Allo, la communauté internationale ? … … Y’a personne !

24/02/2015 

Petite annonce buglée
Chagrin philosophique sur un déménagement à la cloche de bois
En 1950, face à l’agression du Sud de la Corée par l’armée de Pyongyang  »sponsorisée » par Staline, l’Organisation des Nations-Unies avait carrément court-circuité sa Charte. C’est au niveau de son Assemblée Générale, en principe non-habilitée à ce faire, et non pas sur décision de son Conseil de Sécurité (seul compétent, statutairement) qu’elle avait décrété la riposte, conformément au droit de défense collective contre une atteinte grave à la Paix. Le weekend dernier, à Pékin, la diplomatie chinoise s’est glissée – une fois n’est pas coutume – dans la peau du Bon Samaritain : colloque pour rappeler la mission universelle de l’ONU et l’autorité de la Charte. Doux chants de chérubins, larme à l’œil, gloire au Parti… ça mange pas de pain/riz ?

– Mais si, Dr Knock,  »ça chatouille et même ça grattouille ». Intervenant le troisième parmi 193 orateurs, le distingué ministre russe des Affaires étrangères, M. Serge Lavrov, a d’emblée flingué la Colombe de la Paix. Blang ! Que oui, s’est-il déchaîné : l’impérialisme conquérant de l’Ouest avait provoqué le désastre planétaire. La liste des méfaits était longue : Afghanistan, Syrie, Irak, Iran (pour son petit hobby nucléaire), Libye, Sahel (ça, c’est Barkhane, c’est nous !), Nigeria, Somalie, Yémen, … peut être même, RCA, Liechtenstein (paradis fiscal), Monaco (drame princier) et Charlie Hebdo. Nos invasions avaient transformé le monde en enfer sur Terre. Les  »non-soldats-non-russes » de Donetsk et les  »non-agresseurs » lestés de fusées Grad devant Marioupol avaient fort à faire, à grands coups de roquettes, face à la dépravation occidentale. Il leur fallait défendre la seule Charte de San Francisco qui vaille, celle qui s’énonçait en alphabet cyrillique. La Communauté Internationale s’en trouvait à l’état final de sa grave maladie et l’euthanasie se préparait à l’abri des chenilles d’un char (un char  »non-russe » de l’Ukraine orientale ?). Quelle violence ! Même les hiérarques blindés de la Cité Interdite s’en sont retrouvés baba :  »c’est qu’il torpille notre hymne chinois à la Paix, ce cuistre russe-là ! »

Note du responsable de la rédaction : La Communauté internationale étant en cours d’inhumation dans un caveau sans fond, je vais interrompre ce blog, pour une minute de silence jusqu’à la fin du monde, qui ne semble plus être bien loin.

(… et le temps passe, plein de contrition … …. …. et encore …. et encore …. et encore du temps qui passe … et le blog est interrompu … Puis, marche funèbre de Prokofiev…)

– Drrrrrrrrring ! Le monde réel sonne, réveille l’Ourson et le tire hors d’hibernation. Plus de miel sur cette pauvre terre, mon vieux, la Communauté internationale vient d’être écrabouillée extra-judiciairement. Ce fut au petit matin blême, sur le pré carré de la géopolitique! Va falloir faire sans, désormais ! Un vrai coup du sort … pas sympa, Lavrov ….
D’autant plus  »pas sympa » que sur nos écrans blafards, tous les éplorés de la Terre continuent à en appeler à elle, feue-la Communauté Internationale. Ils l’implorent ou l’engueulent pour qu’on les sorte de leur galère. Car il y aurait au total des milliers voire des millions de galères qui s’accumulent, pour lesquelles on demande rituellement :  »mais que fait donc la Communauté Internationale ??? » R.I.P. (c’est la réponse).

– Heureusement qu’il y a la France, laquelle – lorsqu’elle traite du droit international – s’en tire plutôt mieux qu’en sa propre addiction pour les affrontements civils les plus fouillis. Elle se souvient du fameux tour de passe-passe réalisé aux Nations-Unies à propos de la Guerre de Corée. Bien qu’appartenant aux  »Big Five », ce Club des Cinq qui décide de tout à New-York, elle sacrifie tout amour-propre suranné. Elle propose qu’on réforme l’usage du droit de veto au Conseil de Sécurité et que l’on rabote un peu ce privilège princier fondateur :  »ainsi, le Big Five – rehaussé en Big Nine ou Big Ten, pourquoi pas ? – déciderait toujours de tout en matière de guerre et de paix et il pourrait continuer à faire obstacle à toute proposition par le seul fait d’un veto. Mais, ledit veto ne serait plus valide lorsque l’une de ces puissances l’utiliserait pour sanctuariser un  »crime de masse » (de guerre, contre l’humanité, génocidaire, etc.) commis par elle-même. Bravo la France !
Depuis deux ou trois ans, Paris avance sobrement cette recette de bon sens dans la continuité, qui comporte – il est vrai – le risque collatéral d’une bataille de chars au rez-de-chaussée de la  »Maison de verre » de Manhattan. Mais notre diplomatie tient bon et s’adresse aux petits enfants des belligérants actuels, qui, eux, comprendront bien mieux tout son mérite !

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