* 23 février – Le mal vivre des Algériens

Des centaines de milliers de manifestants envahissent les rues d’Alger, pour marquer le second anniversaire du Hirak, ce mouvement populaire de rejet de l’Algérie des vieux généraux et des anciens combattants cramoisis. Depuis 2019, la population active et les jeunes n’ont cessé d’exprimer leur rejet de leur classe dirigeante, corrompue et inerte. A la contestation du régime zombie de feu-Abdelaziz  Bouteflika a succédé, après l’effacement du président-momie, la dénonciation de la corruption et l’inertie mortelle d’un système tout juste bon à boucher l’avenir aux générations montantes. La pandémie de Covid-19 a porté un coup d’arrêt au mouvement, les militants ayant dû suspendre leurs manifestations du vendredi. Les problèmes comme la frustration qu’ils génèrent à travers tout le pays sont restés là, en dépit d’élections présidentielles en forme de hold-up. La mobilisation reprend alors, sous un nouveau président, de retour d’un traitement médical en Allemagne, ce qui évoque étrangement son prédécesseur. Les revendications n’ont pas changé : « Nous sommes venus pour réclamer votre départ », scandent les protestataires. Mais l’accès à une alternative de régime leur est bien fermé par une constitution taillée pour l’autocratie. Sur la chaussée, les acteurs sont hétéroclites, divisés et politiquement peu formés.

Face à eux, l’establishment militaro-notable garde encore des ressources importantes pour manœuvrer. Le président  Abdelmadjid Tebboune paraît vouloir calmer le jeu, du moins dans un premier temps. Il vient de décréter une amnistie pour une soixantaine de détenus d’opinion dont l’opposant Rachid Nekkaz et le journaliste Khaled Drareni, condamné à deux ans de prison en septembre pour avoir seulement couvert dans ses articles la vie du mouvement populaire. Il a parallèlement dissous l’Assemblée populaire nationale, dont le mandat aurait du se prolonger jusqu’en 2022. Sa décision ouvrira donc la voie à des législatives anticipées avant six mois. Il a également procédé à un remaniement gouvernemental sans portée majeure, puisque l’impopulaire premier ministre, Abdelaziz Djerad, reste à son poste malgré sa gestion calamiteuse de la crise sanitaire et son bilan économique plus que maussade. Ainsi, la monnaie se dévalue, l’inflation galope, la croissance sera négative cette année et des opposants croupissent encore dans les prisons. La méfiance va persister tant qu’aucune perspective ne se dégage entre l’obsession de l’ordre statique des généraux et l’amorce de concessions sur les fondamentaux du système. Souhaitons un peu de chance à la jeunesse algérienne !

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