Joe Biden n’a pas perdu de temps pour évoquer avec Vladimir Poutine les sujets qui fâchent. Dans le sillage de sa mise au point avec la Chine (cf. brève d’hier), il engage un dialogue avec Vladimir Poutine, mi-critique, mi-coopératif. Il s’agit de sortir de la ‘’non-stratégie’’ russe de son prédécesseur, faite d’ambiguïté langagière et de passivité, presque complaisante, dans l’action. Le nouveau président clarifie la donne : les sujets d’équilibre stratégique n’attendent pas, notamment ceux touchant aux armes nucléaires et à la prolifération. Au téléphone, les deux dirigeants ont ainsi fait état d’un « accord de principe » entre eux sur deux dossiers sensibles.
Ils convergent tout d’abord sur la volonté de renouveler pour cinq ans l’accord New Start (Strategic Arms Reduction Treaty) qui expirera le 5 février. Il s’agit d’une urgence absolue. Ce Traité de 2020 est le pilier de l’équilibre intercontinental. Il limite à 700 le nombre de lanceurs stratégiques déployés et à 1 550 celui des ogives nucléaires dont ils sont équipés. S’y ajoute un protocole d’inspection et de vérification. L’accord de principe conclu au téléphone donnera lieu sous peu à formalisation par la voie diplomatique. C’est une heureuse nouvelle pour le monde.
-Même volonté d’apaisement de la part de Joe Biden, relativement à l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien. Washington souhaite le réintégrer et fermer la parenthèse ouverte par Trump en 2018, mais en évitant de concéder unilatéralement. Poutine protège, du moins en apparence, l’intransigeance du régime des mollahs et invite son interlocuteur à lever ses sanctions, sans condition ni contrepartie (ce que le Congrès n‘accepterait pas). Faire preuve de souplesse mais pas de naïveté et garder la face : la Russie ne jouera pas les bons intermédiaires sans quelque forme de rétribution.
En matière de coopération diplomatique, secteur où la relation passée s’apparentait à un jeu de dupes, J. Biden tient à se montrer ferme. Concernant l’Ukraine, il réaffirme un ‘’ferme soutien à la souveraineté de Kiev, face à l’agression persistante de la Russie ». Il dénonce aussi l’empoisonnement puis l’arrestation d’Alexeï Navalny et, de même les cyberattaques – attribuées aux trolls russes – sur les institutions d’Etat de Washington Il évoque aussi certaines informations comme quoi la Russie aurait payé des « primes » à des Talibans pour tuer des soldats américains en Afghanistan. La maison Blanche se fend, au passage, d’une mention de la protection des intérêts de ses alliés contre les mauvais coups de la Russie. Décidemment, les tergiversations rageuses de l’époque Trump ne sont plus de saison. America seems to be back…