« Il ne faut jamais craindre qu’il y ait trop de sujets, trop de citoyens, vu qu’il n’y a richesse et forces que d’hommes« . (Jean Bodin, économiste français du XVI ème siècle)
La Chine, Goliath démographique du XXème siècle, est à la veille de sa consécration comme la première puissance mondiale du XXI ème. En termes de parité de changes, le FMI lui confère déjà la première place parmi les PIB du monde. Elle incarne »le dernier Empereur du PIB », s’amuse un article du Monde, façon de remettre à sa juste place le critère de la valeur ajoutée nationale, qui ne reflète ni la richesse des individus ni leur niveau de développement humain ni à fortiori, celui de contentement d’une société en tension. Il n’empêche. Le »rêve chinois », que glorifie le Patron du Parti Communiste Chinois, XI Jinping, est bien celui d’une mondialisation »gagnée » par l’Empire du Milieu et par ses multiples ramifications extérieures. Le peuple chinois croit dur comme fer en son avenir, en la puissance de son économie et il fait volontiers écho au nationalisme intransigeant de ses dirigeants, quand bien même il n’associe pas forcément ceux-ci aux mérites que s’est gagnés la Chine.
Le rang de la Chine rétabli dans le monde
Première puissance économique du monde, premier producteur industriel et premier commerçant de la planète la Chine n’outrepasse pas son rang. Elle l’a simplement rétabli, conforme à la trame longue de l’Histoire.
– A son apogée, l’Empire romain pesait économiquement moins lourd (22 %) que l’Empire du Milieu (26, 5 %). De même, l’Europe de Louis XIV face au domaine des Qing. Selon l’économiste Angus Maddison, sous la Renaissance, la Chine représentait avec l’Inde la moitié de la richesse du monde. Elle construisait des vaisseaux cinq fois plus lourds et plus grands que les caravelles de Christophe Colomb. Ses navigateurs maîtrisaient mieux le compas, la cartographie marine, etc. mais l’Empereur Kubilai, de qui émanait toute politique, ne voyait pas grand intérêt à pratiquer un lointain expansionnisme, commercial ou autre. Dans son Livre des Merveilles, Marco Polo décrivait avec ébahissement les impressionnants immeubles de Hangzhou, hauts d’une dizaine d’étages. Le grand Voltaire, lui-même, louait le système de gouvernement mandarinal et l’organisation des institutions du Céleste Royaume. En 1820, deux décennies avant les guerres de l’Opium et son effondrement sur lui-même, l’Empire produisait encore un tiers de la richesse du monde.
– Souvent, nous ne retenons pourtant de l’histoire de cet immense pays que des stéréotypes sur ses déboires face à l’Occident. En passant par-dessus les Guerres de l’Opium, à l’origine du démembrement de la Chine, l’on prend comme point de départ la quête brouillonne de modernisme par le jeune régime communiste de Mao Zedong. C’est le modèle marxiste-agricole aux couleurs du terroir chinois. Les repères suivants concernent les outrances de la Révolution Culturelle (1966-76) et toute la funeste litanie maoïste. On s’éveille plus concrètement à la Chine (et réciproquement) avec l’ère des réformes et l’avènement du concept biscornu ‘’d’économie de marché socialiste,’’ caractéristique des décennies 1980-2000. Il s’en dégage la perception d’un retour au bon sens – qui nous rassure – et celle d’une gigantesque arnaque : l’appropriation par les fonctionnaires des actifs publics (‘’propriété populaire’’) du Pays.
Dans nos clichés plus récents, on retrouvera le retour en force d’un hégémonisme affirmé sur la sphère asiatique (aux dépens du Japon); le déferlement planétaire des produits manufacturés dans »l’Atelier du monde »; la mainmise des mandarins du Parti – toujours eux – sur l’argent, les ressources et les profits; leur corruption et l’avidité matérielle qui accompagnent cette montée en puissance. On n’oubliera pas, non plus, la facette totalitaire et policière de ce régime qui, dans ses consignes internes, ose ériger en ennemis tout à la fois ‘’la société civile’’, internet, et la »pensée occidentale’’, à commencer par ces ‘’prétendus » droits de l’Homme, qu’il rejette comme un complot contre lui.
L’ambivalence de la puissance chinoise suscite opportunités et craintes, de part et d’autre
– Se conformant aux règles du capitalisme classique, l’Hégémon Céleste s’empare, de par le monde, des marchés de consommation les plus porteurs. Il fait main basse sur les matières premières du Globe, convoitées par son insatiable industrie. Son appétit de commerce le porte de plus à s’assurer d’infrastructures d’échange aériennes et maritimes essentielles comme à investir des catégories bien ciblées d’entreprises du Vieux Monde. Notamment de certaines que nous considérions emblématiques de notre identité culturelle et de mode de vie. Rien qui soit interdit, mais de quoi alimenter quelques soupçons et jalousies à son égard.
