle menace sur l’Europe. Mais ce n’est pas en se compromettant aux protagonistes-‘’bandits’’ libyens, encore moins en profitant des conquêtes prédatrices des mercenaires turcs ou de la déconfiture temporaire de leurs adversaires russes de la société Wagner qu’on reconstruira la paix et la sécurité. Comme en Syrie, où l’on retrouve les mêmes acteurs extérieurs, il faudrait préalablement reconstruire quelque chose ressemblant à des mécanismes de concertation de l’introuvable ‘’communauté internationale’’.

* 6 juin Covid et peuples racines. Selon l’ethnologue Patrick Bernard, les peuples autochtones descendent des premiers habitants de territoires conquis au cours des cinq siècles passés, au cours de l’épopée coloniale de la vieille Europe. On parle d’environ 200 millions d’âmes – 4% de la population mondiale – soit 6 000 petits peuples disséminés à travers la planète. Ils sont autant de contrepoints à l’uniformisation du monde et leur existence s’en trouve menacée. Ils subissent toujours et encore la confiscation des terres, la destruction de leur flore nourricière, la pollution de leur environnement, la fragilisation de leurs cultures et de leurs identités socio-politiques. Ils sont aussi la cible de prosélytismes qui n’acceptent pas leur différence, et sont soumis à la loi des firmes exploitant or, bois, pétrole, uranium, énergies hydroélectriques, etc. Ces descendants de chasseurs-cueilleurs itinérants ne se sont jamais considérés propriétaires de leur terre, mais plutôt comme appartenant à la terre. Leurs sociétés de l’autosuffisance ne pratiquent pas l’accumulation ni l’argent mais le développement durable. L’appellation de ces ethnies signifie, le plus souvent, « Homme vrai » ou « Homme véritable ». On le sait, la pandémie n’est pas sous contrôle dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine et en Afrique, et ces communautés isolées manquent de résistances immunitaires face aux maladies extérieures. De plus, elles n’ont pas d’information ni de moyens sanitaires pour s’en protéger. Leur mode de vie communautaire les expose particulièrement. La seule mesure ‘’barrière’’ pour les mettre à l’abri serait d’interdire l’accès à leurs territoires et réserves et, pour celles qui le peuvent, de leur faire rejoindre leurs campements forestiers. Le mieux étant de s’isoler en forêt. Terrible confinement !

* 5 juin Tiananmen à Washington – Tandis qu’à Minneapolis, la foule rend hommage à George Floyd, assassiné par la police, des échos puissants se font entendre à Washington – sous quasi-état de siège autour de la Maison Blanche – partout aux Etats-Unis mais aussi dans les espaces de démocratie que compte le monde. Certes, ce n’est pas, strictement parlant, le déferlement des chars de Tiananmen, le jour-même du 31ème anniversaire du massacre des étudiants à Pékin. Mais c’est aussi une jeunesse pacifique, en lutte pour sauvegarder sa liberté et pour refuser un monde d’arbitraire, de violence et de ségrégation des minorités. L’engagement opiniâtre des adolescents hongkongais contre le rouleau compresseur du PC chinois apparaît, à une génération de distance, comme une réédition du drame, avec sans doute un dénouement aussi fatal (sauf à lui apporter un soutien international massif). La grande manifestation de Paris pour exiger la vérité sur la mort d’Adama Traoré entre les mains des gendarmes, en 2016, s’inscrit dans des circonstances plus ‘’américaines’’, mais dans l’esprit commun à ces générations montantes, motivées par la justice plus que par l’ordre imposé par les marchés. Le rejet de D. Trump et de ses pulsions de dictateur populiste constitue l’autre ciment de ce retour à la politique, contagieux comme le virus. Ce n’est pas le ‘’nouveau monde’’ mais le plus prometteur de l’ancien qui pourrait reprendre vigueur… si toutefois on l’accompagne de façon constructive. * 4 juin Nouvelle Amérique. La gouvernance calamiteuse de D. Trump lui a ouvert un boulevard. La Chine s’y engouffre et connaît le syndrome de la grosse tête. Elle n’a pas de responsabilité avérée dans l’apparition de la pandémie mais a voulu faire de son temps d’avance dans la propagation de celle-ci un atout stratégique. S’organisant en vase clos contre le virus, elle a menti sur la rapidité et l’efficacité de sa riposte, censurant l’information à l’intérieur comme vers l’extérieur. Confrontée à cette entorse à l’internationalisme dont elle se réclame, elle a rebondi dans la posture du Zorro-sauveur. Elle met en scène sa ‘’victoire’’ comme son généreux concours aux pays vassaux, profitant de l’épisode pandémique pour élargir ses nouvelles routes de la soie au domaine sanitaire et accroître ses marchés. En agissant en coulisse, elle a mieux amorti que d’autres les contrecoups du Covid 19 sur son économie. Il y a cependant un bémol à cela : l’effet boomerang de la récession mondiale sur ses exportations, en déclin. Car quelques points de croissance perdus menaceront plus l’emprise du Parti sur le peuple chinois que la stabilité des démocraties européennes. Les stratèges chinois ont-ils cru l’Occident, à ce point, impuissant et absent ? Toujours est-il que la diplomatie chinoise s’est trop vite crue le nombril du monde. Critiques et leçons sont administrées aux autres puissances, ce qui n’était pas usuel avant Xi Jinping et paraît hasardeux à la veille de l’anniversaire de Tiananmen et en pleine contestation à Hongkong. L’OMS est traitée comme sa chose. Les résolutions humanitaires de l’ONU sont bloquées par son veto. Son profil militariste est exalté, tant à domicile qu’en mer de Chine. Le pouvoir protège, à l’international, les intrigues de ses entreprises adossées aux services de renseignement. Pour le moment, l’offensive n’est pas un succès, sauf peut-être en Afrique, et Pékin maugrée qu’on lui vole sa ‘’victoire’’. Certes, on ne pourra jamais, sans la Chine, traiter les défis globaux. Mais son comportement dans les fora internationaux contredit son discours, une critique jusqu’alors réservée aux Etats-Unis. Le Conseil de sécurité reste paralysé par la confrontation sino-américaine. Elle envahit tout. Il y a quelques années encore, la Chine rassurait en ouvrant la voie à un monde multipolaire, plus multilatéral, moins guerrier. Elle émerge au fil des jours en ‘’nouvelle Amérique’’, suscitant appréhensions et soupçons. * 3 juinMass médias, reflets de notre tout petit monde ? Comme le citoyen lambda, les réseaux de l’information ont été pris de cours par la crise sanitaire : fonctionnement en mode dégradé et dialogues au téléphone ou sur Skype, éclatement des rédactions en télé-travail, focalisation des intervenants sur le seul virus. Ceci paraît assez normal en période de confinement, même si la presse écrite – comme toujours – a tenté d’étendre  le champ de ce mono-sujet au delà de notre nombril et de nos frontières étroites. Très peu sur la catastrophe belge, à nos portes. Quasiment aucun média n’a fait un bilan sérieux des conséquences de la pandémie dans les pays pauvres. Très peu ont relevé que la machine préfectorale à faire du chiffre (rejeter en clandestinité sans pouvoir l’expulser une bonne moitié de nos  »sans-papier’) allait multiplier les foyers de détresse et de contagion. Tous ont traité de l’état d’urgence sanitaire sur un mode léger, anecdotique, en le reliant rarement au précédent état d’urgence (antiterroriste), qui amène parfois les polices à confondre les deux. La presse écrite nous a submergés de gentils  rêves sur  »le monde d’après ». Ils se sont un peu – juste un peu – réveillés avec la résurgence de l’affaire Adama Traoré, du  nom de ce jeune franco-africain soumis aux mêmes sévices mortels que George Floyd, à Minneapolis. Il est temps de nous sortir de l’entre-soi   »confiné » (typiquement, les statistiques mortuaires par département, les reportages sur les retours au bar…). Les temps sont graves. Un peu d’altitude SVP !

* 2 juin A qui profite le virus ? La fermeture des frontières a-t-elle affecté ou servi le crime organisé, une composante importante de la mondialisation ? Alors que la distribution des stupéfiants accuse un creux, on voit surgir de nouveaux modes opératoires, à commencer par la cybercriminalité, la production d’alcools frelatés et la revente de médicaments et de masques contrefaits, le plus souvent via les services postaux. Le domaine de la santé est ‘’à la mode’’ chez les truands aussi. La crise de 2008 avait été une aubaine pour les mafias désireuses d’investir le système bancaire pour blanchir leur butin. L’urgence sanitaire favorise un contrôle territorial plus serré de même qu’une emprise plus forte sur les saisonniers et autres travailleurs informels, les réseaux de passeurs, etc. La Ndrangheta calabraise, a changé ses circuits d’acheminement de la cocaïne, privilégiant désormais l’Espagne où le confinement très sévère favorise les activités clandestines. 14 kilos de ‘’blanche’’’ (plus d’un million d’€) ont été saisis en France dans un camion transportant des masques à destination du Royaume-Uni. En période de confinement, les dealers se déplacent de porte à porte pour servir leurs clients dans l’impossibilité de se déplacer. Toute gestion de l’urgence renforce le contrôle territorial des organisations criminelles comme leur emprise sur les travailleurs saisonniers et autres acteurs de l’économie informelle. En distribuant masques et aides alimentaires, elles se construisent une sorte de ‘’légitimité’’ auprès des marginaux. Elles sont aussi les premières à capter les aides nationales ou européennes à la relance économique, à racheter des entreprises en difficulté, ou à replacer leur fonds à des taux usuriers. Le virus – et ce n’est pas son moindre défaut – offre au crime une possibilité de contaminer l’économie légale.

* 1er juinŒil pour œil. La propagande de Pékin se gausse de la flambée d’émeutes aux Etats-Unis, largement entretenue par les vociférations de D. Trump sur twitter. En pleine épidémie, l’assassinat méthodique de l’afro-américain, George Floyd, à Minneapolis, les émeutes qui s’ensuivent et le couvre-feu instauré à la hâte jusque dans Washington choquent le monde entier, qui avait perdu de vue les guerres et le violences policières, surtout celles à connotations racistes. Mais la Chine est elle-même empêtrée dans sa répression – bien préméditée, celle-la – des défenseurs des libertés à Hongkong. Pékin claironne donc le refrain de « la paille et la poutre ». Alors, 15 A ? Non. C’est indigne d’utiliser, comme munitions guerrières pour des querelles géopoliticiennes, les populations afro-américaine et sino-hongkongaise. L’une et l’autre ont une cause qui en soi mérite le respect. En détourner le sens, c’est les trahir. Qui plus est, l’idée de sanctionner, sur le plan commercial, la région administrative autonome chinoise, en vertu des calamités qui la frappent (ce que Pékin fait aussi), c’est, de la part de D. Trump, canonner l’ambulance pour en chasser le virus.

* 31 mai America first ! Pour l’inventeur du slogan, le reste du monde est fondamentalement médiocre, complexe et ennuyeux. Il faut casser son mode de fonctionnement et le tenir à distance. Ainsi, après avoir récemment suspendu la contribution financière de son pays à l’OMS, il met à exécution sa menace de retrait de l’agence sanitaire de l’ONU. Ce faisant, il accapare à son profit les prérogatives du Congrès de manière joliment despotique. Il n’a cessé d’accuser l’OMS de complaisance envers la Chine, d’où le coronavirus s’est propagé à la planète. Pourtant, « la coopération et la solidarité mondiales, par le biais d’efforts, sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner cette bataille à laquelle le monde est confronté » rappellent, pour l’U.E, Ursula van der Leyen et Josip Borell. D. Trump n’en a cure. ‘’Par ailleurs, il annonce reporter à une date ultérieure (septembre ?) le sommet du G7 prévu en juin aux États-Unis. Il y invite, au passage, divers outsiders : la Russie (!), l’Inde, la Corée du Sud et l’Australie. Point d’intimité entre dirigeants, donc, on restera dans le formel et on bâclera avec un format bâtard, ni club des riches, ni G 20 représentatif. Il s’agit surtout de vexer la Chine et de poser dans les médias, en fin de campagne présidentielle. « Je n’ai pas le sentiment que le G7 représente correctement ce qui se passe dans le monde », a-t-il expliqué. ‘’C’est un groupe de pays très dépassé’’. America first, vous dis-je !

* 30 maiLa conquête ottomane a le vent en poupe, en ce 567 ème anniversaire de la chute de Constantinople. Plutôt mal en point sur la scène intérieure turque, R.T. Erdogan accule à la défensive, sur le théâtre militaire Libyen, la Russie et l’Egypte. Les troupes d’Ankara, bien équipées, desserrent, en Tripolitaine, l’étau que le maréchal Haftar s’acharnait à refermer sur le gouvernement Sarraj (GNA – en principe, reconnu par les Nations-Unies), retranché dans Tripoli. Le GNA a repris la base d’Al-Watiya, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de de la capitale, en recourant massivement aux drones de son allié turc. D’où les renforts de mercenaires du groupe Wagner et le déploiement récent de huit chasseurs russes repeints aux couleurs de l’armée d’Haftar, qui manifeste la volonté de Moscou de contrer la Turquie. Un reformatage ‘’international’’ du conflit civil libyen est en cours dans la logique d’une confrontation entre, d’un côté une Turquie ‘’post-ottomane’’ en quête d’espace stratégique et de ressources et solidement implantée en Tripolitaine et, de l’autre, la Russie mais aussi l’Egypte, vent debout contre l’affiliation supposée aux Frères Musulmans du gouvernement Sarraj et qui s’appuient sur la Cyrénaïque. Un beau bazar !

* 29 mai Baroud. Les pays anglo-saxons déplorent, pour le principe, la violation de l’accord de dévolution de Hongkong ( 1997), au moment-même où, devant son parlement, Xi Jinping  veut y voir une percée vers la « victoire finale du socialisme ». Quel décalage entre l’appel timide et sans frais du droit (on attend toujours le France sur ce plan) et la brutalité assumée de l’Empire ! En profitant de la pandémie qui accapare l’attention, ce dernier a trouvé son heure pour se venger et reprendre l’autonomie qu’il était censé garantir jusqu’en 2047, Le projet de loi sur la sécurité nationale présenté par Pékin réprime toute « trahison, sécession, sédition et subversion ». Autant dire que la poursuite de la contestation populaire hongkongaise est promise à autant de Tiananmen qu’il faudra. Ce coup porté aux libertés démocratiques entraînera un déclin de confiance dans la principale place financière d’Asie. Comme s’il voulait donner le coup de grâce, D. Trump menace d’y ajouter la perte du statut de partenaire commercial privilégié, un coup de poignard dans le dos des Hongkongais.

