Ceux qui ont connu les années 1980 de la « Détente » agonisante, se souviennent qu’ils avaient furieusement milité contre l’installation en Europe des missiles américains Pershing. Ces armes nucléaires de portée intermédiaire, limitée de 500 à 5500 km, étaient vouées à un règlement de comptes entre les deux « super-grands » d’alors, sur leur théâtre d’affrontement européen. A raison, cela faisait horreur à la jeunesse citoyenne et pacifiste : combien de millions d’Européens risquaient de s’en trouver condamnés, tôt ou tard, à la vitrification subite ou à une leucémie lente, sans savoir exactement d’où et sur l’ordre de qui l’holocauste leur tomberait sur la tête ? Elle oubliait seulement, cette belle jeunesse, que du côté de l’Oural, des milliers d’euromissiles SS 20 soviétiques ciblaient l’Europe occidentale, sans qu’on en ait guère dit mot ! L’équilibre de la terreur s’est finalement rétabli, de part et d’autre, en dépit des manifestations immenses contre l’administration Reagan et c’est probablement à cela que l’on doit trois résultats bénéfiques : l’absence de folie aventuriste à l’Ouest comme à l’Est, la survie de l’Union européenne et, en 1987, le Traité sur les Forces Nucléaires Intermédiaires (FNI ou les « euromissiles »), qui plafonne et régule le déploiement de ces armes de destruction massive. N’en déplaise aux partisans du désarmement dans le déséquilibre, la stabilité s’est maintenue, jusqu’en 2019 en tout cas … mais pas beaucoup plus, on peut le craindre.