– La »Nouvelle Amérique » qui domine l’Extrême-Orient, s’étend le long du littoral de la Mer jaune jusqu’à Hainan. C’est un continent à la gloire de la Société de consommation : le nombre des voitures vendues en Chine entre 2009 et 2014 enregistre une croissance de 3000 %. Il est aisé de deviner où trouver le premier débouché export de Rolls Royce, de Ferrari (la première, en 1991 a été livrée à son acquéreur carrément au temple du Ciel), mais aussi de BMW et Volkswagen. De même, pour nos Cognac, notre maroquinerie, de façon générale notre industrie du luxe. L’Homo siniensis consommator donne le diapason. Le cognac se fait plus doux pour convenir à son goût, la mode féminine s’adapte à son gabarit, nos véhicules monovolumes se parent d’avantageuses malles arrières ‘’à l’américaine’’ pour assurer son prestige. Ce grand dépensier n’éprouve évidemment aucun scrupule quant à la perte de biodiversité, la rarification des ressources naturelles, les effets du CO2 sur le climat, etc.
– Méga-puissance financière, la Chine détient les plus grandes réserves de change au monde (tout en pratiquant un contrôle des changes tout à fait paradoxal de sa devise nationale). Le fonds souverain d’investissement chinois (China Investment Corp.) compte quelques 500 milliards de dollars dans ses réserves. De quoi effectuer un fructueux shopping autour de la Planète.
– Les ‘’Six atouts de l’Occident’’, qui avaient mis celui-ci sur l’avant-scène mondiale depuis le XVI ème Siècle, sont depuis tombés dans le domaine commun : démographie ; libre compétition ; science, médecine ; état de droit ; société de consommation ; éthique de travail centrée sur l’épargne, l’investissement et la libre création d’entreprises de toutes tailles (cf. le livre de Niall Ferguson ‘’Civilisations – l’Occident et le reste du monde’’ aux éditions Saint Simon). Depuis les années 1960, tout cela profite aux nations les plus vigoureuses plus qu’aux démocraties fatiguées. En tête du groupe, toujours la Chine, évidemment !
– Au cours des dix dernières années, la croissance de la production dans le monde émergeant a atteint 73 % (contre 13 %, en Occident). En projection sur l’an 2060, les Etats-Unis représenteront seulement 16 % du PIB mondial (contre 21 %, en 1973). L’Europe occidentale régressera à 13 % (contre 25, 6 %)… l’Inde montera à18 % (contre 3,1 %). La Chine culminera à 28 % (contre 4, 6 %, il y a quarante ans). Son économie équivaudra à (presque) deux fois les Etats-Unis, multipliant six à sept fois son poids relatif mondial d’avant les réformes !
Parmi les cent plus grandes métropoles du monde, une seule sera européenne en 2050 (Istanbul) et au moins 25 seront chinoises.
– Face à ce chamboulement ‘’tectonique’’ de notre planisphère, le vieil Occident se retrouve privé d’une part de son emprise sur le »désordre mondial ». Et cela, au beau milieu d’un chapitre difficile de son histoire marqué par une floraison de micro- nationalismes resurgis de passés rancis (dont la ‘’question russe’’). A faible distance également d’une anarchie meurtrière sur son flanc africain et du prurit ‘’jihadiste’’ qui frappe jusqu’en son sein.
– Il n’existe plus de monopole occidental dans la quête de la puissance et de la croissance. Le modèle combiné ou cumulé d’Adam Smith, John M. Keynes et Milton Friedmann a été assimilé et modernisé par l’Asie. A l’heure où la suprématie des anciens empires »blancs » se dissout en vaine nostalgie, les meilleures opportunités de croissance et de partenariat se trouvent aussi plein Est, dans l’hémisphère extrême oriental. L’époque – au XIX ème siècle – où les économies des empires occidentaux concourraient à 80 % du PIB de la planète est révolue. Elle ne reviendra jamais.
– Le retour de l’économie occidentale à son format ‘’précolonial’’ (jusqu’au XVIII ème siècle, la Chine et l’Inde représentaient déjà à elles deux 50 % de la richesse du monde) n’est pas synonyme de déclin des anciennes puissances, pour ce qui est, en tous cas, du géant américain. Il s’agit plutôt du »partage » non-négocié, avec de nouveaux convives (assez voraces), d’un gâteau planétaire, qui déborde déjà du four et s’avère toujours plus grumeleux et, surtout, périssable. L’ancien monde digère mal le nouveau.
– Avec un parti pris de pessimisme, certains Occidentaux se lamentent alors sur ce fâcheux ‘’rétrécissement’’ de leur substrat culturel et économique. Ils sont frustrés de l’affaiblissement de leurs postures de puissance au profit des nouveaux acteurs – gloutons – du festin mondial : BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) ou autres »tigres bondissants », vers lesquels notre monde bascule rapidement.
La puissance économique du géant chinois peut paraître pesante, mais elle contribue fortement au développement du reste de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine. Il faut en faire, également pour nous, un levier de prospérité. D’ici à 2050, selon Goldman Sachs, le revenu par tête des puissances émergées devrait croître sept fois (700 %). Mais le nôtre bénéficiera, sur la même période, d’un potentiel de croissance de 35 % : ce n’est quand même pas rien ! Le PIB français par habitant pourrait ainsi passer de 41.000 $ actuellement à 74.000 $… nous promettant un déclin économique prospère et confortable ! Mais la manne risque d’être plus efficacement captée par les Etats-Unis que par l’Europe, si cette dernière ne se sort pas de la léthargie où elle se complaît.
