Quoi de plus vintage, quoi de plus ‘’plouc’’ que les droits humains ? Rien. Il y a dix ans on décriait les droits de l’Homme. Il y a cinq ans, on les moquait. A présent,beaucoup reient leur existence. Tout simplement. Quelle faute impardonnable !
Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix, pionnier du combat démocratique en Chine, est mort le 13 juillet, de mauvais traitements, d’enfermement, d’abandon, au terme d’un calvaire abominable. Ses geôliers l’ont extirpé mourant de sa cellule, lui refusant une dernière chance de soigner à l’étranger son cancer du foie. On l’a laissé mourir à l’hôpital. Son épouse, LIU Xia reste en résidence surveillée. Son nom est banni des médias nationaux. Le mouvement qu’il avait créé pour réclamer les libertés formelle inscrites dans la constitution du pays, meurt avec lui. Bien peu de ses camarades, démocrates, pacifistes et humanistes pourront évoquer sa mémoire. Elle est tabou … N’en parlons plus ?
Trente ans plus tôt, ce Vaclav Havel chinois (son mouvement, la Charte 08, a été décalqué de la Charte 77), qui risqua sa vie à conseiller les étudiants de Tianamen jusque sus la mitraille des soldats, aurait été pleuré par tous les défenseurs des libertés et des droits humains. Des serments auraient été prononcés pour poursuivre son œuvre jusqu’à ce que les Chinois obtiennent la maîtrise de leur propre destin. Ils le méritent assurément. Des millions de pétitions outragées auraient bombardé Zhongnanhai, le village des froids dirigeants infaillibles. Le Monde compare justement LIU à un Nelson Mandela du Royaume céleste. C’était un on-violent acharné. La même terrible répression l’a frappé mais, hélas, pas le même destin.
– C’est nous qui avons changé. L’époque où l’on palpitait pour Soljenitsyne ou pour Lech Walesa n’est plus. Les champions de la liberté et de la solidarité humaine nous touchent moins. Mourir en marge d’un G 20 est, en plus, une très mauvaise idée. Xi Jinping, le grand patron de l’Etat-Parti, y siégeait en tant que premier acheteur, premier vendeur du monde, à la tête ses réserves de change les plus conséquentes qui soient. Trump lui a rendu un vibrant hommage. XI – pas LIU, s’entend – : ‘’un homme bon’’, ‘’très compétent’’ et notre Lapin jovien aux yeux bleus lui a rendu le service minimum qu’imposaient l’intérêt national et le bas niveau de nos finances publiques : ‘’un des grands leaders de notre monde ‘’. Quand vous dirigez 20 % de l’humanité, vous ne pouvez pas en effet valoir moins que ça. Le premier prix Nobel chinois n’a régné, lui, que sur nos consciences. Le président français s’est ensuite poliment fendu d’un tweet à la mémoire du grand intellectuel martyrisé. Pour la forme. C’est vrai, XI Jinping ne s’exprime jamais sur les réseaux sociaux.
Fichue liberté, fichus droits de l’Homme (de la personne humaine), on tient pourtant à eux !