*10 octobre – Même si l’issue en est heureuse, il est délicat de commenter une affaire d’otage

Brèves des jours précédents

Sophie Pétronin, la dernière otage française dans le monde, a recouvré la liberté au Mali, au terme de quatre années de détention aux mains de groupes jihadistes plus ou moins affiliés à Al Qaïda. Elle a été accueillie sur le tarmac de Villacoublay par sa famille et par le président Macron, une scène riche en émotions et qui suscite empathie et admiration pour son incroyable résilience physique et mentale. Âgée de 75 ans, Mme Pétronin, dirigeait une petite ONG franco-suisse d’aide aux enfants souffrant de malnutrition. C’est bien pour son activisme humanitaire et ses liens d’amitié avec la population qu’elle a été enlevée le 24 décembre 2016 à Gao, dans le nord du Mali.

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans, sous la bannière duquel différents ‘’revendeurs d’otages’’ ont opéré est précisément l’un des principaux à affronter les militaires de l’opération Barkhane, dans la même région. Deux cents combattants jihadistes – dont l’identité n’a pas été divulguée – ont été libérés en échange, par la junte malienne. Celle-ci aurait de plus concédé une rançon conséquente (10 mns € ?). Ils vont donc reprendre les armes et en acquérir de nouvelles pour la ‘’chasse aux Français’’, ce qui a de quoi donner le blues à la cellule diplomatique de l’Elysée et à l’Etat-major. Nouveaux combats, nouveaux otages en perspective, possible nouveau lâchage par les autorités maliennes de ce qui devrait être un partenariat solide avec la France, pour la défense et l’unité du Pays. Mais la solidité n’est pas là. Bamako obtient le retour de M. Cissé, ancien candidat d’opposition à la présidentielle et l’un des ténors de la vie politique malienne. Rome, dont les services semblent avoir eu un meilleur accès aux négociations que la DGSE française, rend à la liberté un prêtre et un ‘’jeune homme’’ ( ?) italiens, petite vexation au passage pour la caserne Mortier.

Vu sous cet angle, on comprend mieux le peu de jubilation du gouvernement français et peut-être – ce n’est qu’une hypothèse -sa réticence à trop s’impliquer au cours de ces dernières années dans un casse-tête où l’objectif à court terme (la libération de l’otage) pouvait ruiner l’objectif de plus long terme (sortir par le haut du guêpier sahélien). La schizophrénie s’insère souvent dans le travail de conduite de crise. Entre deux écueils, on hésite à l’infini entre le ‘’moins pire’’ et le ‘’plus proche’’. C’est un peu la conscience qui parle; un peu le hasard qui oriente; beaucoup, la politique qui tranche. Mais qui pourrait prétendre honnêtement détenir LA formule absolue ?

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