Comment Kim Jong-Un, qui règne sur une »économie-hermite », dramatiquement dénuée de cash, parvient-il à financer ses missiles et ses ogives ? Ce sont, avec le ginseng, les seuls produits exportables par la Corée du Nord. On se souvient que l’appareil militaire démesuré de ce pays et sa diplomatie ont longtemps été sous perfusion des revenus de trafics internationaux. Le cash était colporté par des valises diplomatiques, par ailleurs pleines à craquer d’alcools et de tabac de contrebande. Depuis, la dictature s’est modernisée. Donc, point de surprise à voir Pyongyang adhèrer avec passion au Bitcoin, au point d’avoir dérobé 300 millions de dollars de cette cryptomonnaie au cours des derniers mois. Les blockchains censées rendre les transactions infalsifiables ont bel et bien été contournées par les trolls de Kim.
Alerte ! Car le Royaume-casemate s’exprime aussi via des attaques informatiques sans aucune modération. Entre autres exploits, Pyongyang est soupçonné d’avoir dérobé, en 2016, 81 millions de dollars à la Banque centrale du Bangladesh (BCB) et, en 2017, 60 millions de dollars à la banque taïwanaise, Far Eastern International. La liste est bien plus longue. Plus efficace que la contrebande et les produits frelatés, ce type d’agressions permet de financer les programmes nucléaires et balistiques interdits. L’ONU vient de publier sur la question un rapport édifiant. Sur la carte mondiale du crime organisé, qui avoisine 20 % du PIB global (on n’en saura jamais le montant caché exact), la ‘’République démocratique populaire’’ pèse de tout son poids. Elle constitue un exemple inquiétant de symbiose des criminalités : terreur et assassinat comme mode de gouvernance, chantage à la guerre nucléaire comme diplomatie, exportation de technologies interdites comme activité marchande, trafics commerciaux en tous genre, cyber-terrorisme, pour le plaisir et pour l’argent … enfin, recours massif au bitcoin (volé), la monnaie sans maître ni loi, créée par une mafia pour être utilisée par les mafias et par quelques gogos.
L’homme le plus riche du monde n’est certes pas criminel et on aurait du mal à le penser naïf. Pourtant, le fondateur et patron de Tesla annonce avoir investi 1,5 milliard de dollars dans le Bitcoin. Lui ne le vole pas. Il ouvre du même coup à sa clientèle la possibilité de payer, au moins en partie, avec la ténébreuse cryptomonnaie. Du coup, le Bitcoin cartonne à 37 000 euros et il progresse de 1 100 % en un an, remplissant les poches de Kim Jong-Un, des Totorino et autres Escobar de la planète et, bien sûr, celles d’Elon Musk lui-même. Bravo, merci et encore ! Grâce au génial concepteur, les maîtres-chanteurs, ravisseurs, tueurs à gage et autres coupeurs de jarrets de la planète -sans oublier les super-dictateurs -vont rouler quasi-gratuitement en Tesla roadster à 215.000 € (une belle caisse).