– L’Occident ne compose plus, après tout, que 17 % de la population du monde et ce sera moins de 10 % en 2050. Mais sa visibilité globale comme système d’organisation reste bien supérieure au poids de sa démographie dont les Chinois voudraient faire un paramètre de puissance : c’est de bonne guerre mais peu probant ! Les multinationales nées en Europe tendent à se chercher une légitimité géographique plus large, des partenariats porteurs avec des géants émergents. Leurs business plans passent immanquablement par quelque mode de présence en Chine : sourcing, investissement en joint-venture ou autonome, représentation, délocalisation, partenariats locaux, création d’une activité de distribution, etc. Ne pas se lier en partenariat avec le géant du monde serait comme refuser d’être quotté en bourse et ne plus figurer dans la compétition. En termes sportifs, ce serait se contenter de jouer en nième division, sur un austère échiquier cantonal, hors de toute présence des médias.
Notre actualité économique et sociale deviendrait-elle toute »locale » et discrète, cela ne signifierait pas un quelconque désintérêt du monde pour les concepts, savoirs et références dont nous avons parsemé la civilisation globale, du moins son pan économique. Nos pays restent porteurs de modèles, parents entre eux, qui ne sont ni figés ni forcément appréciés ailleurs. Ils n’en œuvrent pas moins au cœur du fonctionnement du monde, largement assimilés et relayés par les puissances émergentes. Après le temps de l’Imperium sur le monde vient celui du Magister sur le management le plus sophistiqué. Approchons Pékin, Tientsin, Shanghai ou Canton en pédagogues bienveillants. Ne nous faisons pas d’illusion sur la capacité – que nous n’avons pas – à faire évoluer les dirigeants et le système de pouvoir. On peut compter, pour cela, sur l’action à long terme du peuple chinois et, plus précisément, de ses générations montantes, agissant là-bas mais aussi depuis chez nous. Notre savoir dans le monde des affaires comme dans les affaires du monde est un écrin qui peut accueillir toute la force créatrice, l’énergie et l’ambition d’autrui. Partager nos clés autorisera à en espérer un retour (de confiance, d’investissement, de partenariat, de curiosité, d’empathie), quelque chose qui puisse germer, et que l’on devra suivre dans le temps. La Chine est un pari raisonnable et incontournable sur le long terme.
La France n’est plus une »alliée » mais un terrain de prospection qui intéresse
– En France, on n’a guère encore réagi à la déferlante du tourisme chinois (deux millions par an, avec une perspective de dizaines de millions, à moyen terme). Le gigantesque sourcing pratiqué par notre secteur de la distribution, en direction des fournisseurs de biens de consommation cantonais a bien aidé nos enseignes de grandes surfaces à s’assurer une position dominante à travers le monde, juste après celle des firmes américaines. Nous n’avons pas spécialement eu à nous plaindre du rachat de certains de nos hôtels de luxe par quelques puissants groupes chinois, ni de ceux – plus anecdotiques – de nos bureaux de tabac parisiens ou de nos restaurants japonais, par de petits investisseurs débrouillards.
– L‘immobilier de luxe et de loisir est en voie d’être investi. Le récent passage du Club Méditerranée sous pavillon du groupe Fosun prépare un tsunami de clientèle nouvelle. Les téléviseurs Thomson sont partis en Chine. Airbus s’est cloné à Tientsin (chaine d’A 320), comme auparavant les productions d’Eurocopter.
– Les parfums Marionnaud, devenus hongkongais, ont suscité quelques reniflements allergiques et puis, le temps passant et les process restant intacts, en France, on ne s’en est pas plus inquiété que ça. Idem pour la soixantaine de châteaux bordelais passés en des mains œnologiques chinoises – des plus respectueuses – vignobles qui, de toute façon, ne seraient pas »externalisables » ailleurs. Les investissements chinois opérés près de Brest, dans le secteur du lait en poudre infantile, ont constitué une heureuse surprise : les Chinois viennent chercher chez nous les produits pour lesquels leurs propres producteurs nationaux ne leur paraissent pas assez fiables. L’Agro-industrie et ses produits transformés nous ouvrent en fait un vrai boulevard vers l’Extrême Orient !
– Dans le secteur industriel, l’automobile constitue un enjeu national, de part et d’autre. Dongfeng Motors a investi 15 % dans Peugeot, pour l’extraire de ses difficultés à financer suffisamment d’investissements : juste retour d’ascenseur, lié au fait que le marché chinois est devenu le second, après la France, pour le groupe PSA et pour ses associés. Reste l’affaire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (celui qu’utilise Airbus), dont la gestion – en principe minoritaire : 49 % – a été confiée, par ses propriétaires toulousains, à un consortium sino-canadien conduit par la Shandong Hispeed Corp., le fonds d’Investissement Friedmann Pacific et un opérateur canadien, non-investisseur. Cette entrée dans un secteur d’activité que les Français considèrent à juste titre comme »stratégique » et – à tort – comme régalien, a soulevé une petite vague d’émotion. Rendez-vous à prendre dans quelques années pour en dresser le bilan. Il pourrait n’être aussi pas moins convaincant que celui de la reprise du port du Phyrée, en Grèce, par la gestion chinoise ou que le développement des zones industrielles chinoises du canal de Panama ;
Les microprocesseurs hexagonaux (ceux de ST Microelectronics) se sont naturellement installés à Shenzhen : où produire ailleurs ce type de composants qu’à un jet de pierre de Hongkong ?