Le message liberticide du président chinois consacre ce que l’on savait déjà : solidement insérée dans la mondialisation, la Chine éprouve moins que jamais le besoin de se démocratiser et entend surtout jouir de sa puissance : un pays, un seul système, un modèle pour le monde émergeant. Le président chinois est soupçonné de dissimulations sur l’origine de la pandémie dont il sait que les contrecoups économiques menacent d’alimenter une crise intérieure. En pleine phobie d’une Glasnost de type gorbatchevienne, il se lance dans une fuite en avant nationaliste, aux antipodes du partenariat prospère, imaginé par Deng Xiaoping. L’urgence est à resserrer les boulons. Cette résurgence de la posture stalino-maoïste crée une appétence étrange pour la (nouvelle) guerre froide, celle qu’attise D. Trump. Au-delà de la répression à Hongkong, Taiwan se trouve aussi dans le collimateur. La réélection triomphale de la présidente Tsai Yingwen a été ressentie comme une claque, de même que le succès exemplaire de l’île dans le traitement du Covid 19. L’axiome de la réunification du Pays est désormais cité par Xi en omettant le vocable « pacifique » qui l’accompagnait jusqu’alors.

28 mai – Glapir n’est pas agir. On nous bassine à tous propos et sur tous les tons avec « le monde d’après », alors qu’on n’en est qu’au « pendant » et qu’on sort à peine de léthargie. Le monde est une construction laborieuse, pas un avènement magique. Les braves gens ont un train de retard sur les propriétaires-décideurs et l’avenir peut leur échapper. A moins de tirer des leçons de la crise du Covid qui ne soient pas de simples rêves mais des méthodes d’action et de participation au pouvoir. Qui plus est, la France n’est plus cohésive et trop peu opérationnelle. L’Europe fait mieux. Retrouver l’article dans ce blog : Après-covid : Tout est là. Economisez vos autres lectures !

* 27 mai – Loup survenant à jeun, qui cherchait aventure…. Moscou déploie ses avions de chasse en Libye pour soutenir ses mercenaires opérant aux côtés du  »maréchal » Haftar dans le conflit civil. Pilotés par des mercenaires de  »l’entreprise privée » Wagner, ces appareils ont transité et ont été repeints aux couleurs libyennes sur une base aérienne russe de Syrie. La Russie essaierait clairement d’imposer son emprise sur la très pétrolière Libye. Sans doute même, à se construire un glacis méditerranéen, aux portes de l’Europe méridionale. Elle fait fi de l’embargo de l’ONU sur les armes et de ses propres promesses de non-ingérence. Des mots, des mots…

* 26 mai – Vengeance à froid. Autorités fermées au dialogue, institutions autonomes issues de la dévolution de 1997 sur le fil de du rasoir, la jeunesse de Hongkong réinvestit la rue dès le déconfinement. Pékin s’empare d’images de manifestants pour frapper fort. Sa loi de sécurité  »nationale » porte le coup d’arrêt : à l’autonomie, ancrée dans le droit international – c’est  l’Assemblée Nationale Populaire de Pékin qui s’en attribue l’initiative – et aux libertés assurées par la Charte hongkongaise. N’importe où ailleurs, l’ONU se saisirait de la crise. Mais la Chine est puissante et crainte et la pandémie qui obsède l’Occident permet d’escamoter le sujet. La défense du droit et des libertés est délaissée, y compris par ceux qui étaient parties aux accords conclus par Mme Thatcher. Hongkong gouvernée comme Pékin: quel sens, quel intérêt ? C’est clair, les nouvelles routes de la soie ne colporteront pas la démocratie.

* 25 mai – Radinerie. Les services du chancelier autrichien, Sebastian Kurz ont présenté la contre-proposition des « frugaux » au plan franco-allemand de relance ‘’mutualisée’’ des économies européennes. L’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède y opposent leur propre formule de prêts ponctuels, à des conditions favorables, sur deux ans. Un fonds d’urgence, d’un montant non-précisé, serait ainsi dédié à la recherche et à l’innovation, au renforcement de la santé et à la transition verte, en contrepartie d’engagements fermes à conduire des réformes d’envergure et à respecter le cadre financier pluriannuel 2021-2027. Y sont donc rejetées toute forme de mutualisation des dettes via le Commission comme d’augmentation du budget de l’UE. Des économies devraient même être faites sur les ‘’moindres priorités’’. Six jours après la présentation du projet inédit Macron-Merkel à 500 milliards d’euros, centré sur la santé, la relance économique, la transition écologique et numérique, et la souveraineté industrielle, le tabou budgétaire du Traité de Maastricht est ressorti du formol. On en est là. Les radins du Nord imputent donc à l’absence supposée de rigueur des pays du Sud les énormes dégâts laissés par la pandémie. Bravo, la solidarité, bravo, le bons sens !

* 24 mai Ciel obscurci. Washington annonce se retirer, dans six mois, du Traité ‘’Ciel ouvert’’, qui organise la transparence des accords de contrôle des armements. Cet instrument, négocié en 1989, est entré en vigueur en 2002, au sein de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il ouvre la possibilité à ses trente-quatre signataires – dont les Etats-Unis et la Russie – d’effectuer des survols d’inspection de leurs installations militaires respectives, sur préavis très court (quelques heures). Ceci assure le minimum de transparence et de vérification sans lequel les Traités nucléaires ou conventionnels restent des pièges à illusion. C’est dire la fonction de clé de voûte du système de sécurité Est-Ouest que remplit ce dispositif.

– D. Trump et V. Poutine sont malheureusement parvenus à détricoter, maille par maille, le système de contrôle des armements, qui a assuré l’absence de conflit majeur sur le Vieux Continent. Le mal est déjà fait : ce blog en a rendu compte. Les deux dirigeants se renvoient la balle, s’accusant mutuellement de fraude et de mauvaise foi, mais sont de connivence pour renégocier à la baisse ces accords pour ne conserver qu’‘’en partie’’ l’architecture de contrôle actuelle. Pas question donc d’assumer l’engrenage guerrier résultant de ses choix ! Secrètement, Moscou s’en réjouit aussi, sans omettre d’afficher une posture vertueuse, pour dénoncer un ‘’complot américain contre la Paix’’. Le monde ayant la tête un peu ailleurs, en ces temps de pandémie et un train pouvant en cacher un autre, c’est en effet le bon moment pour mal agir à couvert.fond, pour rétablir un rapport de forces classique, brutal et instable, chacun y trouvant son compte. Comme pour le retrait du Traité sur les armes (nucléaires) à portée intermédiaire (ciblant l’Europe) en 2018, Trump fustige l’attitude de Moscou, qui depuis l’origine, impose des exceptions (Kaliningrad, Ossétie…). Mais n‘étant plus à une contradiction près, il dit ‘’espérer’’, à l’avenir, 

* 23 mai – Blindée ou chancelante ? On ne s’aventure guère à avancer un pronostic pour l’Afrique.  Paludisme, rougeole, choléra, VIH, méningite, Ebola, etc., toutes les épidémies y sévissent, souvent plus meurtrières que le Covid-19. D’un point de vue africain, celui-ci ne constitue qu’une plaie parmi beaucoup d’autres. On entend dire que la jeunesse de la population, jointe à l’expérience des épidémies et à une immunité collective plus forte qu’ailleurs pourraient modérer l’impact (encore mal mesuré) de la maladie. La réalité paraît plus sombre. La fièvre hémorragique de Lassa a fait cette près de 200 morts au Nigeria cette année pour quelque 5 000 cas suspectés. En RDC, Ebola a tué près de 3 000 personnes dans l’est du pays depuis août 2018. L’an dernier, plus de 6 600 enfants sont morts de la rougeole dans ce même pays. Le nombre de décès du sida en Afrique australe pourrait d’ailleurs doubler, passant de 470 000 à près d’un million. L’OMS craint aussi que la nouvelle épidémie entrave l’acheminement de l’aide médicale, du personnel ou les distributions de moustiquaires imprégnées. Les campagnes de vaccination pâtissent également de cette nouvelle fragilisation des rudimentaires systèmes de santé africains. Les pays les plus peuplés, tels la RDC ou le Nigeria au climat chaud et humide, font face simultanément à plusieurs épidémies, sans pouvoir faire un cas particulier du coronavirus. Ils réunissent tous les facteurs aggravants : systèmes de santé indigents, négligence de la gouvernance, absence de politiques sociales, démographie galopante et promiscuité incontournable, mégapoles urbaines concentrant la pauvreté et l’emploi informel, habitat insalubre, précarité alimentaire menaçant de disette ceux qui se confinent. Ces grandes métropoles constituent de puissants épicentres épidémiques, intégrés aux circuits mondiaux. Donc aussi des tremplins de propagation.

* 22 mai  »La Grand muraille sanitaire », victoire de la Chine. Le grand rendez-vous rituelle de l’Assemblée Nationale du Peuple chinois (ANP), après deux mois de délais dus au coronavirus, claironne sur le mode de la guerre psychologique. Rien de nouveau : c’est dans l’ADN du régime de Xi Jinping. Sa tâche est de célébrer des victoires. Celle, proclamée contre la pandémie, est sous-tendue par la censure (des internautes citant les faits sont encore arrêtés et disparaissent), par le maquillage des chiffres et la fuite initiale des politiques devant leurs responsabilités. Elle est tout sauf  »la Grande Muraille protégeant le monde » que l’on magnifie sans fard. Mais c’est un point marqué face aux USA et à l’Occident. Pékin s’installe dans la guerre froide et ne craint pas leurs réactions à sa nouvelle  »Loi sur la Sécurité Nationale » alignant Hongkong sur l’arsenal répressif et totalitaire du Continent. C’est aussi un avertissement pour Taiwan, qui s’est trop bien sorti, seul, de la pandémie. Voilà le Traité de dévolution et le statut d’autonomie en vigueur depuis 1997 dans l’ancienne colonie britannique  très sérieusement compromis. Pékin veut mettre un terme à l’expression politique de la jeunesse. Ce n’est pas gagné. En tout cas, c’est l’affirmation du pire de l’avant-pandémie.

* 21 maiLe tour de l’Amérique latine. Depuis mars, le coronavirus a progressé insidieusement dans l’hémisphère occidental et, les inégalités sociales extrêmes aidant, l’épidémie atteint un niveau critique dans les populations les moins favorisées, par définition les plus frappées. L’OMS sonne l’alarme. A lui seul, leBrésil recense 1 179 décès dans la journée et frôle le cap des  20.000 morts cumulés, selon son éphémère ministre de la Santé, Nelson Teich, congédié par J. Bolsonaro. Le degré de transmission est comparable à ce qu’il est en Iran. Contre la  »gripette », hormis la  »résistance » au pouvoir central de quelques élus locaux courageux, les 210 millions de Brésiliens se voient proposer l’hydroxychloroquine pour seul remède. Au Pérou,  l’infection est la plus virulente. Un tiers des salariés se retrouve sans emploi. Le Mexique suit le Brésil dans la liste morbide, mais le décompte des victimes n’y représenterait que le quart de la réalité, le président Obrador s’obstinant à proclamer, contre toute évidence, la fin de l’épidémie. Le Chili connait une progression vectorielle et, faute de filet social et de politiques publiques de protection des populations, des émeutes de la faim ont éclaté dans les quartiers pauvres confinés de Santiago. La maladie fait aussi de gros dégâts humains en Argentine, Colombie (en confinement général), Bolivie, au Nicaragua (multiplication par dix des cas en une semaine mais non-enregistrement), au Honduras, etc. mais ils sont peu ou mal comptabilisés et la situation n’est pas claire. Toute la géopolitique du monde latino transparaît.

* 20 maiLa coopération multilatérale marque un point. La paralysie et l’éclatement ont été évités. Les 194 Etats-membres de l’OMS ont manifesté leur unité face à la pandémie, pour mieux coordonner la réponse des Etats. La résolution finale de l’assemblée de Genève demande une évaluation  »au moment approprié » de la gestion de crise de l’agence onusienne, enquête dont les contours restent à vrai dire flous. Surtout, la communauté internationale s’est prononcée pour un accès universel aux traitements et aux vaccinsen tant que biens publics communs. Cette injonction s’adresse aux États comme aux groupes pharmaceutiques. Les Etats-Unis se sont dissociés de ce point comme d’autres, sans, pour autant, s’opposer à l’adoption du texte.  D. Trump a donc ravalé ses menaces de retrait unilatéral, le profil bas de la diplomatie américaine laissant un rôle proéminent à la Chine. Mais l’Europe ne s’en tire pas mal non plus, dans la mesure ou sa mobilisation de fonds pour aider la future campagne de vaccination universelle est une réussite (8 Mds €) et, comme le relève Pascal Boniface,  »elle n’est pas soupçonnée, comme la Chine, de dissimulation, voire d’appétit déguisé ».

* 19 mai –  »Hollandais virulent ». Angela et Emmanuel se sont entendus pour que la Commission émette des €uro-obligations mutualisées, à hauteur de 500 milliard €. Bravo ! Mais, avec ses collègues autrichien et suédois, Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, vient gâcher la fête, en vociférant. Depuis la crise du coronavirus, il a fait du  »Niet ! » sa grande spécialité. Si c’est un » Hollandais volant », comme dirait Wagner, c’est bien pour nous chiper cette bouée de sauvetage. On s’en souviendra pour la suite de sa carrière européenne. Qui n’entend-t-on plus du tout parler ? La diplomatie française, pardi ! Elle fut jadis vantée pour sa  »vision » à court moyen-terme et pour sa capacité d’entrainement, notamment en Europe. Fini, de nos jours ! Il suffit d’écouter un président à l’inspiration littéraire – voire théâtrale – et un ministre, grand démarcheur du business de l’armement. Qui est le porte-parole ? Depuis belle lurette, la machine à gérer les hoquets du monde s’est éteinte, particulièrement aux oreilles du public.

*  18 mai – Soupe sucrée.  »la planète »,  »relocaliser des pans entiers de l’économie »,  »entendre la jeunesse »,  »de la dignité pour tous »…  Nicolas Hulot énonce ses 100 principes pour l’après-Covid-19. Un nouveau monde ? Non : ne longue liste de préceptes humanistes, peu contestables et plus tout à fait nouveaux. Dans l’absolu, l’inventaire est beau et gentil, mais à quoi cela nous avance-t-il de ressasser nos fantasmes de vertu : on patauge aux antipodes de l’opérationnel. Et même, dans le registre de la prière sucrée, Hulot a commis un oubli fâcheux : aucune mention de la recherche de la Paix. Aucune place parmi les 100 points du bréviaire ! Un groupe de 200 artistes et intellectuels fait écho (écho vide ?). Sympa. Plus polémique et bien plus utile à l’action est le documentaire ‘’Planet of the Humans’’ de Michael Moore et Jeff Gibbs. Rire gras pour relever que « prophète » et « profit », en anglais, ont la même prononciation : il n’y a qu’un vert qui tienne aux États-Unis, c’est celui du dollar. L’écologie, l’éolien, le solaire, la biomasse, tout a été récupéré par de grandes entreprises, qui ‘’soignent’’, au passage, le contenu en carbone de ces nouvelles énergies. Ceci, en jouant sur les phases d’aménagement, de construction ou de recyclage d’installations supposées vertueuse, mais… Absurde, ce ‘’green washing’’ crapuleux enrichit les plus riches et appauvrit toujours plus la planète. Certes, on est encore et toujours dans la morale, mais on voit bien où est le ‘’méchant’’ et ça donne plus envie de lui résister que la soupe sucrée de M. Hulot.

