Accueillir les réfugiés en France… la matraque derrière le dos

FlicAccueillir les réfugiés
Chronique n° 13
On parle beaucoup du parcours du combattant auquel sont soumis les rescapés des conflits d’Afrique et d’Orient.
Ce site a consacré plusieurs articles à ce sujet. Mais, parvenir aux portes de l’Europe, est-ce, pour les victimes des guerres et de la violence, la certitude d’y être accueillis ? Ils sont près d’un million à s’entasser à nos frontières nationales, puisque  »exit Schengen ». Mais pas tant sur le territoire de la  »Patrie des droits de l’Homme », dont la jungle de Calais, les bastonnades policières à Paris, l’inertie administrative et le manque flagrant de volonté de se doter de moyens d’accueil – sans parler de l’interdiction de travailler faite aux postulants à l’asile – ternissent sérieusement l’attrait à leurs yeux… et aux nôtres.

Ne serait-ce que pour ne pas laisser le beau rôle à Mme Merkel et aux Scandinaves, une partie même modeste du flux va devoir être rabattue vers la France. Cette « relocalisation » par les moyens du bord serait au maximum pour un à deux mois, avant que la logistique d’Etat ne prenne le relais. Telle était la première hypothèse traitée par le ministère de l’Intérieur lorsqu’il est apparu, en septembre, que l’option de se fermer totalement aux efforts de l’Europe ne serait pas électoralement plus payante que celle de s’ouvrir un peu.

Sur la foi des directives données par la préfecture, le maire d’une petite commune des Yvelines où l’Ourson fait son miel a donc invité à s’organiser les administrés, associations, paroisses et autres entités locales sensibles au drame des réfugiés des guerres. Nous étions nombreux à cette réunion d’octobre et bien décidés à mutualiser nos contributions sous le chapeau de la commune : héberger les arrivants dans les familles, se partager le fardeau pour que nul ne soit abandonné à ses seuls moyens, participer à l’insertion sociale, à la découverte du territoire, à l’initiation linguistique et culturelle, assurer un accompagnement pour les démarches administratives… la bonne volonté ambiante créait même un lien d’amitié entre les participants, c’était vraiment bien !

Puis, l’initiative du maire n’a plus reçu d’écho de la préfecture et nous sommes restés tous en stand-by. Finalement, on a appris que quatre étudiants irakiens étaient venus loger dans l’appartement de secours de la commune, pas chez les résidents. En fait, il s’agissait de réfugiés déjà présents dans les Yvelines et que l’on rapprochait de la fac où on les avait inscrits, à Versailles. Pas très sensationnel ! Toujours dans le 78, les Jésuites accueillaient une soixantaine de rescapés des guerres, dans un ancien monastère transformé à la hâte (en centre de rétention ?). Là encore, la préfecture gérait seule, en séparant les flux et en isolant les nouveaux arrivants.
Finalement, à notre grande déception, la mairie a laissé transpirer de nouvelles directives de l’Intérieur, répercutées par la préfecture : pas d’hébergement commun d’étrangers avec des résidents français; centralisation par un organisme d’Etat de l’allocation des logements  »autonomes » où les réfugiés seraient strictement confinés entre eux; pas d’hébergement, sauf exception, en Ile de France : on va donc disperser le flux humain aux quatre coins de l’Hexagone, là où il ne s’attend pas à se retrouver. Une drôle de solidarité à la sauce policière de l’Etat, tenant à distance ses citoyens.

On pourrait mieux faire pour accueillir ces gens ayant tout perdu que de les traiter en cinquième colonne jihadiste (ou autres subversifs), alors qu’ils en sont pour la plupart les victimes et qu’ils représentent aussi le principal espoir pour la reconstruction future de leurs pays.
Pour rester dans les clous de l’admission à l’asile (12.000 personnes par an depuis de nombreuses années, peut être 20.000 désormais si tous les réfugiés de guerre sélectionnés sont admis), on va procéder de façon expéditive à l’éloignement de ceux venant de pays moins incandescents que la Syrie. La réforme de la loi française sur l’asile, en vigueur à compter du 1er novembre 2015, va actionner un terrible couperet contre ceux qui émergeront du processus comme « réfugiés économiques » (une étiquette infamante, qui vous tue), leur vie serait-elle autant en jeu que celle des autres.

Espérons, pour ceux qui seront finalement accueillis avec froideur et en nombre ridiculement restreint, que les citoyens-électeurs honnêtes dénonceront ce déficit d’humanité de la classe politique et de la haute administration. Même si d’autres, plus nombreux, dénonceront machinalement une  »invasion » du Pays, totalement imaginaire.

notre aimable sommaire au fil de l’Ourson …

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