Nos producteurs d’engins de chantier se sont, de même sinisés, mais sans se délocaliser complètement. Ils rayonnent plus largement en Asie depuis lors. Les grands magasins parisiens n’ont eu, pour leur part, qu’à embaucher des employés sinophones pour récolter une riche moisson ;
Alcatel fait concevoir des téléphones et d’autres équipements »smart » par un bureau d’études de plus de mille ingénieurs que l’entreprise française a créé de toutes pièces à Shanghai. Elle y recrute des étudiants chinois à leur sortie des meilleures universités (Jiaotong, Qinghua, Beida …) ;
– Pourquoi douter de la stratégie chinoise appliquée à la France ? Elle rejoint souvent nos propres plans d’entreprise sur la Chine. Elle est déjà porteuse de bénéfices importants et partagés, aux niveaux du tourisme et des affaires. Parions qu’avec le temps, l’opinion s’habituera à ces synergies franco-chinoises, plus nombreuses et toujours pragmatiques, qui, le plus souvent, redynamisent notre tissu économique. Il est vrai aussi que certains investisseurs chinois, novices à l’international, procèdent à des emprunts de savoir-faire peu scrupuleux. Gardons la grande image à l’esprit, sans forcément ignorer ces cas particuliers malheureux;
Synergies hésitantes et apprentissages mutuels
– Entre exportations et investissements, nos deux pays jouent, tout d’abord, à fronts renversés : les exportations des fils du Ciel sur notre marché national font plus que le double des nôtres vers la Chine, où nous n’occupons qu’une part de marché décevante de 1,8 %
– Notre stock d’investissements en Chine se monte à deux fois et demi celui de ce pays en France. En l’occurrence, la croissance – même inégale – des flux commerciaux et d’investissement travaille à équilibrer les comptes bilatéraux sur le long terme. L’investissement, qu’il soit chinois en France ou français en Chine, comme le montrent les précédents exemples sélectionnés dans les deux sens, crée du lien et une capacité à opérer judicieusement chez l’autre. Ne tombons pas dans la croyance simplette comme quoi l’environnement d’affaires céleste nous serait impénétrable, alors que le nôtre, bien plus transparent, serait facile aux Chinois. Ceci est faux. Pour ceux-ci, dont on connaît la capacité à s’organiser sur le long terme, l’Occident – et, en particulier sa version spécifique française – constituent une terra incognita, un vrai »casse-tête français » ! Les premiers investissements hexagonaux d’un opérateur économique chinois vont le plus souvent servir ce but principal : apprendre, comprendre et assimiler notre culture d’entreprise.
– Le déficit est béant, pour ce qui est de la maîtrise de notre gestion managériale. C’est un gouffre sans fond, pour ce qui est des outils mobilisables en matière de ressources humaines occidentales, la formation et la promotion des cadres, les dédales de la communication, le mur de la langue, ceux de la psychologie et du marketing. Dans le monde émergeant, l’Empire du Milieu opère selon ses propres normes, de façon aussi autarcique que possible. Sous nos latitudes, il doit bien se mettre à l’école de l’Occident… et il peine ! Sans pouvoir avouer un tel besoin de soutien pédagogique – postulat de la face oblige – il en cherche les bénéfices au détour d’opérations commerciales, d’échanges de cadres et d’expérience, d’achats de prestations annexes. Le recours à l’expert étranger senior pourra constituer une voie discrète, qui ne pose guère de problème de face, qui ménage même les apparences : l’expérience incarnée, agissant hors des circuits de pouvoir, n’est pas dangereuse, car elle ne crée pas d’obligation, ni de clivage et qu’elle évite le rapport de force. S’agissant d’honorables étrangers, elle garde même, pour un temps encore, une désuète aura de prestige.
– S’ouvrir à d’honnêtes échanges avec » l’Atelier du Monde », alias la première puissance touristique émettrice, cela s’impose au bon sens. C’est accepter le monde tel qu’il marche réellement (une difficulté, pour nous). Les étapes plus récentes dans cette quête du Graal chinois concernent les technologies de l’environnement (la demande des Chinois est immense et touche aux enjeux de stabilité politique), l’agro-industrie et le »bien-vivre » français, le luxe (en liaison avec le tourisme), l’immobilier en général. Il faut être prêt à faire entrer des partenaires chinois dans nos propres stratégies.
