A quelques semaines de la présidentielle américaine, Vladimir Poutine propose à Washington un échange de »garanties mutuelles » dans le domaine numérique : ‘’l’un des défis majeurs du monde contemporain est le risque d’une confrontation d’ampleur dans le domaine numérique ‘’.
Le grand praticien de la ‘’guerre hybride’’ ( infox sur les réseaux sociaux, déstabilisation des dirigeants, intrusion dans le jeu démocratique des Etats ciblés, brouillage des esprits pour créer ’’ l’indifférence civique’’) en sait quelque chose. Alors qu’il est régulièrement accusé de s’immiscer dans les élections des pays occidentaux, avec un évident succès en 2016 (campagnes pour le Brexit et pour l’élection de D. Trump), cette proposition de non-ingérence dans les media électroniques, formulée sur le site internet du Kremlin, ressemble un peu à l’offre que ferait un pyromane de partager avec ses victimes les services de sa brigade de pompiers. On a beaucoup de mal à y voir de la sincérité et on pourrait même soupçonner un petit service rendu à la réélection de Trump. Au-delà du partenaire et souffre-douleur américain, qui n’a besoin de personne pour se déstabiliser tout seul, le pacte de Poutine serait destiné au reste du monde. Il viserait ainsi à placer la Russie au cœur du système mondial de l’information, ouvrant la perspective qu’elle en assure – avec maestria – la manipulation globale.
Ce serait aussi un mauvais coup porté à l’UNESCO et au système des Nations-Unies, imparfait mais tellement plus démocratique et pluraliste que le FSB russe pour traiter du droit à l’information et de la liberté professionnelle des journalistes !
Ce projet d’accord mondial, par lequel les Etats s’engageraient à ne pas lancer la première frappe numérique, sert accessoirement de diversion aux menées guerrières de la Russie à l’Est de l’Europe, en Afrique et au Proche-Orient. De même, à la pesanteur de sa mainmise stratégique sur la Biélorussie en pleine ébullition démocratique. Eclipserait-elle un peu son évidente responsabilité dans la tentative de meurtre du principal opposant du Kremlin, Alexei Navalny ? Qui voudrait d’un tel hochet empoisonné ?
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