* 09 février – Tiananmen se traduit comment en birman ?


Malgré l’interdiction de rassemblement, le couvre-feu et la loi martiale -imposée dans une partie du pays-, rien n‘y fait : le mouvement de contestation populaire ne faiblit pas contre le putsch militaire en Birmanie. Il s’étend à travers tout le pays et précipite sur la voie publique des centaines de milliers de mécontents, indignés par l’arrestation de leur héroïne nationale. Pauvres Birmans ! C’est la troisième génération de ce peuple composite à réclamer ses libertés fondamentales, après les mouvements démocratiques de 1988 (un  »Tiananmen » post-électoral, avant le Tiananmen chinois) et 2007 (la ‘’révolution de safran » menée par les moines et violemment réprimée par l’armée).


.A chaque fois, la puissante narco-mafia galonnée met fin brutalement à leurs espoirs. Cette fois-ci, les généraux empruntent à D. Trump le prétexte de fraudes ‘’fantômes’’. Les dictateurs militaires se succèdent à Rangoun ou à Naypyidaw, la nouvelle capitale conçue dans leur esprit, mais c’est toujours le même genre de têtes de béton qui bâillonne les libertés et garde la main sur les deux économies : la légale et l’autre, jamais loin des armes et de l’opium. Leur hermétisme au peuple et à l’humanisme fait depuis la décennie 1960 le malheur des 56 millions de Birmans actuels. La cohabitation brutalement rompue avec Aung San Su Kyi n’était qu’un pis-aller économiquement, utile pour attirer l’investissement étranger et pour les soulager un peu du carcan de la réprobation internationale. L’ascension de Su Kyi était mal vécue par une grande partie de l’état-major. Outre cette personnalité-phare, parvenue à la tête de l’Exécutif, plus de 150 personnes – élus, responsables locaux, intellectuels – croupissent en détention. Depuis 2015, la persécution et l’expulsion du Pays des populations Rohingyas leur faisait calculer que l’étoile de la dame de Rangoun avait suffisamment pali pour qu’elle reste malléable et soumise à leur influence. Las ! La National League for Democracy a gagné haut la main les élections générales de novembre et la junte a pris peur.

Il faut soutenir les Birmans – comme les Biélorusses, les Algériens, les Libanais, les Russes soutenant Navalny, etc. sans se faire trop d’illusion sur le rapport de force implacable Armée-Population, qui permet aux militaires de régner par la terreur. Assez souvent, le hasard se met du côté des courageux.

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