Pierre Larrouturou, rapporteur général du budget de l’Union au Parlement européen a entamé une grève de la faim depuis une bonne semaine. Le député européen affilié au groupe des Socialistes et Démocrates veut, par ce geste, attirer l’attention des institutions européennes sur les opportunités manquées affectant le projet de budget qui sera voté dans les prochaines semaines et qui définira la perspective financière européenne pour la période 2021-2027.
Il réclame une rallonge substantielle (50 milliards €/ an) de la part consacrée à la lutte contre le dérèglement du climat. L’effort de court terme accompli sur le plan de relance a, en effet, conduit à réduire les ressources de ce chapitre sur le plus long terme, dans le cadre du budget septennal. Le rapporteur demande qu’y soit associé un plan d’adaptation sociale ambitieux. Pour se faire, plutôt que de ‘’tirer’’ à l’infini sur les ressources des marchés financiers, il revendique l’instauration, à partir de 2024, de la taxe sur les transactions financières (TTF), souhaitée au-delà même de la gauche, depuis des décennies (la fameuse taxe ‘’Tobin’’, des années 1970-80). La majorité des eurodéputés se sont ralliés à cet outil financier. Il devrait rapporter quelque 50 milliards d’euros chaque année.
Pour Larrouturou, » ce n’est qu’une fois tous les sept ans qu’on va déterminer s’il y a de l’argent pour le climat, pour la santé, pour la recherche, ou encore pour les réfugiés, le budget européen n‘étant plus discuté par la suite ». D’où l’urgence à agir et le choix d’une certaine dramatisation des enjeux. ‘’Si, pendant sept ans, il n’y a pas d’argent pour isoler les maisons ou développer les transports en commun, c’est foutu’’. ‘’Pour simplement acheter de quoi manger, il faut acquitter 5,5% de TVA, mais si on va acheter des actions et des obligations sur les marchés financiers, la taxe, alors, c’est 0%.’’. En supposant qu’on paie 0,1%, et 0,01% de taxe sur les obligations ou le trading à haute fréquence, ça ferait rentrer 50 milliards de recettes en plus, chaque année, sans demander un centime au citoyen’’. Mais, note-t-il, »avec le projet proposé par la France, ce sont 99% des transactions qui ne seraient pas taxées ! ». Autant dire que l’adoption d’une ressource et donc d’un plan d’action efficaces est bloquée par Paris. Le rapporteur propose une coopération renforcée entre pays-membres adoptant la taxe sur les transactions financières. Ceux qui taxeraient la spéculation apporteraient cette ressource à l’UE qui, en échange, les dispenserait de rembourser le plan d’urgence de 390 milliards € voté en juillet. D’autres gisements fiscaux sont aussi à exploitables parallèlement, telle, la taxe sur les plastiques non-recyclés (7 mds de rendement par an).
Au lendemain de la Convention citoyenne sur le climat, ce débat essentiel pour notre avenir est pourtant très peu couvert par les médias et par la classe politique. Dommage !