Touristes hyper-dépensiers, les visiteurs chinois se comptent par millions, sur le Vieux continent chaque année. En termes d’accroche culturelle et de fidélisation, cet afflux a pourtant beaucoup moins d’impact que celui des 200.000 à 300.000 étudiants chinois qui viennent user les bancs de nos universités et de nos grandes écoles, s’installent à Paris ou à Lyon, se marient à des Français, excellent à se fondre rapidement dans notre société. Conjointement au million et demi de Chinois d’outre-mer (‘’Huaqiao’’) établi en France de longue date, cette communauté sino-française représente un formidable vivier d’intermédiaires, de missionnaires, de formateurs et de partenaires. Toute entité française travaillant avec la Chine a grand intérêt à y puiser des talents, comme le font d’ailleurs systématiquement les pays anglo-saxons. La RPC, contrairement à Taiwan, Singapour, Hong Kong, ne dispose pas d’une richesse humaine stable comparable mais seulement d’une nuée de traducteurs sympathiques et de bonne volonté mais de peu de poids.
– Avec certains fleurons économiques de l’Amérique et de l’Europe disparaît aussi cette vision historique de nos intérêts commerciaux, celle d’une expansion sans limite, par-delà la sphère atlantique… Finalement mais tardivement, la parole de Mao Zedong trouve un écho d’actualité : »le vent d’Est l’emporte sur le vent d’Ouest », lequel reste pour longtemps plombé par la crise financière de 2008 et ses retombées sur les économies réelles. L’Occident, en grand malaise, se replie sur la défensive, ressasse ses anciens acquis, ceux de son histoire impériale, de ses prouesses technologiques pionnières et des hauts faits de sa culture classique. Il doute ne jamais revoir une croissance durable et ne jamais pouvoir se prémunir des spasmes récurrents de la sphère financière. La dette lui sert d’horizon. La vitalité des émergents l’énerve.
– A des degrés variables, Etats-Unis et Europe se voient aussi confrontés au déclin lancinant des Etats démocratiques et campent, bon an mal an, sur les mêmes lignes de défense. On les voit tout à la fois :
¤ déplorer le recul du droit international (et, pour l’Europe, celui du multilatéralisme);
¤ se barricader à grand renfort de protectionnisme économique et technologique, de blocs douaniers régionaux;
¤ perdre toute confiance en soi et s’abandonner à une pernicieuse xénophobie. Le péril jihadiste occulterait-il le »péril jaune », ce dernier remonte à la surface dès que l’on parle de l’avenir de nos entreprises. Instinctivement, à l’aide d’exemples qui collent au préjugé…
¤ s’enliser dans les inerties émollientes du fameux »principe de précaution » affiché dans notre constitution, se résigner à la sclérose des habitudes, rester sans voix face au désenchantement et à l’atomisation de leurs sociétés;
¤ relayer vers sa population, par le truchement des médias, toutes les craintes sécuritaires surgies des déréglementes violents de la scène internationale.
– Sur ces divers plans, la République Populaire de Chine (RPC) n’est pas synchrone avec l’Ouest frileux. Ce n’est ni une adversaire, ni une alliée géostratégique mais une altérité, qui se suffit à elle-même. Elle est peu susceptible d’acrimonie hors de sa sphère suzeraine : elle-même et l’Asie. Sans souci de la démocratie, totalement exempte d’humanisme, la ligne politique auto-centrée des dirigeants pékinois ne laisse pas de place aux états d’âme ni à la quête du pouls supposé de l’opinion. Au terme d’une période de ‘’coopération réticente’’ avec nous, dans les affaires du monde, la RPC est passée à une attitude conjoncturelle de blocage de nos initiatives au sein du Conseil de Sécurité. Elle fait, en réalité, bloc avec la Fédération de Russie pour se dégager des contraintes du droit (droit international, droit humanitaire, droit social…) dans lesquelles nous pensions pouvoir l’enserrer. Une belle illusion ! Son attitude a pu paraître passablement cynique sur le chapitre de la crise syrienne. Son refus de toute action humanitaire a été lu comme une réponse du berger à la bergère. Elle répliquait à cette croisade improbable que nous avions menée, avec les Britanniques, en Libye, au début de 2011, en dépassant largement le cadre du mandat obtenu du Conseil de Sécurité. Pour autant, nous ne préparions pas d’extension de nos armes jusqu’au Tibet, mais Pékin a sourcillé. Il y avait une ligne rouge franchie par rapport au respect de sa suzeraineté..
La Chine des handicaps et des incertitudes
– Cette Chine des ombres s’exprime à l’intérieur-même du Colosse économique. Les maux chroniques dont elle souffre s’appellent dissidences (et état de droit fictif), méfiance populaire à l’égard des gouvernants et soupçon systématique, quant à leur corruption, très faible cohésion sociale et fortes inégalités, fossé des générations, forte dépendance des échanges internationaux (beaucoup plus grande que celles des Etats-Unis ou du Japon, par exemple), fuite en Occident d’une partie de sa jeunesse la mieux formée;.. et d’autres encore.