* 17 maiFélicien Kabuga. Avouons-le, ce nom ne nous était pas familier. C’est pourtant celui d’un des plus sanglants génocidaires que le Rwanda ait connu, lors des massacres de 1994. Les gendarmes l’ont retrouvé à Asnières, caché sous un nom d’emprunt, dans un logement loué par ses enfants. Tiens, tiens, le créateur des milices hutu et promoteur de la  »radio des 1000 collines » aurait vécu trois décennie en France sans soulever le moindre soupçon ? Ou alors, c’est le rapprochement amorcé entre Paris et Kigali qui a servi de catalyseur. Direction La Haye, la Cour pénale internationale, ou extradition vers le Rwanda : ce n’est pas encore clair… En tout cas, il y a heureusement deux trois choses qui se règlent encore au titre du soit-disant  »monde d’avant » (le covid).

* 16 mai – Le coronavirus inocule-t-il le souverainisme économique ? Les Etats-Unis « ont le droit aux plus grosses précommandes » du futur vaccin de Sanofi, ayant pris un risque pour financer ces recherches avant les autres » a crânement proclamé Paul Hudson, directeur général britannique du laboratoire pharmaceutique français. Merci, Paul, cette bourde assez classique – la survie de l’humanité est une question de marché (solvable) et d’argent – a permis d’opportunes mises au point, tant elle est parue provocante. E. Macron a exprimé sa colère, E. Philippe a glosé sur le fait que les français et sans doute les Européens auraient aussi leur part (pas l’Afrique ?). Une entreprise tricolore gratifiée de quelque 150 millions d’euros de crédit d’impôt par an qui renie sa mère-patrie au nom du business, ce n’est pas dans la ‘’correctitude’’ post-virus ! La souveraineté économique n’est-elle pas de retour dans la classe politique, tant la globalisation a montré ses failles ? L’extrême dépendance d’autres souverainismes lointains fait, à raison, peur à l’électeur. Avec la nécessité de relocaliser ou de réarmer, sur le territoire national ou européen, certaines chaines de production sensibles,  émerge l’horizon d’une ‘’indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique’’ (Macron – 13 avril). Chez nous, certes, mais chez les autres aussi. Tout cela va remettre en cause les fondements du libre-échange ? Il y a loin du langage sincère à la révolution systémique. D’ailleurs, les industriels français et opérateurs du tourisme se relancent à l’assaut des marchés extérieurs comme si les bébés chinois n’exigeaient rien d’autre que du lait infantile français, les touristes de masse choisissaient de voler sur Airbus et les New-yorkais ‘’srasseux’’ ne consommaient que du camembert normand et des vaccins Sanofi. Autre petit problème, souligné par B. Le Maire : aucune entreprise privée ne rapatriera sa production sans de substantielles incitations fiscales (ce qu’il appelle ‘’ l’attractivité de la France’’, en fait, l’impôt des Français). Deux autres obstacles à franchir : le court-termisme incite à agir très vite, sans corriger le cap : c’est dans la culture des lobbies. Les entreprises ont le pouvoir et savent contourner ou enrober d’hypocrisie les beaux raisonnements sur ‘’l’après’’.

* 15 maiL’argent et la guerre.  Plus son ineptie dans le traitement de la crise du virus s’étale à la  »une », plus D. Trump menace de ses foudres guerrières (et plus l’Amérique devient risible…). Boudeur, il affirme sur Fox Business  qu’il ne souhaite pas, pour le moment, parler à son homologue chinois, Xi Jinping, en raison de la négation, par ce dernier, de sa responsabilité dans la pandémie. Plutôt que de s’employer à sauver des vies, l’Histrion de Washington somme les autorités chinoises d’expliquer la source de l’épidémie. « Ils auraient pu l’arrêter ». So, what ?  »On aurait économisé 500 milliards de dollars ». Ah, oui, tout s’explique ! Quelles mesures de rétorsion, alors ? « Il y a beaucoup de choses que nous pourrions faire. Nous pourrions rompre toute relation ». Et échanger quelques salves au dessus du détroit de Taiwan après avoir instauré un blocus, comme avec l’Iran ? Pourquoi pas ? Il est vrai qu’il ne faut pas trop prendre au mot les vociférations de l’auteur de télé-réalité. Le fameux  »reste du monde » (non-américain, non-chinois) s’ancre plutôt dans quelque chose entre isolationnisme discret et soft power convalescent. Attention au réveil…

* 14 maiDiscernement et humanité. Les deux sont compatibles. En Italie, comme au Portugal, on régularise cent à deux cent mille migrants  »illégaux ». Trois raisons à cela, qui tiennent la route : les besoins en main d’oeuvre saisonnière de l’agriculture; le danger sanitaire que représente la présence d’une population non-enregistrée en période de pandémie ; le geste juste et utile consistant à lui donner accès aux soins et aux prestations sociales. Par contraste, les préfectures françaises continuent, sur leur lancée, à faire tourner la  »machine à produire du clandestin ». Filtrage sévère au séjour, interruption de la protection subsidiaire;sanction des rendez-vous non-honorés; mise à la rue des déboutés; OQTF (expulsions décrétées mais non réalisables); manège infernal du règlement Dublin, etc. On sait quel public électoral est servi mais, ce faisant, on va lui servir aussi le virus sur un plateau d’argent !

* 13 mai – L’horreur, un mode d’expression ? A Kaboul, l’abjecte absolu : des jihadistes investissent une maternité de MSF et un autre établissement, mitraillant à l’aveuglette les nouveaux-nés, leurs mamans, des  femmes enceintes. On en reste sans voix. Comment interpréter cela : psychose sans cause réelle, extinction de la vie naissante exprimant leur propre obsession du suicide? Ces psychopathes sont pourtant capables de créer des crypto-Etats, psycho-Etats. Voir l’article en rubrique principale. Voir l’article en rubrique principale.

* 12 mai Déconfinement, version migrants. Traversant le fleuve Hari Rûd sur des radeau pour rentrer en Iran reprendre leur travail, à l’heure du déconfinement, un groupe de 57 migrants afghans a été arrêté et contraint, par les gardes-frontières de retraverser le fleuve en sens inverse. Les gardes-frontières leur avaient laissé « le choix entre mourir d’une balle ou traverser la rivière’’. Douze d’entre eux en ont réchappé, au moins 17 se sont noyés et une vingtaine a été portée disparue. Les autorités iraniennes nient l’incident, mais des vidéos prises par les victimes et des témoignages de médecins, attestent, au contraire, cette réalité. Des télévisions locales afghanes ont diffusé des images de corps entassés, à l’hôpital général de Herat. L’importante couverture médiatique du massacre, en Afghanistan, crée des tensions entre les deux pays. Une enquête a été annoncée, tandis que le commandement de la police aux frontières iranien affirme que « les vidéos partagées sur les réseaux sociaux n’ont pas été tournées à la frontière irano-afghane. La pandémie, même déclinante, n‘a pas rehaussé le prix des vies humaines sur le marché des travailleurs saisonniers.

*  11 mai – Trêve des confineurs ? Dans la plupart des Etats d’Europe de l’Ouest, on lève quelques écrous, prudemment. Plus largement, en Allemagne que, par exemple, en Espagne. En France, la moitié de la carte est en rouge : zone ostracisée. Elle jette un regard d’envie sur la zone non-o (verte). On marche sur des œufs. En Pologne, l’élection présidentielle, programmée contre tout bon sens, a été suspendue hier, sans préavis, au mépris des prérogatives de l’Exécutif et de la législation du Pays. Qui gouverne ? Si une nouvelle date était fixée, les Polonais seraient-ils toujours d’humeur à voter pour des pieds nickelés ?

* 10 maiTriste confirmation. La planète va au petit bonheur, la malchance. Au Conseil de sécurité des Nations unies, projet de résolution exigeant une « cessation des hostilités » et une « pause humanitaire pendant quatre-vingt-dix jours » dans tous les conflits pour permettre de secourir les populations les plus éprouvées s’est heurté à l’opposition de dernière minute des Etats-Unis. Le texte porté par la Tunisie et la France faisait l’unanimité, y compris de la diplomatie américaine, qui avait donné son accord. Au dernier moment, celle-ci a fait savoir qu’elle «ne peut soutenir le projet ».Mérite-t-elle encore le qualificatif de  »diplomatie » ?

* 9 mai – Europe solidaire. L’Union Européenne met en place un pont aérien vers la Centrafrique, pays enclavé, ravagé par un conflit absurde. Il se trouve totalement désemparé face à l’épidémie et isolé par la suspension des transports aériens. Le premier vol, hier, a amené 70 spécialistes humanitaires et 40 tonnes de matériel (respirateurs, masques, médicaments, tests, etc.), pour répondre à la flambée virale qui s’annonce (49 nouveaux cas dans la journée). Même si les autorités locales sont déjà totalement dépassées par les affrontements civils – un quart de la population est déplacée et  la moitié requiert une aide humanitaire d’urgence – une opération sanitaire soutenue de l’extérieur peut limiter la catastrophe. Une première aide avait été envoyée par la fondation chinoise Ali Baba. Le Sahel commence, à son tour, à ‘’flamber’’. A ce stade, le même type de pont aérien est prévu pour le Burkina Faso, le Niger et le Cameroun. Bravo l’Europe !

* 8 maiDosette de philosophie (pas chère). On se gargarise de  »l’après-virus » mais – on l’a dit- nous entrons en fait dans le  »pendant » (coexistence longue et délicate). Donc, ceux qui prophétisent un  »retour galopant à la croissance » comme ceux qui s’extasient devant le  »monde nouveau qui jaillit de l’épreuve » se plantent atrocement. Voyons un peu la recette de l’Asie orientale : discipline, patience, longueur de temps. Ajoutons-y nos valeurs : respect des individus, solidarité avec les faibles et les vulnérables, vigilance quant aux libertés. Délayez le tout dans un arsenal pharmaceutique, fouettez bien à grand renfort de gestes-barrières. Avant de servir, saupoudrez de sobriété, d’attentions pour Dame Nature et d’économie circulaire. Refaites ce met roboratif, au quotidien, pour les décennies qui viennent. C’est le huit mai, la victoire est au bout du chemin !

* 7 mai – Guerre privée de Poutine en Libye. Un rapport du secrétaire général de l’ tONU au Conseil de sécurité confirme ‘’ l’implication, depuis octobre 2018, de mercenaires étrangers au profit du GNA et de l’ANL ». Il s’agit d’un millier de combattants russes des groupes Wagner, Russkie System, Bezopasnosti, Moran et de Schit (sic !) Security Group. Tous ces honnêtes touristes ont pour mission de soutenir l’offensive du maréchal Khalifa Haftar. Selon les experts onusiens, ils sont actifs dans les combats (notamment, les tireurs d’élite), l’artillerie, le contrôle aérien, les contre-mesures électroniques, l’entretien des équipements et aéronefs militaires et même dans les ‘’ opérations d’influence ».Il est fait état aussi état d’un déploiement des barbouzes russes dans Benghazi, la capitale rebelle de Haftar. Comme si cela ne suffisait pas, ils sont renforcés par des combattants syriens du régime de Bachar. Comme, de leur côté, les Turcs ont fait venir des syriens anti-Haftar, donc pro-Tripoli (l’autre bord), le carnage civil syrien est dupliqué en Libye. Poutine n‘a vraiment pas la tête au coronavirus !

* 6 maiEcume de pandémie. Ca roule ! Le patron de Barkhane, le général Facon, déclare à la presse en avoir marre des exactions et autres homicides commis par ses partenaires et protégés nigériens et maliens. A Moscou, on cache les morts et, à Gayaquil (Equateur), 237 défunts sont trouvés entassés dans un conteneur dans le centre de soins de la Sécu locale, anonymes et non-identifiables vu leur état de décomposition. D. Trump démantèle le centre de crise fédéral anti-Covid,  »au boulot et foin de gémissements ». A force de répéter que c’est le modèle colonial occidental qui est responsable de tout et qu’elle constitue, elle seule, le modèle démocratique pur et absolu, la Chine commence à énerver. La Cour constitutionnelle de Karlsruhe ne voit pas d’utilité au renflouement des économies européennes (rachat de la dette) par la BCE.  En France, le président et le premier ministre se font la gueule et rien ne semble prêt pour la reprise de l’école et du boulot (les fameux tests sont trop approximatifs et non-disponibles), mais la milice débarquera quand même chez les gens, s’enquérir de leurs fréquentations. De toute façon, les préfets ont déjà recours à des drones-espions, non réglementés. Si Boris Vian était toujours là, il en ferait une chanson rigolote…

* 5 mai – L’Ours râle plus fort encore. Depuis son tronc d’hibernation sanitaire, il pond un article au vitriol. Ce plantigrade au discernement excellent reste quand même un peu  »brute de décoffrage ». Aussi, ce blog décline toute responsabilité quant à laprobable fureur des préfets et de la classe politique brutalement mis en face de leurs responsabilités. C’est dit ! https://oursongeopolitique.blog/2020/05/05/du-deconfinement-a-la-deconfiture/

* 3 maiL’Ours râle.  »Ils ont prorogé l’état d’urgence pendant que je faisais ma sieste du week-end ! Aucune contrepartie, aucun contrôle démocratique assuré en échange ! Ils vont faire rentrer les oursons à l’école dans le plus grand désordre, sans masque, sans pouvoir respecter les distances, etc. Tous au taf ! Dans les transports, ça va être pire : moi, je vais rester dans mon tronc. Si j’étais encore en ville, je ferais valoir mon droit de retrait, je me porterais pâle, je me mettrais en grève, tant pis pour le blog ! C’est pas l’Allemagne, ici, ça bouillonne, ça crie, ça râle ! ».

* 2 mai – Le temps de pendant. Lu dans la presse satirique : « la planète entière appelle de ses vœux le monde d’après, drôle de monde le plus souvent construit sur les obsessions d’avant. Mais, il n‘y aura pas de monde d’après ou alors pas tout de suite. Pendant de long mois, nous allons vivre dans le ‘’monde de pendant’’. Un coup pendable, triste remake du film ‘’un jour sans fin’’ où, dans un confinement absolu, le personnage revit le même déroulé de journée, identique aux autres dans les moindres détails. Le lendemain du 11 mai ne sera guère différent de la veille, e effet, ou alors de funestes conséquences nous ramèneront brutalement au ‘’jour d’avant’’ et au scénario immuable du confinement. Coexister avec le tout-méchant virus, telle est la feuille de route pour longtemps, un peu comme une condamnation à la semi-liberté conditionnelle (avec bracelet et masque). Dans de telles conditions, ce blog affichera-il encore la prétention de vous parler de l’avenir géopolitique ? Oui, car rêvasser est le propre de l’Ours (et de l’Homme ?)

