* 17 février – Panne-Covid

Dans leur combat contre le virus, les démocraties d’Europe pratiquent un chemin de crête entre la quarantaine stricte et le ‘’vivre avec ‘’. L’empirisme se niche dans l’urgence et le secret d’Etat et on alterne, en fonction de la propagation du virus et de la capacité disponible des hôpitaux, des mesures de restriction graduées puis des concessions à la frustration sociale. En l’absence d’un véritable débat, parlementaire ou populaire, la parole et les options prophylactiques appartiennent à un conseil scientifique un peu anonyme et enfermé dans son savoir théorique. Les décisions restent en fait hypercentralisées et d’application nationale uniforme. En France, c’est le Conseil de défense qui les dicte, sous l’autorité décisive du président de la République. Le public n’a pas à en connaître la genèse ni les motifs exacts. Comment, au niveau du citoyen qui observe les multiples dysfonctionnements du ‘’système’’, se fier à une perspective durable, à une ligne d’action stable et compréhensible, à une échéance libératoire ? Il se contentera de prier ou de grogner pour que soit évitée la répétition des erreurs passées.

Certains spécialistes plaident pour un alignement de l’Europe sur la stratégie « Zéro Covid », qui vise à éradiquer totalement la circulation du coronavirus dans une zone de contagion donnée (délimitée), grâce à des mesures draconiennes dès que des cas apparaissent. En bref : purger complètement le réservoir de germes, très en amont (grâce aux tests) et contrôler les foyers d’infection sans aucune concession libérale aux populations isolées et traitées. Parallèlement, la vie normale peut alors se poursuivre dans les zones où le virus ne circule pas. Faible nombre de décès, quasi-continuité de la vie économique, reprise ensuite de la vie sociale et des activités scolaires, de loisir et sportives, désengorgement des infrastructures sanitaires, tels sont les avantages significatifs que ces pays en ont tirés. Cette approche a fait ses preuves en Asie et en Océanie, dans des pays tels la Chine, Taiwan, la Nouvelle Zélande, l’Australie, etc., mais est-elle applicable en Europe ?

L’option « Zéro Covid » paraît nettement préférable à la « ‘stratégie de mitigation’’ des pays occidentaux, qui organise, entre deux vagues d’épidémie, un ‘’vivre avec’’ le virus plutôt inquiétant. En Europe », la mobilité n‘est pas plus grande, ni la densité de population plus forte qu’à Taiwan, Singapour ou qu’en Chine populaire. Et, avec la fermeture actuelle des frontières, la ‘’contamination par l’extérieur’’ ne joue plus. L’organisation territoriale en sous-divisions (de la municipalité à la région) permettrait une application bien plus ciblée des mesures évitant de généraliser la détresse du corps social. Alors, pourquoi ? Cherchons peut-être les explications dans les vieux réflexes westphaliens ou jacobins qu’ont les détenteurs du pouvoir, dans l’effacement forcé des corps intermédiaires, dans la peur de la bureaucratie de perdre le contrôle ou de devoir rendre compte devant la justice. Considérons aussi le mille-feuilles figé de nos institutions, notamment dans la santé, la paresse des médias, qui ne pensent plus et n’aide plus à penser, la sacro-sainte méfiance qui préside partout aux affaires publiques. L’état d’urgence et ses multiples avatars inutiles ont effrité nos libertés mais aussi notre volonté de réagir. Une panne de vision générale nous paralyse et nous accable. Pas joyeux !

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