Nous avons une propension à croire que le système pékinois s’accommode et s’accommodera toujours de tels maux ; que les dirigeants les plus obtus et les plus voraces (souvent à un échelon de base) dorment en toute bonne conscience; Nous ne doutons pas de ce que les mêmes petits despotes ignorent sereinement le jugement que leurs concitoyens et nous-mêmes portons sur eux. Rien de tel ! Ils sont seulement convaincus que s’ils s’ouvraient par malheur au dialogue, ils perdraient tout contrôle sur leur empire économique et glisseraient tout droit vers leur totale déchéance. Leur confiance dans l’avenir n’est pas si inébranlable qu’ils le disent dans leur langue de bois et la peur de »l’évolution pacifique » qui naît de la mondialisation des idées et de leur contagion à la société civile chinoise les tiraille. La mauvaise atmosphère politique qui règne en Chine – manifestations de méfiance contre répressions implacables – n’est pas qu’un élément du décors. C’est un enjeu central, un moteur »biologique » de l’Histoire, car les nouvelles générations – celles notamment qui ont été formées en Occident – ne reprendront pas sans inventaire l’héritage du »Parti dynastique » (on s’y succède de père en fils) et omnipotent.
– Plutôt que de s’égarer dans de savantes exégèses « droit-de-l’Hommistes », pointons quelques talons d’Achille du Colosse (l’un d’entre eux étant justement d’être un colosse, lourd à diriger, difficile à faire aimer) :
¤ Il n’a jamais été une démocratie au cours de son histoire. La population n’y est donc pas réellement représentée, ni aucun réel contre-pouvoir toléré. Le Parti des ‘’décideurs-possédants’’ fait sa loi par-dessus la tête de l’administration d’Etat, par dessus celle de la Justice et des médias; seule, l’Armée Populaire de Libération constitue un pouvoir dans le Pouvoir ;
¤ S’il possède des institutions, des assemblées, une constitution, un code pénal, etc., cette vitrine d’Etat de droit, à laquelle les étrangers ont accès, est largement fictive par rapport à la puissance discrétionnaire du Parti (lequel, en théorie n’est pas unique : il y en a huit autres, tous ‘’compagnons de route’’ et insignifiants).
¤ Le droit s’est développé, surtout pour faciliter le commerce et l’investissement. L’effort a été réel. De plus, la Chine est membre de l’OMC. Mais la sécurité juridique des agents économiques, investisseurs, financiers – chinois comme étrangers – n’est pas complètement assurée. Le recours à l’arbitrage est faussé par le primat nationaliste. Beaucoup de potentats locaux agissent en prédateurs et corrompent ou intimident les juges à cette fin;
¤ Ce pays, qui fait 19 fois la France en superficie, est gouverné à pas moins de 9 échelons d’administration différents. Ceux-ci sont tous animés de puissants sentiments localistes. S’y superposent les strates de la bureaucratie du Parti. L’octroi fiscal sur les marchandises est encore prélevé au passage des ‘’frontières’’ entre provinces. Celles-ci s’évertuent à attirer l’investissement étranger tant convoité, en concurrence les unes avec les autres, mais elles fonctionnent cloisonnées, sans échanges de voisinage. Il n’y a pas encore de Marché Unique chinois comme il y en a un en Europe !
– Les coutumes varient énormément parmi les 46 nationalités qui composent la population du Pays. Mais les Han – 94 % du total – dominent le système d’une façon quasi-coloniale. Les intérêts locaux y sont férocement conflictuels et mettent en scène des cliques et des mafias de village ou de quartier, qui sont une véritable plaie pour le citoyen lambda. Ici et là, des risques se font jour d’un basculement dans l’anarchie, qui reste d’ailleurs circonscrit localement. Le désordre n’entraine que très rarement l’ensemble du pays (Tiananmen ?), sauf bien sûr s’il atteint Pékin, la capitale sacralisée, où se joue de façon critique ‘’la face’’ du Régime.
– Les langues, les cultures et les ethnies varient sensiblement d’une région à l’autre. L’expansion territoriale a été pratiquée par contiguïté et grignotage des marches de l’Empire, mais aussi, actuellement, à travers les petits archipels convoités de la Mer de Chine du Sud, le ‘’Mare Nostrum’’ des stratèges de Pékin. Résultat du »fait colonial » chinois, une domination est exercée selon un mode plus ou moins militaire, sur des populations allogènes, musulmanes (Ouighours, Kazakhs, Tadjiks), bouddhistes (Tibétains, Mongols) ou via l’infantilisation folklorique des minorités du Sud-est (Zhuang, Miao, Li).
La perspective lointaine d’une décolonisation constituant une hantise pour le Parti, c’est un tabou dont ne jamais parler. La politique d’assimilation des minorités se limite en fait, la plupart du temps, à une modernisation économique stimulant l’afflux des colons Han, venant des provinces les plus pauvres. Ceci provoque la marginalisation sociale et le déclassement de ces petits peuples doublement ‘’minoritaires’’ dans leur propre aire de culture et amène la répression de toute velléité d’autonomie de leur part.
