
En écoutant les news ce matin, je sentais les missiles iraniens et israéliens me frôler l’occiput. Je me suis dit qu’il devrait être fortement décommandé de relire l’apocalypse de l’apôtre Jean. Plus l’incandescente scène mondiale revêt un manteau crépusculaire, plus on doit – croyez-moi – s’efforcer de s’extraire des prophéties. Cela, de crainte qu’on les amène à s’autoréaliser finalement. Le principe de Günther Anders énonce que plus c’est menaçant, plus c’est réel, moins on veut le voir. Mais là, j’ouvre un cas particulier : non, Trump n’est pas (tout à fait) l’Antéchrist ! Non, Bibi Nétanyahou n’est pas (totalement) l’Archange de la fin des temps ! Non, l’ayatollah Khamenei n’est pas précisément un avatar du grand prêtre Caïphe, qui décréta la passion du Sauveur ! Oublions ça.
– L’Américain et l’Israélien ont concocté ensemble le torpillage de l’accord nucléaire de juillet 2015 avec l’Iran et, dans la foulée, une nième guerre en Syrie. Celle-ci va partir dans tous les sens et sur toute la région. Ces deux-là sont embringués dans des affaires judiciaires en série sur leur scène intérieure. Ils ne peuvent survivre politiquement qu’en se vendant au lobby de la guerre. C’est tout comme les gardiens iraniens de la révolution dont la mission est de piller l’économie civile exsangue en propageant le « jihad chiïte ». Depuis les officines de guerre privée US (comme Halliburton), les russes (le groupe de mercenaires « Wagner ») et les israéliennes jusqu’aux centurions friqués de la République islamique, tout ce petit monde va se remplir les poches.
Aujourd’hui ce sont les missiles, demain, ce seront les armes de destruction massive, puis le chantage nucléaire, l’enchaînement des conflagrations par le jeu des alliances (comme en 1914). Poutine, dans un pays économiquement stagnant et frustré sait ne pouvoir rester au pouvoir que comme chef de guerre, ainsi qu’on l’a vu en Georgie, en Ukraine et en Syrie. Au passage, voilà qui donnera une bonne chance de resurgir à ce qui reste de Daech. Bientôt on découvrira que l’Arabie saoudite, non contente d’agresser les populations du Yémen depuis trois ans, développe, en sous-main mais à marches forcées, l’arme nucléaire, ne laissant à l’Iran d’autre choix que de reprendre son propre programme illégal, arrêté en 2015.Tout aussi expansionniste et agressive, la Turquie d’Erdogan ne voudra se retrouver en reste,dans un environnement régional aussi explosif… l’Amérique ne pourra pas ne pas venir au secours d’Israël en déployant tous ses muscles, ce que fera également la Russie en soutien à ses vassaux iranien et syrien. A Paris, Jupiter appellera au calme, sans recevoir le moindre écho en retour et devant un parterre d’Européens veules et muets, planqué sous la table.
– Ensuite, au choix : des Français massacrés au grand Moyen-orient, le retour des attentats sur notre sol, la route du pétrole et de l’Asie coupée (la Chine en profite pour évincer complètement le Vietnam et quelques autres de Mer de Chine du Sud et la Corée du Nord pour terroriser le Japon), l’Amérique nous intimant de la suivre dans une guerre globale, ou un autre scénario à me signaler. Bref, une vrille vicieuse se mettra en marche à l’échelle planétaire… Merci, Onc’ Donald ! Merci, Tonton Vladimir ! Merci à tous !
Ma conviction est qu’une priorité absolue devrait être apportée à la survie de l’humanité civile non-belligérante (et généralement citadine). L’intérêt porté au droit international humanitaire (ce qu’on appelait autrefois de façon ambiguë, le « droit de la guerre » mais qui est celui des victimes et otages) est infime, par rapport à celui qui va à la lutte contre le CO2. En gros, on ne sait pas si l’engeance Sapiens sera dégagée de terre par le feu ou par l’eau, le balistique ou l’hydraulique… Mais ne faites pas votre choix: il ne vous appartient pas et notre survie est un sujet trop complexe pour que les humains y soient longtemps attentifs ! Plus la menace est énorme, moins elle apparaît devant nos yeux, disait donc Anders. A fortiori, quand on imagine ne pas être immédiatement et directement concerné. Cette sage idée de se tenir à l’écart ne tient jamais très longtemps. A bientôt, quand même !
Synthèse brillante et culture panoramique (jamais entendu parler d’Enders) Beaucoup à dire. Un blues compréhensible. Une galerie de tarés va-t-en guerre, exacerbant les nationalismes à coup de propagande,de religion et d’abrutissement, détournent l’attention de leurs misères internes. Des calamités sans nom guettent, le tout sur fond d’apocalypse écologique à horizon un siècle d’ici. Pas de quoi se bidonner en effet. Mais trêve de paraphrase.
Quelques envolées rapides: l’Arabie Saoudite voudrait la bombe? L’Iran vassale de la Russie? Daech ressusciterait?
Et une micro-lueur. Le pire et la théorie des dominos ne sont pas certains. Et si les chefs voulaient limiter le conflit à une zone déterminée tout en s’agitant en matamores, tels Trump et Kim avant l’accouplement?
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Ciel, un lecteur-commentateur !
Il acquiesce à mon constat : l’heure géopolitique paraît grave, avec des pirates aux manettes des Etats.
Il tente aussi de me consoler: plutôt que de viser le mega jack-pot et vitrifier la planète d’un seul coup, les hyènes de guerre pourraient se contenter de partager une petite pension régulière en œuvrant loin de nos chaumines. « Qui va piano va sano ». Je me sens déjà mieux, merci Philippe !
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