* 1er maiLe virus bosse. En ce jour de fête du télétravail,  Covid est au taf sur la géopolitique (rien ne l’arrête). En Israël, il avait déjà sauvé B. Netanyahou, lui permettant de fermer la Knesset et lescours de Justice, incidemment penchées sur son inculpation pour corruption et abus de pouvoir. Il a eu hier raison de Beni Gantz, son concurrent électoral. Celui-ci s’est résolu à une alternance au pouvoir qui laisse le champ libre à « Bibi », à la tête du gouvernement, pour les prochains 18 mois. Le délinquant va donc s’empresser d’annexer la Cisjordanie palestinienne (en tout ou en partie ?), comme promis à ses colons-électeurs. Occuper est déjà illégal mais annexer constitue un acte de guerre qui viole l’une des résolutions les plus sacrées du Conseil de Sécurité : la 242. Aucune d’émotion à franchir le pas, en anticipant une vaine levée de boucliers à travers la monde :. D Trump est encore là, au mois pour quelques mois, pour en assurer l’impunité. Sur France inter, Pierre Hashki ne voit qu’une méthode possible, dans le cadre d’un Etat unique abritant deux peuples : l’apartheid !

brèves de décembre 2019, janvier et février 2020 : https://wp.me/P5QzPX-111 * 30 avril – Remontées d’humeurs. La fin de pandémie ne marquera pas une fin de parenthèse. Tant du côté des populations que de celui des acteurs stratégiques, les hormones couvent sous la cendre. Au Liban la fureur populaire contre un système politique et bancaire indigent, responsable de l’effondrement économique, relance la contestation de rue, qui se heurte à l’Armée. A Hongkong, les arrestations furtives d’opposants parfaitement pacifiques rallument la flambée protestataire. En Libye, Haftar accepte en apparence la trêve réclamée par l’ONU et l’UE, tandis que ses drones, opérés par les Emiriens, bombardent Tripoli. Les russes détruisent méthodiquement Idlib, comme de coutume. Les stratèges se sont persuadés que leurs adversaires allaient profiter du temps d’inertie créé par le virus. Ce dernier a frappé l’OTAN plus que tout autre acteur mondial. Le Charles de Gaulle rentre tout contaminé, pour la plus grande frustration de l’Etat-major : voilà qu’on sort son cousin britannique, le HMS Queen Elizabeth, pour prendre vite le relais. Au large de la Lituanie, des manœuvres russes très intrusives déclenchent des interceptions ‘’au bord du gouffre’’. Plus « proactive », plus tôt, la marine chinoise se répand dans toute la Mer de Chine, provoquant des incidents avec le Vietnam et le Japon. A peine plus discret, l’Iran met sur orbite, le 24 avril, son premier satellite militaire : intéressez-vous surtout au lanceur qui pourrait nous tomber sur le nez, avec la bombe ! Les militaires sont partout soucieux et utilisent le confinement pour agrandir leur espace, renforcer leur posture, ‘’prévenir’’ l’instabilité. Le P5 du Conseil de sécurité, il est vrai, reste muselé par la bêtise de la diplomatie US. Alors, les menaces à la Paix… * 29 avril – On s’égare. Des signes cliniques pointent à un certain bouillonnement mental: à Moscou, le régime Poutine se soucie fort peu du chômage de masse. Des e-manifestations sociales apparaissent sur les réseaux sociaux. Aux Etats-Unis, les mêmes réseaux s’acharnent sur une employée du Pentagone : Matje a participé, comme cycliste, aux jeux militaires de Wuhan, en octobre. Sans jamais avoir été testée, elle se voit dénoncée à la vindicte des imbéciles comme « cas zéro » dans le pays. Les mêmes imbéciles standards – version chinoise – l’accusent d’avoir introduit le virus en Chine : don d’ubiquité ? Pendant que leur président bien-aimé insiste pour faire payer à Pékin la note du Covid, les trumpistes ingurgitent de l’eau de Javel comme prescrit par la Maison plus blanche que jamais. Le Royaume Uni découvre avec effroi que ses statistiques macabres ont  »oublié » les morts en maison de retraite (sans doute, le virus serait une lâche revanche communautaire contre le Brexit). En Allemagne, des citoyens manifestent, comme aux USA, contre l’urgence sanitaire. En France, selon que votre département sera rouge ou vert, que vos enfants auront 3 ou 10, 11 ou 15 ans, que votre patron vous préfère en télétravail ou pas, que le métro sera bétaillère ou pas, que vous trouverez des masques à prix raisonnable ou pas, que vous ferez un ou cent kilomètres, votre vie changera du tout au tout – pas en mieux – et vous serez soumis à l’amende à des taux très variables. * 28 avril – Compliments de Milton Friedman. La Commission européenne travaille au Green Deal et aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Formidable ! Elle a lancé un appel d’offres pour sélectionner un conseiller. BlackRock, le gestionnaire d’actifs américain, pétro-investisseur polyvalent naphte-gaz-charbon est l’heureux élu.  La firme américaine dirigée par Larry Fink devra plancher sur la question  » comment l’UE pourrait intégrer au mieux les facteurs environnementaux et sociaux dans la supervision bancaire ». La Commission l’origine de l’appel d’offres mais sans pouvoir sur les critères de sélection, versera 550.000 Euros à BlackRock, qui est le mieux-disant. L’Entreprise américaine va-telle se renier au point de devenir euro-compatible ou tout cela va-t-il finir en queue de boudin ? Parlement européen, sort de ta torpeur et pose le minimum de règles pour sortir Ursula de l’embarras, dont elle ne fait pas mystère ! * 27 avril – Crapota virus. Non pas pour en rire, mais les autocrates crapoteux sont dans une mauvaise passe. Prenez Jair Macho Bolsonaro. Il nie l’épidémie et entend en profiter pour missionner le nouveau chef de sa police en Raspoutine espionnant les petits secrets de la classe politique. Son fils est formaté Cosa Nostra et le parlement brésilien commence à se lasser d’être instrumentalisé par des mafias. Du coup, pour le principe, sa destitution sera soumise à enquête, sans doute sans plus de résultat que concernant son comparse, Donald. A Minsk, le dernier Staline d’Europe (avec Viktor Orban), tient en gros le même langage :  »fumez, courez et surtout buvez de la vodka, le virus n’existe pas ! » Mais lui bénéficie d’un KGB super costaud et ne s’inquiète pas trop d’être détesté. Mais les cartes sont là pour être rebattues… * 26 avril – Le Conseil européen, haut-lieu des prises de bec. Réunis en visio-conférence autour des besoins de financement d’urgence, les chefs d’état ou de gouvernement des 27 ne se sont pas engueulés comme ils l’avaient fait le 26 mars. On progresse mais on est encore loin de l’unanimité opérationnelle. Ils ont entériné les mesures d’urgence à 540 milliards d’euros négociées par leurs ministres des finances. S’y rajouteront, 1 000 milliards d’Euros que la BCE devrait injecter les circuits bancaires, à partir du 1er juin, dont 100 milliards confiés à la Commission pour soutenir les régimes de chômage partiel. Le Mécanisme européen de stabilité (MES) permettra aux Etats-membres d’emprunter jusqu’à 240 milliards d’euros tandis que la Banque européenne d’investissement (BEI) consentira jusqu’à 200 milliards d’Euros de nouveaux prêts aux entreprises. A moyen terme, le conseil européen a demandé à la Commission de plancher sur plan de relance à incorporer dans prochain budget de l’UE (2021-2027). L’Allemagne et les Pays Bas ont fait un pas vers les pays  »latins ». La France aurait voulu un instrument financier distinct mais peut faire cette concession Que d’argent ! * 25 avril – L’Europe, un niveau d’action adapté au défi climatique. La Banque Européenne d’Investissement (BEI) est l’une des plus grandes banques publiques du monde, un outil majeur dans la panoplie de l’UE. L’an dernier, les sociétés civiles et le consensus scientifique l’avaient déjà convaincue de renoncer au financement des énergies fossiles, qui se montait alors à 2,4 milliards d’euros par an. Récemment, le président de cette institution, Werner Hoyer, a demandé que la reprise économique ‘’soutienne la poursuite de nos objectifs climatiques’’. Mieux encore, la BEI enquête auprès du public européen pour recueillir avis et commentaires sur sa feuille de route à long terme. Son objectif est de devenir la « Banque de l’Union Européenne pour le climat ». On peut se féliciter que la BEI se donne pour mission que les personnes, la planète et la justice passent avant les entreprises les plus polluantes.  À l’issue de la consultation publique, elle s’engage à répondra à chaque contribution. Schématiquement, trois propositions lui sont faites : *1 Assurer les alternatives au financement des énergies fossiles, afin que plus un euro  d’argent public ne soit gaspillé pour l’économie carbonée ; *2 Contribuer à la mise en place d’un véritable « Green Deal » européen, pour une transition rapide et encadrée vers les énergies renouvelables ; *3 Financer la recyclage professionnel des travailleurs de l’énergie carbonée. Au moment où le refinancement de grands groupes privés s’opère à tout-va (voyez les 7 Mds € destinés à Air France ou la décision en commission parlementaire de ne pas ‘’léser’’ les entreprises profiteuses des paradis fiscaux), ce serait un exemple et une garantie morale que la BEI joue un rôle de premier plan. Au-delà de l’Europe, elle pourrait même inspirer les institutions financières du reste du monde, par effet domino. * 24 avril – Paix au virus ! Depuis la création des Nations-Unies, à San Francisco – avec une forte impulsion des Etats-Unis – Unis, le Conseil de Sécurité s’est saisi de toute menace à la paix, de toute calamité affectant la sécurité du monde, en partie ou en tout. Il était déjà singulier que la diplomatie française appelle, seule, à sa convocation face à la pandémie. Exiger la suspension des conflits en cours, qui sont autant d’amplificateurs de la catastrophe, organiser des trêves sanitaires, protéger les populations déplacées, ces impératifs basiques tombent sous le sens et restent à des années-lumière de l’ambition qu’avait affichée, par exemple, le projet de pacte Briand-Kellog de 1928, visant à rendre la guerre hors la loi. La France a présenté, il y a une semaine, avec la Tunisie, un projet de résolution minimaliste, après s’être assurée que la Russie suivrait. Et bien non ! Le fossoyeur s’appelle Donald. Il exige que la Chine soit nommément mise en accusation pour le  « virus de Wuhan ». Du coup, le Conseil n’a plus de possibilité d’accord. Tant pis pour les morts supplémentaires ! * 23 avril – Pauvre Afrique ! Avant même la pandémie, on savait que l’extension des conflits jihadistes dans le Sahel et en Afrique centrale, allait marquer un doublement de la malnutrition, probablement à hauteur de 17 millions d’affamés supplémentaires. Puis est survenu le Covid et une injonction au confinement totalement irréaliste dans le mode de vie africain : contracter le virus… ou mourir de faim, seule l’activité pouvant créer le revenu, au jour le jour. Le PAM anticipe désormais un doublement du besoin d’aide d’aide d’urgence à 260 milliards $ d’ici la fin 2020, pour lequel un dixième seulement de la somme requise a été couvert !Ce blog a abordé le problème de la dette africaine, détenue à 40 % par la Chine (brève du 16 avril). Encore ne s’agit-il là que de faire survivre les Etats et non pas de soutenir le revenu des populations. De plus, l’annulation pure et simple n’est pas encore à l’ordre du jour, comme l’avait souhaité la France. Face à un tel re-basculement dans la grande pauvreté, Pékin joue à son avantage la carte du bon samaritain, la carte-même qui ne convainc pas l’Occident. Les deux fondations d’AliBaba offrent, en temps et en heure, des cargaisons de masques, tests et sur-blouses. Une application de la même multinationale (aux couleurs du Parti chinois) promet des consultations médicales gratuites en ligne. Jack Ma se fait la belle pub pour l’avenir que néglige Vincent Boloré. * 22 avril – Tours d’ivoire. Le virus se moque des mégalomanes et autres autocrates froids. Aux Etats-Unis, le reality show politique échappe au pantin furieux qui veut  »punir le monde » et la scène-même du spectacle semble s’être effondrée. Mais, il n’en va guère mieux sous les bulbes dorés du Kremlin. La guerre contre Covid a été repassée aux gouverneurs locaux avec sept ans de prison pour eux à la clé, si leur bataille prophylactique ne convainc pas. Le référendum triomphal sur la présidence (quasi) à vie ne peut pas avoir lieu. Pareil pour le défilé-monstre du 9 mai marquant l’anniversaire de la victoire de 1945 : les troupes sont terrassées par le virus et on se demande aussi dans quel état sont les vaillants guerriers-mercenaires qui bombardent les hôpitaux en Syrie (Idleb). C’est eux qui intéressent le plus le Tsar. L’économie s’écroule plus vite que la santé et la base, d’habitude assez résignée, commence à fermenter. * 21 avril – « Comme avant, mais en pire ». Ne prenons pas à la lettre les petites phrases « choc », même quand elles viennent du très flegmatique ministre français de l’Europe (et autres  affaires étranges).  Lucidité ou résignation ? De fait, le fonctionnement du système international et  la défense de la Paix nous promettent bien ce « pire » : les grandes puissances s’enlisent dans la polémique et les coups bas, le Conseil de sécurité est mortellement bloqué face aux enjeux globaux ou régionaux, l’OMS ne peut pas garantir protection et accès aux soins à chacun, le G 7 ni le G 20 ne s’entendent sur des conditions équitables d’un redémarrage, l’Europe se fige « Nord contre Sud », les massacres de populations civiles vont bon train au Moyen-Orient, les frontières se ferment même aux expatriés en situation régulière, (hier, aux Etats-Unis), les exilés continuent d’arriver en pleine détresse, etc.  Mais, en considérant les choses sous un autre angle : 1 / L’air est plus pur et les associations des amis des oiseaux font le plein d’adhésions; 2 / Les AMAP sont débordées et les gens améliorent leurs habitudes alimentaires; 3 / Chacun surveille sévèrement les épandages depuis sa haie de jardin; 4 /Chacun a une formule à avancer pour « l’après »; 5 / Les dictateurs se tirent mal de la pandémie; 6 / A New-York, on vous paie 37 $/baril pour enterrer le pétrole tout au fond d’un trou de jardin, de sorte qu’il n’en ressorte pas, le bougre, avec son fichu CO2. Là, c’est bien « moins pire » qu’avant ! * 20 avril – Tempête dans une tasse de thé au lait. On nous dit, on nous répète qu’une catastrophe – surtout planétaire – aiguise les nationalismes les plus étroits. Hélas,le monde, qui aurait un besoin critique de coopération, produit surtout de la polémique stérile. Comment voir autrement cette petite guerre des tweets, lancée par une starlette thaïlandaise, qui flambe entre la Chine et l’Asie, du Sud-est ? Le Covid est-il issu d’un labo de Wuhan ou du marché aux animaux vivants ? Ca ne change rien au fond  sanitaire du problème, mais … Des jeunes Thaïs ont trouvé des alliés à Taiwan, Hongkong, Singapour et ailleurs, pour demander des comptes aux internautes chinois. Ceux-ci répliquent avec leur coutumière virulence, attaquant ad hominem en se prévalant aussi de l’unicité sacrée (et bafouée) de la Chine. Retour de flamme : l’alliance du « Thé au lait » s’en prend au comportement béotien des touristes chinois et glisse vers un procès « sacrilège » sur les droits de l’Homme, un vrai sujet celui­-là (à signaler : le tableau de « l’Homme face au char » de Tiananmen, réalisé en frites). Le monde chinois – compris au plan culturel – sera-t-il ébranlé par sa jeunesse ? Malgré ou plutôt à cause des connivences entre pouvoirs autoritaires, l’Asie orientale, celle des geeks, se prend à rêver d’un printemps affranchi de la pesanteur de Pékin. * 19 avril – Profits. Noami Klein s’est fait une spécialité de dénoncer les profiteurs de désastre. Le virus a ses rentiers.  