– Car c’est un fait : la Chine entretient ses propres plaies. Sont-elles tellement plus terribles que la série de maux que nous côtoyons, bon an mal an, dans les pays africains ? Pourquoi alors incriminer si sévèrement ses archaïsmes, l’isolement mental de beaucoup de ses citoyens, son absence d’expérience démocratique que lorsqu’il s’agit du continent africain ? La taille immense de l’Empire, sa puissance, sa culture si différente de celles dont nous sommes familiers font, clairement, obstacle à notre bienveillance à son égard. Moins on connait ce pays très varié, plus on ne verra en lui qu’un Goliath monolithique. Or, il est à la fois un géant économique à l’échelle planétaire et un pays en développement, pour certaines de ses régions réellement attardées : l’Ouest de son territoire évoque par maints aspects le tiers monde. Les deux tiers des chinois sont d’ailleurs pauvres. Un tiers vit, de mieux en mieux, quasiment à l’occidentale, dans les grandes métropoles, mais le paysannat, désormais minoritaire, vivote et reste férocement exploité (taxes, confiscations) et discriminé (absence de droits sociaux, notamment en cas d’émigration en ville). La différence avec le monde émergent tient à la transformation accélérée de la société sous l’effet des mutations économiques. Elle n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Et cet aspect des choses, à lui seul, mériterait qu’on se passionne pour la Chine.
Les attentes chinoises sont en relation avec les faiblesses et les déficits du Pays
– Une des coopérations très recherchées par ce pays concerne le droit administratif et les politiques publiques, secteur particulièrement hétérogène en Chine. Par exemple 70 % des magistrats chinois n’avaient pas de bagage en droit, au début de ce siècle. N’est-ce pas là la marque d’un déficit humain et l’une des explications de la fondamentale de l’insensibilité de l’administration aux droits de l’Homme ? Qu’attendre du garde de prison moyen qui vit enfermé et n’a reçu aucune formation, du policier étroitement lié aux intrigues locales et qui n’a appris qu’à faire peur ou mal, de l’avocat qui sait bien que le maître qui le sanctionnera n’est pas son client mais bien le Parti ?
– Le manque de savoir managérial pose un problème chronique au développement chinois. Ce pays n’est pas la Corée, dont 95 % de la population possède le niveau du bac ou plus. Il est doté d’un enseignement primaire solide mais s’est toujours méfié politiquement des »intellectuels » de haut niveau et bannit de ses établissements l’enseignement de la plupart des sciences humaines. Au point où on est arrivé, la Chine produit surtout d’excellents ingénieurs »non-humanistes », qui ne savent pas parler aux contremaîtres et aux ouvriers et qui n’ont guère de propension à »partager le pouvoir » dans l’entreprise. Ceci explique que la plupart des problèmes de modernisation et de compétitivité dans les entreprises chinoises sont liés à la conception quasi-militaire de la marche de l’entreprise et des hommes.
– Un besoin, récurrent, sinon clairement avoué, concerne les travaux d’audit attendu de tiers suffisamment neutres, respectés et étrangers pour ne pas affecter les susceptibilités de castes ni susciter le souci de la face, au sein de systèmes de direction encore très féodaux. N’oublions pas qu’aucun syndicalisme indépendant ne fait contrepoids au pouvoir patronal, le syndicat unique officiel n’étant qu’une courroie de transmission hiérarchique.
La recherche des technologies les plus avancées
Il n’est pas faux que l’Empire du Milieu a longtemps emprunté ses technologies aux étrangers des bords obscurs de la Planète, à commencer par l’URSS, dans les années 1950. Avec les fabuleuses réserves de change générées par ses excédents commerciaux, et le niveau actuel de l’investissement des pays industrialisés (première destination hors-OCDE), il peut s’offrir, contre argent comptant, la plupart des brevets accessibles sur les marchés.
C’est un gros acheteur de brevets français dans le domaine des biens à double usage. Ce terme désigne des technologies stratégiques concourant soit, à des progrès de l’humanité, soit – si utilisées avec malveillance -à la création d’armes de destruction massive) : 40 % de nos exportations de ces hi-tec vont vers la Chine, avec une place importante faite aux technologies nucléaires. En termes financier, ce type de transactions représente pas loin de 10 milliards d’€uros de gains par an, pour notre commerce extérieur. En même temps, l’autonomie technologique de Pékin est confondante dans des domaines tels que la balistique et les sciences de l’espace, l’informatique, la téléphonie, etc. Dans des secteurs de plus en plus nombreux, la Chine devient une puissance établie en matière de recherche et de développement. Elle suit, sur une échelle bien plus grande, les ‘’success stories’’ du Japon (années 1960-70) et de la Corée (années 1980-90). Ceci vaut essentiellement pour les grands programmes de l’Etat. Ce qui n’empêche pas celui-ci – comme beaucoup d’autres – de pratiquer »l’intelligence économique », lorsque l’enjeu convoité est maintenu à l’écart des marchés. Mais ceci est une autre affaire.
L’image est plus fractionnée, moins cohérente, concernant les entreprises provinciales ou du privé, notamment les PME, qui vivent plus volontiers »dans la débrouille » et dans une certaine »innocence », quant à la propriété intellectuelle. Ce que l’Etat réprime d’ailleurs en nous le faisant hautement savoir.
