* 20 février – Aid, not Trade

A partir du 1er mars, le bureau de directeur général au siège de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Genève, sera occupé par la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala. Sa nomination a été actée le 15 février et elle entre dans l’histoire en tant que première femme et première Africaine à diriger l’OMC. Forte d’un CV impressionnant en matière de leadership, l’ex-directrice générale de la Banque mondiale a fait carrière durant 25 ans dans cette institution. Auparavant, elle avait été ministre des Finances puis ministre des Affaires étrangères du Nigeria. Elle incarne à la fois l’émergence de femmes dans les plus hautes strates politiques et multilatérales et l’insertion de l’Afrique dans la mondialisation, dans la version libérale de celle-ci, s’entend.

 A la suite de la démission fin août du Brésilien Roberto Azevêdo, huit personnalités avaient postulé. Au final, Ngozi Okonjo Iweala l’a emporté sur la ministre sud-coréenne du commerce, mais, en octobre 2020, le processus de désignation a été bloqué par l’administration Trump, fermement décidée à enterrer l’OMC une bonne fois pour toutes. Avec Joe Biden, l’obstacle a été levé.

En Afrique, les attentes sont bien sûr nombreuses vis-à-vis de la nouvelle ‘’patronne’’ du commerce et des contentieux qu’il génère. L’enjeu principal est la montée en puissance le Continent noir  dans la chaine de valeur mondiale, en symbiose avec la mise en œuvre (laborieuse) de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).Mme Okonjo a déjà prononcé quelques paroles fortes contre le nationalisme vaccinal et pour une solidarité de tous face au Covid. Cependant, alors que la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine s’installe au premier plan des priorités pour les grands acteurs du commerce, la directrice générale et l’OMC vont devoir se battre  pour ne pas être neutralisés par le ‘’combat des chefs’’.

En panne depuis 2001 (échec du cycle de Doha), il a fallut attendre la Conférence de Bali en 2013 pour voir l’OMC accoucher d’un « paquet de Bali » – premier accord multilatéral depuis la création de l’OMC en 1995 –  dont le contenu, très pauvre, traduit bien la survie difficile et l’influence faiblissante de l’Organisation. Dans les années suivantes, l’Inde a bloqué les débats en refusant toute régulation sur les subventions agricoles. Quelques mesures de solidarité avec le Sud ont été adoptées à Nairobi, en 2015, mais aucun dossier autre que des contentieux interminables, n’est discuté à Genève entre les grands acteurs. Ceux-ci traitent ailleurs les voies du commerce. La mondialisation se décline désormais sous la forme d’accords régionaux de  »bloc », comme celui que la Chine a porté, fin-2020,entre l’Asie et l’Océanie. Ils reflètent le rapport de forces (contrairement à l’OMC ou chaque Etat détient l’égalité juridique avec les autres) et font totalement abstraction des clauses de solidarité ou du mécanisme de la ‘Nation la plus favorisée’’, sur lesquels repose la gouvernance  de l’Organisation. Qui peut dire si ces forteresses continentales du commerce se fondront un jour – très lointain – en un marché mondial unique ? Privée de relais multilatéraux, la nouvelle directrice générale n’aura guère d’autre option que celle visant à consolider, si c’est encore possible, un bloc limité de bonnes volontés autour d’un monde émergent marginalisé par les grands, dans les échanges globaux.

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