Voyez comme V. Orban, B. Netanyahou et même E. Macron l’utilisent pour affaiblir les libertés démocratiques et renforcer leur autorité ! En Inde, il aide à faire passer une loi scélérate sur la nationalité. Au Mali, à tenir des élections faussées. En France, à contourner des réformes explosives, sur les retraites mais aussi sur le chômage. La FNSEA en profite pour prôner des épandages au ras des fenêtres et pour dissuader les importations des concurrents (mais pas celles de produits exotiques). Total et quelques autres utilisent les subsides de l’Etat pour  gâter leurs actionnaires, les fabricants de bouteilles en plastique s’octroient un label d' »excellence sanitaire », le prix des masques s’envole, etc. Seul, D. Trump, en proie à la démence et tout à ses vengeances, n’arrive pas à se faire du gras : écho vide-19. * 18 avril – Complots en vrac. A vous décourager de courir derrière l’info : elle est truffée d’infox. C’est l’effet du confinement des esprits, qui nous détourne des sources sérieuses. Un prix Nobel français affirme que le Covid a été créé artificiellement, à partir du VIH ! Par tweet, le Covid lui-même a démenti (« j’ai un père et une mère ! »). Hypothèse fumeuse n° 1: un laboratoire américain de guerre biologique a élaboré cette arme et, par erreur, contaminé des basketteurs  militaires, qui ont repassé – intentionnellement – la souche à leurs ennemis chinois, à l’occasion d’un match amical à Wuhan (si vous avez la migraine, c’est normal). Hypothèse symétrique n° 2 : ce sont les savants chinois qui ont trafiqué le virus, à Wuhan. A partir de là Covid s’est fait la malle, comme un grand ( une aspirine ?). Version N° 3 , dans Strategika : un complot judéo-cosmopolite (Marine, lâche nous un peu la grappe !). Complot n° 4 : Bachar et Poutine désarment nos porte-avions (devenus des centres de traitement Covid) et notre force nucléaire stratégique, pour mieux nous … là, ce n’est plus très clair. L’Ours, depuis son hibernation administrative, me conseille de laisser tomber. * 17 mars – Retournement. Décontenancé par la crise, le président turc a décidé, lundi, que le confinement se poursuivrait dans 31 provinces, pendant le week-end du 18 et 19 avril. Cible de vives critiques concernant sa gestion désastreuse qu’il a qualifiée de ‘’conforme aux instructions (du) Président’’, le ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, a proposé sa démission dimanche. Elle est refusée par le président Erdogan. Dans la foulée, de nombreux opposants et internautes ont accusé les autorités d’avoir mis en danger la vie de milliers de citoyens. Le régime Erdogan tremble sur son piédestal et doit éviter de reproduire la confusion de la semaine passée, qui avait provoqué une ruée des habitants des principales villes du pays dans les magasins. En parallèle, le Parlement turc a décidé la libération de dizaines de milliers de détenus afin de désengorger le système carcéral. En sont exclus les prisonniers détenus en vertu des lois antiterroristes arbitraires, les nombreux journalistes, opposants politiques et avocats incarcérés, qui, généralement n’ont pas encore été jugés. La répression politique reste la priorité du Pouvoir, mais Ankara ne claironne plus ses deux guerres dans l’Est Syrien (Kurdistan) et en Lybie, la fibre guerrière résistant mal au virus. Il y quelques semaines encore, Erdogan ouvrait les vannes d’un afflux vers l’Europe des millions d’étrangers déplacés, dans un mélange de pulsions mégalomanes et vengeresses. Tout est rebattu. Le Sultan a bien perdu de sa superbe. * 16 avril – Money, money … En réponse à la proposition d’une « annulation massive des dettes » africaines, lancée lundi par Emmanuel Macron, les ministres des finances du G 20 ont accordé à 77 Etats pauvres 14 milliards de dollars de suspension partielle du service de leur dette (40 % sur un total de 32 milliards). Petit geste s’il en est, présenté comme une initiative majeure mais qui ne coûte pas cher. Néanmoins, le format « décideur », agglomérant la Chine au Club de Paris et autres pays créditeurs du Sud constitue en soi une utile innovation. – La proposition Macron, deux jours auparavant, était pourtant d’« annuler massivement » ces dettes. Elle a été laissée de côté. Au final, le remboursement dû en 2020 sera donc seulement reporté à 2022 et échelonné sur trois ans. Ceux qui souhaiteraient une option plus courageuse et plus efficace sont renvoyés à des annulations à négocier au cas par cas. La loi du compromis n’a pas favorisé l’effort collectif. La Chine renâcle, ainsi, à renoncer à une partie de ses avoirs en Afrique (40 % de la dette) ; Les Etats-Unis sont « ailleurs », dans leur bulle. La Banque mondiale, elle, se tient hors-jeu ; Les créditeurs privés du Nord comme du Sud suivent avec circonspection. On n’est pas dans le monde (rêvé) de demain ! Entent-on au moins l’appel de A. Guterres pour financer une campagne de diffusion universelle du futur vaccin, pour qu’il soit gratuitement accessible à tous dans les régions pauvres ? Oui, s’agissant de la fondation Bill & Melinda Gates, qui offre 150 Ms $ à cette fin. Non, pour ce qui est des « institutionnels »- les Etats – qui n’ont bien voulu débourser que 400 Mns $ sur les deux milliards requis. * 15 avril – Connardovirus. Pendant que des inconnus deviennent des héros, des notables mériteraient de sombrer dans l’incognito. Un cas pas trop grave : le site de l’ambassade de RPC à Paris accuse les gestionnaires des EHPAD  français d’avoir fui leur poste de travail, après avoir euthanasié ou presque leurs pensionnaires. Bien pire : les USA suspendent leur participation à l’OMS (500 Mns $) comme si on coupait l’eau aux pompiers au plus fort de l’incendie ! Motifs avancés : la Chine influence trop l’agence onusienne qui, comme elle, a dissimulé, dans un premier temps, la transmission inter-humaine du virus ! Trump serait lui un étalon de transparence et de discernement (ne toussez pas !). Le Congrès vient d’adopter un « Taipei Act », pour favoriser une forme de présence multilatérale pour l’Ile nationaliste, ce qui constitue une vraie gifle à Pékin. La manière n’est pas la bonne, mais il faut reconnaître que cette démocratie chinoise de 24 millions d’âmes a magistralement géré l’épidémie, en respectant les libertés,  et qu’elle ne mérite pas l’ostracisme. Le mérite va à ceux qui accomplissent plutôt qu’aux gros qui crient très fort. * 14 avril – Climat. Tentons un lien être « l’avant » et l’avenir (incertain). découvre les 50 propositions – non-encore validées – de la convention citoyenne des 150 Français tirés au sort pour « porter l’espoir d’un nouveau modèle de société ». A l’impératif climatique a été évidemment ajouté à l’impératif sanitaire.  Se loger, se déplacer, se nourrir, consommer, produire et travailler le but est de définir des politiques sur le climat, sur l’économie, dans un esprit de justice sociale ainsi que sur la santé et le bien-être des populations. Parmi les pistes privilégiées, on trouve la rénovation énergétique globale des bâtiments, dont les 20 millions de logements, d’ici à 2040, Cela représente environ 20 millions de logements à rénover de manière globale. Pour financer cet immense chantier, les citoyens proposent une énorme cagnotte à guichet unique et un système de bonus -malus. Seconde cible : l’artificialisation des sols et l’étalement urbain, qu’ils souhaitent contrer fortement. Vient ensuite la biodiversité et les économies d’énergie liées aux déplacements, l’arrêt des investissements commerciaux consommateurs d’espace. Enfin, bien dans l’air du temps, on devra réduire l’utilisation des véhicules individuels. Apparemment, il y a peu de ruraux ou de gilets jaunes dans l’échantillon représentatif. Avec la mise sur le marché de voitures-avions, peu consommatrices, le contournement sera facile ! * 13 avril – Réflexes imbéciles ou archaïques. Aux antipodes de la nouvelle culture « post-virus », qu’il nous faut acquérir, certains barbotent, à qui mieux-mieux, dans leur vieille mentalité toxique. Quelques lamentables exemples : faire voter les citoyens en pleine flambée contagieuse; sommer « les travailleurs » de vite reprendre leur poste de travail au pic de l’épidémie (le patron du Medef et une secrétaire d’état française à l’économie); se retrousser les manches pour rétablir le vieux monde industriel empoisonné; renflouer les banques quand la demande de crédit est nulle;  menacer les sans-papiers d’expulsion « dès le retour en ordre des préfectures » (comment : à pied et à la nage vers l’Afrique contaminée ?); attribuer une ou des nationalités au virus (pourquoi pas aussi à l’air qu’on respire ?) et s’en prendre aux Chinois, puis aux Européens, puis aux Américains, puis aux Africains (agressés, hier, à Canton); Fermer les frontières de Schengen ET celles entre Etats-parties à l’Accord, quand personne ne circule; ne pas s’entraider entre européens; en profiter pour réinvestir dans la prospection pétrolière; blâmer les soignants pour les risques qu’ils nous feraient encourir en nous soignant; dénoncer des complots de source « réseaux sociaux »; abandonner le Moyen-Orient et l’Afrique à leurs malheurs (sans sous-peser l’effet boomerang); ressortir des gilets jaunes pour hurler « mort au Roi ! » depuis les balcons… * 12 avril – Pâques. Un moment juste pour penser, fraternellement, à tous ceux qui souffrent et à tous ceux qui sauvent. Il y en a pléthore, mais chacun est précieux pour tous. On suit la croyance que l’on veut, mais il est dans notre humanité de rechercher l’espérance dans le service des autres. En géopolitique « fraternité universelle » se traduit par  »solidarité mondiale ». * 11 avril – Double front. Qu’on l’admette ou non, les politiques sont dans leur rôle quand ils se débattent contre l’effondrement financier. De même, les soignants, quand ils s’épuisent à sauver les malades. En tout cas, loin d’être un aboutissement – les comptes et les remèdes viendront plus tard – le compromis passé entre ministres des finances de l’Eurogroupe et des 27 est un signe de renoncement partiel au « chacun pour soi ». Les entreprises (soutenues par la BEI) et les salariés (programme de compensation du chômage technique) y puiseront un premier bol d’oxygène. Pour les indépendants et les « informels », c’est moins clair. Mais les Etats, appelés à creuser considérablement leur dette publique, sont renvoyés vers le Mécanisme européen de stabilité (MSF), créé lors de la crise de l’Euro. Il mobilise, certes, des moyens conséquents pour renflouer les budgets mais reste articulé autour de notions de gestion laxiste que les bénéficiaires s’engagent dès lors à corriger. D’où la fureur de Giuseppe Conte, qui voit dans cette conditionnalité un biais pour « punir » les Etats les plus éprouvés par le virus. Les Espagnols sont aussi sur cette longueur d’onde et l’autosatisfaction du ministre français intrigue : est elle pragmatique (c’est déjà ça, on verra plus tard !) ou tactique : donner à croire que la France est dans le camp des Etats financièrement solides, rester un interlocuteur privilégié pour l’Allemagne et les Pays-Bas, les deux opposants farouches à l’émission d’Eurobonds mutualisés. On assiste à des manœuvres psycho-politiques, en Europe. * 10 avril – Et le combat cessa, faute de combattant… On n’en est pas là. Mais le virus n’épargne pas les guerriers, qui, jeunes, s’en remettent assez bien. De là à renvoyer sur théâtre opérationnel l’équipage d’un porte-avions gangrené par le Covid ! Le Pentagone l’a fait et même démis le commandant du USS Theodore Roosevelt, au grand désespoir de ses marins. Le Charles de Gaulle, dans une situation sanitaire comparable, rentre à Toulon. Pause. On ne va surtout pas nous dire ce qu’il advient des sous-marins de la Force nucléaire stratégique française : soit, ils ont embarqué le virus mais n’en savent ni le nom ni la gravité exacte ; soit ils n’en connaissent pas même l’existence. Les soldats de Barkhane ont droit, eux, à l’information comme au virus, face à des jihadistes (jeunes) qui ne s’arrêteront pas pour quelques vieillards ennvoyés ad patres. Les Dogons et les Peuls s’entre-tuent plus que jamais au Mali et personne n’y plaint la pauvre Europe. La posture face au terrorisme et aux coups fourrés stratégiques est forcément revue à la baisse. Peut-être un créneau pour le soft power, dont (mais pas que) la diplomatie humanitaire ? * 9 avril – Espace contraints. Alors que la pandémie sévit dans le monde entier, tout le monde n’est pas exposé aux mêmes risques, le pire étant d’être pauvre, malade, sans toit ou exilé. – Le 22 mars dernier, on comptait 37 000 personnes piégées sur les îles grecques, dans des camps pour migrants insalubres. Dans une promiscuité effroyable, sans accès à l’eau, à la nourriture et aux sanitaires, elles sont quasiment condamnées à contracter le virus.  