* 21 avril 1974 – Toyota tchadiennes et boucle en rond

Trois coopérants étaient enlevés à Bardaï, dans le nord-ouest du Tchad. Ce kidnapping aura fait connaître la rébellion des Toubous du Tibesti et son chef : Hissène Habré. Celui-ci, parti de sa base libyenne à la tête d’une colonne de pic-ups Toyota armés, tentait de fondre sur la capitale, N’Djamena. Habré a retenu en otage l’archéologue Françoise Claustre pendant 33 mois, avant que son ‘’Frolinat (Front de libération du Tchad) ne parvienne à s’empare du pouvoir. Il cherchait à échanger ses otages contre des armes et de l’argent. Les négociations secrètes ont violé tous les principes de droit publiquement affichés par le gouvernement français et par son ambassadeur au Tchad (dans les faits, totalement court-circuité et abusé). Le commandant Pierre Galopin, qui les menaient, dans l’espoir d’obtenir’’ par la bande’’ la libération des deux prisonniers Français, sera exécuté par les rebelles en avril 1975. Venant de Libye ou du Soudan, les colonnes de pic-ups armés descendant vers le Sud vont se succéder comme une routine, au fil des décennies et des raids armés sur la capitale. Le Tchad ne connaît pas d’autre forme d’alternance qu’on aurait du mal à qualifier de ‘’politique’’. A chaque épisode, la France, militairement présente sur le terrain où elle dispose de bases, fait décoller ses chasseurs pour clouer sur place les hordes déferlantes.


C’est un pays de guerriers aguerris mais sans scrupule. C’est le pilier principal du dispositif de Barkhane dans le Sahel et l’allié le plus efficace – mais pas le plus respectueux des civils – qu’aient les militaires français. Le Tchad est un cas de conscience pour qui voudrait appliquer au jihadisme invasif un antidote démocratique incontestable.
Tout recommence en boucle, dans ce couloir d’invasion aux confins stratégiques très sensibles. Idriss Deby, parvenu lui aussi, au pouvoir (en 1990) à la tête de Toyota affublées de fusils mitrailleurs, s’est fait tuer en pleine bataille, par d’autres rebelles, venus eux aussi de Libye, pour s’empares eux aussi du pouvoir. On ne sait pas trop qui ils sont mais, comme toujours, un intellectuel formé à Paris leur sert de figure de proue. L’avis des Tchadiens n’a jamais été sollicité mais la France, en sa qualité de gendarme de l’Afrique subsaharienne, perd un partenaire précieux sur le plan militaire et, surtout, l’assurance de pouvoir opérer de façon stable et continue depuis sa base arrière tchadienne.

Ce coup dur intervient en pleine introspection sur sa stratégie au Sahel, alors que son intervention militaire ne peut manifestement pas suffire à ‘’recréer’’ des sociétés et des Etats à même d’assumer la Paix et que, par ailleurs, ses autres partenaires militaires ne font pas le poids. La tâche ne dépasse-t-elle pas ses moyens, son influence, ses responsabilités ? En attendant, dans la famille Debby, le fils prend la place et les canons du père et il ne risque aucune critique de la part de Paris. Dans un vrai régime démocratique, ce ne serait pas dans les brèves d’un blog inconnu mais à l’Assemblée Nationale que le sujet serait débattu.

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