Le problème, appelé à se résorber progressivement, est celui de la culture – ou plutôt de l’inculture – de cette génération dirigeante laissée en friche éducative, au long des années 1960 et 1970. Ses capacités sont essentiellement de nature pragmatique et autoritaire. Enfin, comme en France, aider une unité de production chinoise à moderniser sa gestion revient à rendre plus pressante la succession des générations à sa tête. Mieux formée et plus consciente du monde extérieur, souvent même plus sensible à certaines valeurs morales, la génération des trentenaires et des quarantenaires n’inspire pas forcément confiance aux anciens gardes rouges sans âme, qui les ont précédés et détiennent encore les manettes du pouvoir. La question est ultra-sensible.
– La jeunesse chinoise s’est beaucoup émancipée, ce, par des voies pacifiques, notamment grâce à Internet. Dans ses franges éduquées – désormais nombreuses – elle s’intéresse au vaste monde et ne fait guère confiance à ses dirigeants. Mais elle reste néanmoins manipulable, via des mots d’ordre »patriotiques » : ressentiment à l’égard du Japon, théories de complots occidentaux, discriminations anti-chinoises, etc. Une tension monte entre les internautes émancipés et la »quatrième génération dirigeante » du régime (on y accède après 65 ans, en Chine). Celle-ci adhère trop exclusivement au credo de l’argent et du matérialisme. Les générations montantes sont mieux formées et plus enclines à adopter des valeurs, confucéennes, bouddhistes ou simplement humanistes (honnêteté, entraide, écologie, justice).
Sortir de la caricature
Quelle conclusion en tirer, sinon une très forte conviction que la Chine vaut bien mieux que la noire caricature qu’en ont dressée le Congrès et les médias américains, trop heureux de voir en elle un patibulaire ‘’challenger’’ du leadership américain, l’ennemi dont on a toujours besoin ? Elle nous a adressé une bonne nouvelle, au XX ème siècle, en prenant la voie de la modernisation économique et de la consommation de masse. Elle a intégré du même coup les institutions multilatérales et régionales. Cela, non pas pour y exprimer un quelconque bellicisme, mais pour défendre ses intérêts dans le monde, tels qu’elle les perçoi, c’est-à-dire, parfois, avec une grande raideur nationaliste.
– Notre diplomatie voit en elle un partenaire stratégique, avec lequel elle cherche et cherchera toujours à coordonner ses actions à l’ONU, en Afrique, dans les questions multilatérales, voire au Moyen Orient (hors-Syrie). La Chine s’intéresse économiquement à nous et n’entretient aucune intention cachée à notre égard. Sa vigilance concerne seulement nos liens avec Taiwan et les marques protocolaires dont le Dalai Lama peut avoir bénéficié chez nous. Rien d’inquiétant donc. Au contraire, le rappel cyclique de la décision prise par le général de Gaulle en janvier 1965 – première reconnaissance diplomatique de Pékin par un pays de l’OTAN – déclenche son témoignage d’amitié rituel. Peu de pays et de peuples au monde se sentent pourtant autant en harmonie avec la mondialisation non-régulée que l’Empire sous le Ciel. Ses fils ont du mal à percevoir notre malaise par rapport à la nouvelle donne mondiale. Il faudrait moins leur montrer notre »inquiétude de la mondialisation », en tout cas pas plus qu’ils ne nous montrent leur »malaise envers la démocratisation ».
– Sans nous disqualifier, le grand mouvement de bascule de l’économie mondiale nous contraint à une quête dynamique de la compétitivité internationale. La Chine et l’Extrême-Orient ne sont pas le Tout du système commercial mondial mais constituent néanmoins l’horizon principal où nous pouvons progresser. Passée l’époque des marchés coloniaux captifs et, sauf à rééditer les expéditions marchandes d’antan »à la canonnière » (cf. les guerres de l’Opium pour ‘’ouvrir le marché chinois’’ entre 1842 et 1860), il nous reste l’option claire et salutaire de nous porter au devant de ce colosse bien vivant et très stimulant, d’y faire nos preuves face à des concurrences aiguisées et finalement de convaincre et d’en tirer profit. Ceci, sans jamais nous assoupir dans le »court-termisme », qui est la plaie de l’Occident. Réalisme courageux et sens moderne des affaires permettront de jouer »gagnant-gagnant » dans cette partie, hautement stratégique, de notre monde en recomposition./.
劳查理
notre aimable sommaire http://bertrandlavezzari.blog.lemonde.fr/a-propos-de-notre-ourson/aimable-sommaire-du-blog/ »>au fil de l’Ourson …
Rayonneront-ils un jour culturellement en occident comme le Japon actuellement? (Manga, musique, cuisine, art de vivre, …)
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N’oublions pas que les fondamentaux de la culture japonaise viennent initialement de Chine (riz, architecture, mandarinat, technologies militaires, écriture katagana, technique du dessin, etc.). Quand la société chinoise pourra librement s’exprimer, on découvrira des philosophes, des artistes, des designers, des magiciens des loisirs et de l’art de vivre qu’on ne soupçonne guère maintenant (sauf quelques »dissidents » en vue comme Wei Aiai).
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