Contrairement aux 70 millions de déplacés hors-Europe, on peut et on doit les transférer dans des hébergements moins dangereux, à travers l’Europe et les sortir de l’angoisse. Une autre action juste est possible pour soulager à distance : renoncer aux sanctions qui affectent la survie des populations. Cela vaut typiquement pour l’Iran (mais pas seulement) dont la population est abandonnée à sa détresse, privée de médicaments et de matériel sanitaire, le pays ne pouvant plus vendre son pétrole. Seul le blocus des armes et des technologies sensibles peut garder une légitimité mais l’arme de l’appauvrissement est immorale dans les conditions actuelles. Téhéran vient de mettre fin au confinement ne pouvant assurer aucune protection à ses citoyens. Que faire pour les déplacés Afghans et les populations africaines victimes de Boko Haram et des « armées-bandits » ? Quid des Syriens et des Yéménites sous les bombes ? Personne ne peut confirmer, pour l’instant, les bruits faisant état d’une baisse d’intensité des combats… Daech appelle à répandre plus largement encore la pandémie en Occident. Au 14 ème siècle la peste avait été exploitée comme arme biologique. Tout cela est dur à encaisser à l’approche de Pâques, quand le « chacun pour soi » a gagné. * 8 avril – Déclin chinois ? La thèse la plus courante – celle d’une Chine – challenger, en passe de supplanter les USA dans la distribution de la puissance – tiendra-t-elle la route, dans les années post-crise sanitaire ? Sous l’irrésistible ascension, la carapace pourrait se fendre. Pékin ressent très mal, en effet, le fait d’avoir été l’épicentre initial. Cette vexation rend le Régime plus assertif à l’international, posant en « modèle mondial » ou jouant les justiciers vengeurs (ainsi, ce serait l’armée américaine qui aurait introduit le coronavirus sur son territoire) ou encore le sauveur magnanime, lorsqu’elle retourne la politesse aux pays qui s’étaient montrés solidaires en janvier, sous forme de cargaisons de masques, etc. – Dans l’environnement de dépression économique qui se dessine, la RPC semble en position de pousser ses pions aux dépens d’un Occident affaibli et d’un monde émergent à l’abandon. Ses investissements saturent déjà les marchés, sa marine s’acquière un contrôle des artères stratégiques du commerce, elle tend vers la prééminence en Afrique et agit aussi en Occident via sa puissante diaspora. Mais, ce printemps, la Cité interdite étouffe toute dissidence ou critique de sa gestion politique opaque de l’épidémie (son action sanitaire étant reconnue comme efficace) et recours au dérivatif du nationalisme. Par ailleurs, l’économie du Pays entrant dans sa plus longue phase de décélération depuis l’ère maoïste, elle craint la déception et la défiance accrue de la population. Dans les entreprises, l’activité dépend trop de l’investissements public. La dette atteint 300 % du PNB, déstabilisant le secteur privé, tandis que le pays se couvre de villes fantômes inhabitables et d’autres infrastructures inutiles. S’y ajoute le vieillissement de la population, qui renforce la dépendance alimentaire et énergétique, le protectionnisme montant des pays-clients. Verdict de l’universitaire :  « Une nation qui s’essouffle économiquement ne s’apaise jamais politiquement. Au contraire ». A méditer. * 7 avril – Apathie et culpabilité. Avec le virus qui rôde, on s’est peu inquiété de sauvegarder les libertés fondamentales. Certains profitent du ‘’choc’’ pour tirer quelques profits financiers , beaucoup vivent autocentrés, sans rien percevoir par-delà leur bulle. Ceux-là, politiciens en tête, laissent au corps médical les questions éthiques et les dilemmes angoissants. En France, en Europe, des soignants débordés par l’afflux doivent décider, seuls, qui sera refusé en réanimation, qui « désintubé’’ pour libérer des lits. L’état d’urgence sanitaire, est-ce l’obligation de trier qui aura une chance de survie, qui pas ? La solitude effroyable des médecins face au sacrifice porte la marque d’une déshumanisation de notre société, là où une gestion collective, « en conscience et en transparence » soulagerait mieux le stress de la culpabilité. Préserver sa dignité, cela commence par parler avec le patient ou le visiteur aux urgences, dire la vérité, laisser le temps aux intéressés de poser leurs conditions ou d’obtenir des assurances. Cela paraît monstrueux, mais, dans les temps que nous vivons, des personnes en fin de vie peuvent accepter un sommeil sans retour, si elles savent qu’elles vont sauver d’autre vies, qu’on les aime, qu’on les accompagnera jusqu’au bout et que la société leur est témoin. Mais même pour mettre en place une ligne de dialogue téléphonique pour apaiser la souffrance mentale, la Fédération protestante de France a eu besoin de l’autorisation du ministère de l’Intérieur ! Pour sortir de confinement, utilisera-t-on le GPS chinois ou sud-coréen ou singapourien, lequel, sur votre chemin va vous faire contourner tout » srasseux » infecté, tout en vous indiquant son nom, son âge, son adresse, sa température… voire sa « note sociale ». C’est si efficace qu’il ne serait pas incongru que des soignants y succombent. Faust, vends ton âme au diable, le transhumanisme de marché est l’occasion à saisir ! * 6 avril – Usure des combattants. Avec le passage des semaines, sur le front sanitaire ou en confinement, les forces et la patience viennent à manquer. La plus inquiétante est la situation des soignants et de ceux qui assurent le service minimum des besoins sociaux. Plus exposés au virus, ils sont aussi minés par le manque de sommeil et les effet secondaires des médicaments absorbés « pour tenir le coup », l’impact psychologique des drames auxquels ils assistent, l’isolement sentimental et le souci de ne pas effrayer autrui, l’absence de perspective de retour à la normale. Leur décompensation promet d’être terrible lorsqu’elle aura lieu. Dans les foyers barricadés, le niveau de violence domestique – en particulier envers les femmes et les enfants – connaît un bond spectaculaire. Le confinement devient intenable, les incartades se multiplient, au grand désespoir des médecins. Quid des guerriers des innombrables conflits, des populations déplacées, agglomérées de façon misérable, de notre « quart-monde », des congrégations et des sectes qui ne prennent d’instruction que de l’au-delà, des mafieux qui voient la pandémie comme une mine d’or pour eux ? Faute d’une conscience et d’une discipline collectives, les vagues de contamination vont se succéder. * 5 avril – Le fric qui tue. Le dimanche n’est pas un jour pour spéculer puissamment. Néanmoins, certains savants se demandent si LE virus ne se transmettrait pas dans l’air. Voilà qui brouillerait pas mal nos repères ! En Europe, au terme d’un 180 ° dont ils ont le secret, les responsables politiques invitent la population à porter le masque systématiquement, notamment les exemplaires artisanaux en tissu, dits « alternatifs ». La guerre planétaire des commandes et des livraisons prenant un tour sauvage, il est en effet impérieux de réserver les masques homologués disponibles aux soignants et assimilés. Dans l’hommage à rendre au personnel médical – privé de tout repos dominical- ajoutons notre résolution à sanctionner, le moment venu, les spéculateurs profitant lâchement de la pandémie. * 4 avril – Inertie. La lenteur de l’Europe à mobiliser ses moyens effraie. On met sur les routes des chargements de masques et de gants, qui disparaissent en chemin, on omet de mobiliser les PME françaises spécialisées sur le secteur qui, du coup se consacrent à des marchés lointains, on réquisitionne des fournitures destinées à l’Italie ou à l’Espagne, qui en ont un besoin urgent. Depuis une décade, le ministère français de la Santé ignore l’offre des laboratoires départementaux, alliés à l’Institut Pasteur, de produire en grande quantité les tests sérologiques indispensables pour dé-confiner la population (protéger, avant tout, le monopole des labos privés), etc. En contrepoint, il est vrai, on peut voir l’écurie F 1 de Mercedes produire, en quelques heures, des prototypes de respirateurs améliorés, qui peuvent sauver des vies et, surtout, des armées de couturières, brodeuses et tricoteuses industrieuses confectionner et distribuer des masques dans la plus pure tradition artisanale. – En Afrique la panique gagne, moins d’être malade (la population est jeune) que d’être exposé à la famine, les importations alimentaires étant interrompues.  Aux Etats Unis, tout en prédisant froidement 150.000 à 200.000 morts, D. Trump affirme que, lui, ne portera de masque. L’armée canadienne se déploie dans le nord du Québec pour prêter main-forte aux villages inuits, où deux cas ont été confirmés. Quant à l’Amérique latine, elle entre dans une période de profonde récession économique, ont annoncé les Nations Unies. Antonio Guterres avertit que le pire est à venir dans les pays en conflit. On n’ose pas l’imaginer ! * 3 avril- Grand bond en avant. Le coronavirus serait-il en train de faire disparaître le capitalisme néo-libéral ?  Va-t-on vers une remise à plat globale du système ou, seulement, vers un redressement de ses excès ? Les trois principaux piliers du capitalisme seraient affectés, à savoir la globalisation, les délocalisations à marche forcée et la nature honteuse de de la dépense publique, sur laquelle devait primer la baisse de la pression fiscale. La marche arrière est enclenchée : les investissements directs en Chine reculent, ils stagnent en direction des autres pays émergents et le commerce mondial tourne au ralenti. La pandémie met en lumière la fragilité des chaînes de valeur planétaires, soudainement paralysées par le dysfonctionnement d’un seul de leurs maillons. Une relocalisation des investissements à l’échelle régionale est à prévoir afin de contourner ce risque. – Pour ce qui est des produits stratégiques, la notion revient en force et, avec elle, le retour à une politique industrielle plus centrée sur la production nationale. Ce sera le «come back» des médicaments, équipements télécom et matériel à l’usage des énergies renouvelables. La crise sanitaire assigne aussi une priorité absolue à la protection sociale. Les milliards d’euros mobilisés pour absorber les pertes économiques n’iront pas exclusivement aux entreprises du secteur productif. Une part importante paraît devoir aller à protéger financièrement les individus. Même aux Etats-Unis, un pas a été fait, dans l’urgence, vers l’instauration d’une aide financière, quelque chose entre une réminiscence du New Deal et la mise en place progressive d’un revenu de base universel. Le Covid-19s forcerait-il la main à des décideurs trop longtemps réticents à remettre en ordre le capitalisme financier ou scellerait-il leur faillite, annonciatrice d’un grand saut ?  vers… ? *  2 avril – Guerre du pétrole. La confrontation triangulaire Etats-Unis-Russie-Arabie saoudite ne fait fait pas la une dans les foyers confinés. Il ’empêche qu’elle bouleverse, comme le virus, le cours de l’économie mondiale. Le baril de Brent, inconsommable comme médicament (brève du 1er avril), tourne autour des 20 dollars, du jamais vu depuis deux décennies. On assiste à un bras de fer entre Riyad et Moscou, en désaccord au sein de l’OPEP sur la priorité à donner au maintien de cours élevés (Russie) ou d’une production abondante, corollaire de cours déprimés (Arabie). Riyad a rompu l’entente tacite et inondé les marchés. Ne supportant plus que la gestion concertée des prix profite aux producteurs américains de gaz de schiste (conduits à « compléter » l’offre mondiale fléchissante) Rosneft et la Mère-Russie auraient opté pour une stratégie de punition des Yankees. Un calcul à courte vue ? Un service pour un rendu aux Américains, eux-mêmes maîtres dans l’art d’abuser de l’arme du pétrole ? Peut-être un relent de guerre froide, à la sauce multi-blocs… On devrait laisser le naphte là où il est, en sous-sol. * 1er avril – Un réconfort inespéré. Selon une étude, publiée ce jour par le Groupement Anonyme des Gastronomes Asymptomatiques, l’ajout de cacao pur et d’huile de naphte fraîche à la dose quotidienne de chloroquine soulagerait efficacement les angoisses de ceux qui ne savent pas s’ils l’ont ou pas mais voudraient bien quand même le repasser à leurs voisins. Le GAGA constate que 67,8 % des personnes testées (échantillon de 18 confinés pris au hasard) se montrent nettement plus philanthropiques à l’issue de ce protocole de soin. Conséquence : à Londres  comme à Sidi Bel Abbès, le cours du brut léger « Brent » remonte en flèche. L’huile de schiste provoquerait-elle une légère inflammation des gencives et de la glotte ? Qu’importe.  A la guerre comme à la guerre ! * 31 mars – Et de deux ! Jusqu’alors, le Vieux continent ne comptait qu’une dictature absolue, sans faille, monolithique : le Belarus ou, plutôt, la Biélorussie, sous la férule impitoyable du grandissime Alexandre Loukachenko. On essayait de « n’y penser pas trop » (emprunt à Charles Trenet). Minsk essaime désormais à Budapest, où le quidam-premier ministre, Viktor Orban, débranche les institutions et se fait accorder les pleins pouvoirs, dans tous les domaines et jusqu’à plus soif. Il compte sur le Big brother polonais, Jaroslaw Kaczynski, pour faire veto aux remontrances de l’UE envers son autocratie. Mais Bruxelles, submergée comme Budapest par le Covid-19, a sûrement d’autres chats à fouetter (ceci-dit, je déteste qu’on s’en prenne aux chats). La peste brune se rapproche de nos frontières fermées. Elle n’en contamine pas moins les esprits. * 30 mars –Damnés de la terre. Manifeste dès les « printemps » des peuples de 2011, l’exode des populations victimisées du Moyen-Orient n’a été perçu par nos autorités et nous-mêmes que quatre ans plus tard, quand la vague a atteint son pic. Depuis, nos dirigeants n’ont eu de cesse de disperser les « mal-venus » dans l’illégalité, la clandestinité, les mesquineries de toutes sortes pour empêcher tout « appel d’air », tout en vantant leur humanité. Ce sont des centaines de milliers de damnés qui se retrouvent privés de tout (car très peu ont été reconduits chez eux : c’est pratiquement impossible). Ils forment un immense réservoir à virus (une méga-bombe !), à désespoir, à maladies physiques et dépressives, à exploitation éhontée. Comme pour les SDF, les prisonniers, les personnes dépendantes, le langage de la commisération et de la bonne conscience crée l’illusion de s’inquiéter pour eux. Faut-il continuer à s’en tenir aux mots insincères ? Dans l’urgence, un double choix s’impose à l’égard des exilés : les garder parmi nous, protéger leur santé == inconditionnellement et sans restriction de droit (séjour, santé, travail, logement, droits sociaux, etc.) = = Cela signifie une régularisation massive exceptionnelle, la mobilisation des ressources nécessaires pour leur accorder une vie digne en Europe. Le Portugal vient d’acter cette option. « Europe, tu as le droit de fermer tes frontières avec les épicentres pour te protéger de la pandémie, mais pas celui se sacrifier ceux qui vivent déjà sur ton sol !  » (la rédaction du blog). Parlons en aux ministres de l’Intérieur ! * 29 mars – Inertie. L’Europe des empires et de la mondialisation se serait-elle autocentrée au point d’être inconsciente des dangers du monde ? Il y a là matière à réflexion. A l’heure où l’OMS déclarait notre continent ‘’épicentre de la pandémie’’ et que les populations d’Asie se protégeaient avec discipline, notre continent a perdu la guerre anti-épidémique en ‘’fête des Schtroumfs’’, semaines de jeûne collectif, grands matches de football et apéritifs mondains en centre-ville. Personne n‘imaginait vraiment que la menace puisse atteindre notre système de protection sociale, si extensif, si sécurisé. La gestion chinoise de la crise a été vue avec sévérité et, après tout, ce genre de catastrophe moyenâgeuse n’est concevable que dans un pays du tiers-monde. On renâcle toujours, en Occident, à admettre que la Chine nous dépasse dans bien des domaines matériels et technologiques. Le déferlement du corona virus nous dit que nous ne comprenons plus le monde et que nous sommes à la traîne, juste par prétention individualiste, inconscience, rigidité. Et l’Amérique du Nord se montre presque pire que l’Europe à ce jeu-là. Nous avons de bonnes valeurs mais elles sont ruinées par notre incroyable inertie. Une urgence : réapprendre le collectif, se délester de nos confortables certitudes, compter plus sur nous-mêmes, moins sur le ‘’système’’ (qui d’ailleurs godille sérieusement). C’est presque une auto-publicité pour ce blog ! * 28 mars – Rétribution. Plus de 100.000 cas aux Etats-Unis (courbe verticale, tous records battus), flambée quasi-identique en Espagne et, plus récemment, au Royaume Uni, le désespoir en Italie après 19 jours de confinement sans résultat tangible, l’option euthanasique des vieux en Suède et aux Pays Bas : l’Occident est en capilotade, même si l’économie finira par rebondir, après un creux terrible. Mais l’Asie, qui aura infiniment mieux géré la guerre, sortira de ces bouleversements en maître planétaire. Le plus spectaculaire reste le déclassement accéléré, irréversible, des Etats-Unis, contraints même à solliciter la bienveillance et les articles sanitaires de leur rival chinois. D. Trump ravale son chapeau et ses maudits tweets deviennent pâteux, incohérents, insignifiants. Même l’électeur mâle blanc du Middle West va être saisi de doutes et hésiter à le reconduire à l’automne. Ou alors les Républicains sont amputés du cervelet ! Au Royaume Uni, une partie des officiels au sommet, à commencer par l’ineffable Boris, ont contracté le mal. On se retient de penser sournoisement qu’ils sont punis par où ils ont pêché. Non, le blog de l’Ours n’est pas si méchant. * 27 mars – Apprendre, s’adapter. Il y a 10 ans, sous l’effet d’inondations géantes en Europe et de la crise du H1N1, la Commission européenne avait commandé à Michel Barnier un projet de protection civile continentale. Celui-ci avait élaboré un concept holistique, intégrant les catastrophes naturelles, la mobilisation des réserves humaines, la mise en stock de réserves stratégiques, etc. Il avait inclus le risque épidémique dans ses scenarii. Chapeau ! Qu’en est-il resté ? Rien (classement vertical), car cette sagesse faisait sortir l’UE  de son modèle néolibéral tempéré. A-t-on depuis 2011-12 (crise de l’Euro) parfaitement mis en oeuvre l’Europe bancaire et le fonctionnement de grande ampleur du Mécanisme de Stabilité financière (MSF) ? Bien des compromis avec l’hubris des banquiers ont été passés, discrètement. Comme pour les masques, les 27 espèrent trop de mécanismes qu’ils n’ont pas su bien préparer. D’ailleurs, avec un effondrement temporaire d’un tiers du PIB, le MSF ne suffira pas à la tâche. Comme en 2011, se pose la question de mutualiser la levée d’emprunts d’Etat pour sauver l’économie, le temps qu’elle rebondisse (les « corona bonds » réclamés par l’Italie). Plutôt mourir ! s’exclament les idéologues. * 26 mars – Fire ! Aux Etats-unis, les grandes métropoles démocrates flambent. Les campagnes républicaines, pas (encore ?). Du coup, le peuple trumpiste ne prend pas le virus trop au sérieux ou imagine que c’est la punition de Dieu contre les Démocrates. Pour leur chef, Dieu c’est le business, la bourse et l’argent. Rien ne doit y faire obstacle et surtout pas le pouvoir des médecins ou la protection des vies non-productives. Ainsi, le Texas adhère à la « herd immunity »  : que tout le monde l’attrape vite, que les vieux et les faibles disparaissent vite et l’économie reprendra vite aussi ! Et le virus est sommé de s’éteindre à Pâques. Pieux espoir de résurrection des affaires ? En fait, on n’est pas loin du crime de génocide envers 80 millions de gens dépourvus. * 25 mars -Epidémie d’infox. Le président Macron met en garde contre le « flot de fausses informations ». Jean-François Kahn exprime sa réprobation à l’égard des personnes confinées qui, confortablement depuis installées chez elles, stigmatisent les acteurs qui opèrent « au front ». Les crises épidémiques sont un riche terreau pour les fantasmes, les mirages, les accès d’agressivité et le mensonge. Au Moyen-Age, la « main de Dieu » dictait sa vengeance aux hommes. Aujourd’hui, c’est sur les réseaux sociaux que se répand la malfaisance. Personne n’y peut mais. A l’hôpital marseillais de la Timone, un professeur trafique une étude approximative pour faire parler de lui en grand dispensateur de la chloroquine… au mépris de l’approche scientifique qui s’imposerait. Les grands médias lui font une publicité outrancière. La réalité est dure à absorber et elle reste jalonnée de multiples incertitudes. E. Macron est resté très vague sur les mesures en préparation. On peut le comprendre : beaucoup ne veulent pas les connaître. La vérité, elle, n’est ni relative, ni négociable : elle est vitale pour notre humanité. Par temps d’hécatombe, se taire c’est brouiller les esprits, mentir c’est prendre le risque de tuer. * 24 mars – Les dix plaies d’Egypte ou les douze travaux d’Hercule ? Résumons brièvement le cours de l’histoire du 21 ème siècle : Un attentat monstrueux sur la ville-phare du monde et sur le Pentagone, avec cinq ou six avions remplis de passagers explosant sur des tours, etc. Une croisade de grande ampleur mais absurde, en Afghanistan, finissant en queue de boudin dans une atmosphère de haine de l’Occident. Puis l’invasion d’un pays arabe et laïque par des armées privées confondant service de la démocratie, service du pétrole (station service), délitement de la société et de l’Etat iraquiens. Ensuite, effondrements économiques et financiers en série, avec la crise des subprimes, le krach de 2008, les attaques contre l’Euro à la suite de la débandade grecque. A ce moment-là, le Proche et Moyen-Orient explose, les printemps des libertés dégénérant en supplice des peuples et en flambée terroriste planétaire. Des vagues d’exilés démunis et désespérés fondent sur l’Occident pour être très mal accueillies et susciter agressivité, xénophobie et divers populismes du genre années 1930. L’Europe vacille, refoule, sous-traite aux dictatures les moins scrupuleuses. Dans le monde, les catastrophes liées au dérèglement climatique prennent une proportion inquiétante. Les sociétés se bloquent dans l’isolationnisme et les récriminations sans issue. Trump en profite pour provoquer les peuples qui disposent encore d’une conscience. Il démantèle les structures multilatérales du monde faites pour protéger, agresse et sanctionne amis comme ennemis, privilégie partout l’armement et la force sur la paix et la justice. C’est alors que le coronavirus pointe son nez … Super, le 21 ème siècle ! * 23 mars – nombril, ton nombril. Au moins, on ne polémique plus sur la fermeture des frontières en Europe ! Les pays-fondateurs de l’UE les filtrent de façon rigoureuse, les autres se claquemurent. A quoi cela sert, quand le virus est partout et que le système Schengen s’est clos sur lui-même ? A rien, mais les populations ont besoin du « Dr-Père du peuple », qui les rassure en agissant pour eux, serait de façon désordonnée. Piteuse classe politique !Il est triste que des pays voisins, comme le nôtre, n’aient rien pu faire pour la Lombardie ou pour Madrid. Mais la pénurie règne alentour. La Chine, la Russie et même Cuba sont venus prêter main forte à la vieille Europe. Comme l’Italie, la France a su, au début de l’année, manifester attention et compréhension envers Pékin. C’est un autre monde, sans doute une ligne-force de la nouvelle géopolitique en gestation. * 22 mars – On sort des lois. Avec un milliard d’êtres humains confinés à travers le monde,  les sorties de l’Etat de droit sont devenues la norme. En France, la Parlement adopte l' »état d’urgence sanitaire » qui permet au gouvernement d’agir par décrets et encadre aussi les libertés et acquis sociaux. Reviendra-t-on à « l’état d’avant », qui n’était déjà pas parfait ? * 21 mars – Bêtise. Contrairement à beaucoup  d’autres pays, la France s’est débrouillée pour perdre deux mois dans la mise à disposition des indispensables masques, chirurgicaux et FFP2 (plus protecteurs). La raison en est bien de chez nous : la dictature des comptables, avides de toujours plus d’économies et la préférence sur les médecins que leur accordent les gestionnaires politiques. Après l’alerte H1N1 de 2011 et l’affaire des « vaccins Bachelot » acquis en excès, l’EPRUS, chargée des fournitures médicales stratégiques, a vu son budget réduit de 90 % et ses stocks non-renouvelés à péremption. Un bon conseil  de la Cour des Comptes. Puis les masques FFP2 ont été délaissés à le seule initiative des employeurs. Enfin les quatre PME françaises productrices de ces articles ont reçu d’énormes commandes de Chine, du Royaume Uni et d’ailleurs, avant que l’autorité sanitaire ne pense à les réquisitionner pour son propre territoire. Rassurez-vous, ce manque grave de discernement sera mis sur le compte de la mondialisation. * 20 mars – Méli-mélo. La flambée s’amplifie en France où les cas sérieux se compteront rapidement en dizaines de milliers. Les Français ne perçoivent aucune cohérence dans la double instruction : « confinez-vous et travaillez ». 110.000 Français, en rade à l’étranger, font la queue devant les consulats. L’hécatombe se poursuit en Italie (pire qu’en Chine). Les Etats-Unis réagissent en ordre dispersé : la Californie se claquemure, D. Trump ordonne la distribution de chloroquine et de 1000 Mds $ ! En même temps, il tente de faire main basse sur la mise au point d’un vaccin par une équipe du laboratoire Allemand Curevac en vue d’un usage exclusif aux USA. M. Barnier est contaminé, la négociation post-Brexit tousse. L’OMS, paniquée, implore les dirigeants africains de se réveiller face aux prémices d’une catastrophe sanitaire de grande ampleur. Mais, il ‘y a plus de nouveaux cas en Chine, où la production repart. Youpiii ! * 19 mars – Le banquier aime les faux-cils. Selon une analyse des financements des 35 principales banques d’investissement (JP Morgan Chase en tête, mais aussi Wells Fargo, Citi, Bank of America…) réalisée par une alliance d’ONG anglo-saxonnes, un tiers de leurs interventions est concentré dans la prospection et l’exploitation des énergies fossiles. La flambée a été déclenchée par l’accord de Paris… et pan pour le climat ! On peut parier que, au moment où l’urgence est sanitaire et l’attention de tous tournée vers le virus, certains en profitent pour défaire l’urgence climatique et tirer un chèque sur la planète… et ses habitants. * 18 mars – De quoi gloser d’autre ? Au Royaume Uni, le Pr Neil Ferguson (Imperial College), spécialiste de la modélisation des épidémies, fait la prévision suivante : quelles que soient les stratégies, le virus aura des répercussions « profondes » et les mesures en cours ne préviendront pas un éventuel rebond de l’épidémie. L’option du « laisser-faire » se traduirait par 510 000 morts au Royaume Uni (pareil, en France), avec un pic de mortalité fin mai début juin. De quoi tourner bourrique ! Faudrait-il lancer une grande campagne  de formation aux professions numériques et à la permaculture ? … remettre en chantier les politiques sociales, réintroduire l’humanisme dans nos lectures et nos pratiques ?… initier les gens à l’art et à l’artisanat ? Ce serait mieux que de s’armer jusqu’aux dents, comme aux Etats-Unis. * 17 mars – C’est le bazar ! L’épidémie tourne, chacun son tour : l’Europe est le nouvel épicentre, l’Asie est en train d’en sortir; l’Afrique et le Moyen-orient y rentrent. L’Amérique en connaît les prémices. Dans tous les cas, la portée universelle du virus déclenche un rétrécissement du monde à l’échelon local. La géopolitique peut rendre compte de cette prédominance du « act local », elle hésite à en prédire les conséquences à moyen-long terme. « Think global » résonne en  synonyme de l’OMS, seule institution a encore exercer un soupçon de gouvernance mondiale. Le G 7 se réunit… sous présidence Trump ! Il n’y a plus grand chose à coordonner, plus de confiance pour partager et interagir de façon positive. Même l’Europe, Schengen en berne, devient, pour le coup, une forteresse étanche. Le monde de demain, en convalescence, connaîtra d’énormes divergences sur les leçons à tirer de l’épreuve.  * 16 mars – Sauve qui peut ! Un monde hystérique et barricadé ! En France, on se demande pourquoi on a été voter hier et s’il y aura un second tour aux municipales, tant le confinement chez soi semble proche et inévitable. Aux Etats-Unis, le virus est amical pour les Républicains mais létal pour les Démocrates. Les « rapatriés » d’Europe sont parqués en files serrées dans les aéroports US. Bonjour les dégâts ! En Corée, les sectes évangéliques continuent pieusement à contaminer leurs membres. Le Maghreb et le Moyen-Orient se coupent du monde . L’Afrique est gagnée par la peur. L’Europe est, pour un temps, « l’épicentre » et, en son sein, l’Italie, « l’œil du cyclone ». Comment vont donc survivre les SDF, les exilés, les pauvres ? * 15 mars – Peau de l’ours trop vite vendue. Bibi Netanyahou aura tout fait pour s’accrocher au pouvoir malgré son inculpation par la justice israélienne. Le coronavirus lui permet même de repousser l’échéance de son jugement. Mais, voilà son score aux élections n’aboutit pas à sa désignation par le président. Benny Gantz recueille trois sièges de plus et sera appelé à former la coalition de gouvernement. Netanyahou est l’un des politiciens les plus impopulaires de la planète, même si sa base populaire reste  solide, comme celle de son comparse D. Trump. * 14 mars – Sauve qui peut ! 124 pays atteints, 140.000 personnes contaminées, tous les continents touchés par la pandémie, le monde se cloisonne derrière des frontières fermées, éclaté en millions de micro-sociétés soupçonneuses et autocentrées. La sécurité humaine, dans un contexte d' »ultra-interdépendance », nécessiterait solidarité et coordination planétaire, mais les politiques sont accablés par leur propre incapacité à agir sur ce plan. Comme le dit B Badie, « la puissance subit quand la faiblesse gouverne ». Assiste-t-on à une résurgence du social en même temps qu’à la propagation des populismes chauvins ? L’un est central dans la remise en cause à venir de la folie néolibérale, les autres sont susceptibles de renforcer le règne absolu des marchés d’un blindage totalitaire éminemment protecteur pour le big business. * 13 mars – Le coronavirus est un salopard d’étranger ! On s’en doutait bien, Trump (« les Européens l’introduisent par incompétence »), les services chinois (« c’est la CIA qui a créé ce virus »), les Tchèques, les Slovaques et autres amis polonais (pensant sans doute à un mauvais coup des Turcs) ferment leurs frontières. D’autres les filtrent  »à la gueule du client ». La mondialisation est sérieusement contaminée et la santé mentale en pâtit. Du coup, c’est partout la dégringolade des bourses (-12 % pour le CAC 40) et le spectre d’un krach, si l’économie s’arrête. Dr Macron ne cède pas à l’épidémie d’imbécillité. Quatre mesures : mettre la population vulnérable à l’abri, interrompre la transmission via les établissements scolaires tout en organisant une garde des enfants, lisser le pic épidémique  pour gérer l’afflux des malades en s’appuyant sur la médecine de ville; les indemniser. Un constat émerge : un monde ouvert ne devrait pas suivre la loi de la jungle mais celle des solidarités humaines. * 12 mars – UE, go (stay) home ! Très fort. Coronavirus oblige, D. Trump interdit pour un mois tout voyage de l’Europe vers les Etats Unis, exception faite via le Royaume Uni ou l’Irlande ou retour d’Américains chez eux. Dans un premier temps, les échanges de biens étaient aussi frappés, mais la bourde a été corrigée. Seules les personnes, donc, sont toxiques. Pratiquement, les voyageurs vers le Nouveau Monde vont contourner l’interdit en passant par Londres, Dublin ou Montréal, au risque de contaminer un peu plus ces destinations. La Californie, face à l’Asie, est déjà contagieuse. L’approche isolationniste paraît totalement illusoire pour un pays-continent, première économie du monde. * 11 mars – Eternité. Après l’adoption de sa réforme constitutionnelle par les députés, Vladimir Poutine revient à brûle-pourpoint sur son intention initiale. Il invite la Cour constitutionnelle à trancher s’il pourra se présenter à un 5 ème mandat présidentiel, en 2024. Sera-ce conforme à la loi fondamentale ? Les citoyens approuveront-ils sans restriction, lors du référendum du 22 avril ?La réponse est dans la question et dans l’affirmation que le pouvoir « vertical » de l’’’  Homme fort providentiel ‘’ (actuel) est encore indispensable à la Russie. Celui-ci ne fait aucun mystère de son désir de postuler un 5ème mandat, quitte à remettre à zéro le compteur plafonnant à deux les mandats présidentiels. Par chance, il a la haute main sur l’ordre constitutionnel et sur la machine électorale. Qui plus est, il s’est assuré qu’aucun rival n‘émerge face à lui : l’électeur russe ne dispose pas de plan B. Le Maître-Espion devrait donc réapparaître, tel le phénix, en 2024 pour veiller sur l’ordre et la loi russes jusqu’en 2036. Sauf facéties de la loi biologique … Est-ce que cela choque quelqu’un ? * 10 mars – Fièvre. La grippe ne grippe pas l’économie mondiale. Le Covid-19, si. La bourse et les marchés en général sont les plus formidables amplificateurs de panique. Ils ont vécu lundi l’un de leurs pires moments, avec l’effondrement des indices et des cours du pétrole (décision saoudienne de brader le brut : le Brent chute de 21 %), la perspective d’une baisse marquée des taux d’intérêt, le spectre autoréalisateur d’une nouvelle récession économique, un trou d’air dans les échanges, autant de facteurs qui, pour certains, présagent une réédition de la crise de 2008. Le contraste est frappant avec le souci pour la santé d’autrui, qui n’est pas aussi fort. L’épidémie devient pandémie, ce que les marchés financiers détestent. Mais comme le souligne l’OMS, ce pourrait être la première pandémie dont la coordination mondiale vienne à bout, tant la mobilisation s’avère plus sérieuse que pour l’Ebola (cantonné à l’Afrique centrale), le chikungunia ou la dengue. – En France, la reprise économique est trop fragile pour survivre à l’épreuve. Dégrèvements fiscaux, report de charges sociales, recours au chômage partiel, indemnisation des personnes confinées, on s’emploie à calmer les entreprises et la population avec des adjuvants à effet limité. Priorité va à l’ordre public et à la tenue des élections. En fait, le pays ne dispose pas de marges budgétaires suffisantes pour relancer l’activité en grand. Les moyens de l’Europe seront plus que jamais nécessaires. *9 mars – Para bellum! (si vis sestertii $€£). Sur la période 2013-2017, les ventes d’armes dans le monde ont augmenté de 10 % en volume par rapport au quinquennat 2008-2012. La France a  augmenté  ses ventes à 81 pays de 27 %,beau record qui lui a permis d’augmenter à 6,7  !% sa part de marché , selon le rapport de l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri).  Elle a ainsi supplanté l’Allemagne pour devenir le troisième exportateur mondial. (n° 1 : USA avec 34 % de part de marché – n° 2 : Russie : 22 % – n ° 4 :  RFA – n° 5  : Chine, également cinquième importateur mondial. L’Inde est le premier importateur mondial et l’Egypte le premier client de Paris ( 37 % des commandes de ce pays, devant les USA et la Russie). Près de 9 % des armes françaises exportées le sont à destination de la Chine comme 40 % de la technologie made in France de double usage. On ne va pas succomber à la naïveté : un monde sans marché régulé de l’armement serait plus instable et plus sournois encore. Equiper des démocraties alliées ou amies, c’est contribuer à l’équilibre et préserver la paix. OK. Mais avez-vous envie, dans un tel contexte, de confier à la DGA  et à ses partenaires industriels la politique extérieure du Pays ? * 8 mars – Journée de la Femme. Condamnée à mort pour ‘’blasphème’’, en 2010, la chrétienne pakistanaise Asia Bibi a été reçue par E. Macron, à l’occasion de la parution de son livre ‘Enfin libre !’ Elle lui a exprimé le souhait d’obtenir l’asile en France. Cette ouvrière agricole doit tout son malheur à avoir osé demander un verre d’eau à des femmes musulmanes particulièrement méprisantes à son égard. Sortie des couloirs de la mort huit ans plus tard, sous la pression de l’opinion occidentale, elle s’était réfugiée au Canada, mais sans bénéficier de la protection internationale. Le blasphème est un sujet incendiaire au Pakistan, où de simples médisances entraînent des lynchages judiciaires. Ses compatriotes continuent à exiger sa mort. Mais les autorités d’Islamabad sont embarrassées par l’image ténébreuse qui colle à leur pays. La France ne court pas grand risque, mais, pour une fois, elle satisfait à son devoir humanitaire. Elle pourrait aussi accorder l’asile au courageux sonneur d’alerte américain, Edgard Snowden. * 7 mars -Tribune intéressante dans le Monde: « le coronavirus met au jour toute une série de phénomènes associés à la mondialisation ». Non qu’il soit produit par la « chaîne de valeur globale », mais son expansion dans 90 pays doit beaucoup à celle-ci. Le foyer initial, Wuhan, est un maillon majeur de l’industrie mondiale (plus de 20 Mds d’investissement des multinationales), qui entretient, de ce fait, un hub majeur de transports domestiques et à l’international (4 Mds de voyages par an). Les transmigrations l’ont introduit en Amérique du Nord. L' »explosion » du tourisme chinois, en Europe, que ce soit directement (Lombardie, Vénétie…) ou via la contamination des aéroports (Oise). Les voyageurs – notamment, les croisiéristes, les voyageurs aériens (4,5 Mds  /an) et les migrants – se retrouvent à la fois vulnérables et suspects. Une autre filière secondaire s’est fait jour dans le secteur évènementiel : pèlerinages internationaux (la ville sainte de Qom a infecté l’Iran; les célébrations d’une église évangélique, la Corée et l’Alsace); rassemblements sportifs, salons professionnels (plus de 10.000 /an), évènements culturels, etc. En « feuilletonnant », heure par heure, le décompte des morts et des malades, les media en surmultiplient l’impact émotionnel, ce qui propage le « sauve qui peut » et la psychose de l’effondrement, dans l’économie et dans la vie publique. En France, 1700 personnes décèdent chaque jour, de toutes les causes imaginables dont la grippe, infiniment peu, du coronavirus. Mais la panique peut tout désorganiser et s’avérer tueuse. * 6 mars – Couleuvres. Combien de temps, l’arrangement russo-turc, négocié à Moscou, contiendra-t-il l’intervention turque dans la poche de résistance d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie ?  Simple ébauche de cessez-le -feu en trois points, il n’est pas fait pour durer sur le terrain, mais pour sauver la face d’Erdogan quelque temps. Il instaure un corridor de 12 kilomètres de large le long de la route reliant Lattaquié à la Turquie, qui sera conjointement patrouillé par les deux pays. Le retour des populations déplacées et l’aide humanitaire devront être ’’ facilités, dans la mesure du possible’’. En fait, aucune procédure de mis à l’abri n’est d’actualité. En attendant, la progression des forces de Damas est actée et les rebelles comme leur parrain turc perdent du terrain. Le sort de l’autoroute M5 non- mentionné, pourrait sous-entendre qu’Ankara –  décidément en mauvaise posture – devra digérer sa déconfiture. Rien n’est dit, en particulier, du sort des postes militaires turcs encerclés par les troupes de Damas. Moscou tente de ménager un peu la face d’Erdogan et d’éviter toute confrontation directe, de crainte que la Turquie ne ferme le Bosphore à sa marine et n’empêche ses avions militaires de transiter par l’espace aérien turc. Malgré leur rivalité en Syrie (et en Libye), les deux pays souhaitent continuer à coopérer contre l’Occident dans de nombreux domaines, dont l’énergie. Les compatriotes d’Erdogan vont-ils digérer l’humiliation militaire ? * 5 mars – CPI. La Cour pénale internationale décide l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre en Afghanistan, qui concerne des militaires américains. Mme Bensouda, à la tête du Ministère public, paraît vouloir précipiter les procédures pour crime de guerre au moment où les forces américaines évacuent à la hâte le pays, plongé  dans la guerre civile.  L’enquête concernera tous les belligérants : talibans, armée afghane ou troupes de la coalition internationale. Parmi les alliés, la pratique tortionnaire au sein des prisons secrètes de la CIA concentrent les griefs et promet de susciter de fortes tensions entre La Haye et Washington. Les États-Unis ont mené une offensive depuis 13 ans pour éviter d’e arriver là. Les juges vont être interdits de visa ou pire.  Le gouvernement afghan aussi s’affiche opposé à l’ouverture d’enquêtes, insistant que sa justice nationale peut suffire à la tâche. Les Talibans, pas vraiment au courant, n’en ont cure, sous-traitant la Justice à Allah, qui ne les contrarie jamais. * 4 mars – Victoire dans l’opprobre. Déjà enkystés dans la culture et la psychologie de guerre, l’électeur israélien-type cautionne volontiers le délit de corruption de la part de ses dirigeants.  »Bibi » Netanyahou sort vainqueur du 3ème scrutin législatif dans son pays, en moins d’un an, même si le Likoud ne se maintient qu’à quelques sièges de la majorité. Il lui faudra débaucher un appoint dans les petits partis confessionnels radicaux. Sans jouer aux donneurs de leçon – la démocratie est aussi malmenée, chez nous – on peut s’interroger sur la compatibilité à terme d’une ancienne culture démocratique avec une préférence populaire marquée pour la guerre et la discrimination. Les Palestiniens, démunis de leurs terres et de leurs droits, persécutés au quotidien, achetés à vil prix par le plan de paix de Trump, doivent-ils, en plus, applaudir ? * 3 mars – Grand Turc (tueur). Pour le président turc, le déferlement sur l’Europe de « millions » de migrants depuis son pays constitue un arsenal de chantage pour faire plier son grand voisin. Les rescapés du drame syrien, privés de protection, ne seraient bons qu’à servir de bélier pour déstabiliser directement la Grèce et la Bulgarie. Derrière ses déclarations contradictoires, R.T. Erdogan considère l’UE comme méprisable et manipulable. Recroquevillée dans ses peurs depuis la « crise migratoire » de 2015, celle-ci s’est précipitée dans la dépendance du dictateur d’Ankara, en lui confiant, en mars 2016, contre compensation financière, une mission d’endiguement de l’exode syrien. Ce pacte avec le diable, contraire au droit international et à l’humanité, entache le bilan d’Angela Merkel. Poursuivant ses humeurs conquérantes, Erdogan s’est débarrassé, dans la foulée, de la présence militaire occidentale dans le nord de la Syrie. Il entend annexer et repeupler ces territoires à sa façon (en chassant les Kurdes). S’en sont suivies trois offensives militaires, une crise de confiance au sein de l’OTAN, une confrontation directe avec les forces de Damas, la provocation de la plus terrible crise humanitaire du siècle à Idlib, face à l’aviation russe. L’essaimage de guerres atteint maintenant la Libye, où l’intervention turque contribue à précipiter l’échec de la médiation des Nations-Unies (démission ce jour du médiateur). Dénoncer le fauteur de guerres, bloquer sa course folle, ne serait-ce pas la solution de bon sens ? * 2 mars – Jihadisme français. Quelques dizaines de jihadistes français seraient engagées dans la bataille d’Idleb. Une vidéo montre trois de ces combattants servant une mitrailleuse, qui s’expriment entre eux en français.  Sous les ordres d’un recruteur français, les combattants initialement affiliés à Al Qaida, auraient constitué un camp politiquement autonome à la frontière turco-syrienne. Femmes et enfants seraient également avec eux. – L’armée turque encerclée par les troupes syriennes dans la même zone, passe à l’offensive. * 1er mars 2020 – Marée humaine. Erdogan le fait : « ouvrir les vannes de l’Europe » aux réfugiés entassés dans les camps de Turquie. Ils sont déjà nombreux à franchir la Mer Egée. La police grecque tente de les refouler. L’Agence Frontex se mobilise dans le même but (indigne). Pour satisfaire ses buts de guerre, le président turc fait chanter l’UE, qui en 2016 avait commis la folie de s’en remettre à lui. La pandémie ne va pas faciliter l’accueil de tous ces malheureux. Et que dire de ceux, aussi nombreux, qui sont déjà en Europe, mais qui sanctionnés par la police, chassés par les préfectures, privés de toute ressource pour survivre, vont affronter et transmettre le virus dans la clandestinité,  sans pouvoir se faire soigner. Au deux bouts de la chaîne migratoire, l’égoïsme est un tueur.

Les brèves de janvier-février 2020