Le président des Etats-Unis a appelé les services de renseignement de son pays à enquêter plus avant sur un possible accident de laboratoire à Wuhan, qui aurait été potentiellement la cause de l’apparition du Covid 19 en Chine puis dans le monde. Il a déploré l’absence de coopération et de transparence de Pékin sur le sujet. Les autorités chinoises s’étranglent d’indignation. Elles voulaient croire cette hypothèse balayée par la communauté scientifique et avaient tout fait pour que celle-ci enterre, une bonne fois pour toute, ce scénario jugé infamant.
A la mi-mai, pourtant, une quinzaine d’experts ont publié l’évaluation suivante, dans une tribune dans la revue Science : ‘’Nous avons besoin de plus de recherches pour déterminer l’origine de la pandémie … les théories d’une origine animale ou accidentelle en laboratoire restent toutes les deux plausibles … mais on ne leur a pas été apporté une attention égale’’. Plausible ? Bénéficiant d’une fuite des services secrets, le Wall Street Journal affirmait, tout récemment, que trois chercheurs de l’Institut de virologie de Wuhan avaient été hospitalisés dès novembre 2019, avec des symptômes évocateurs du Covid-19.
Le Waijiaobu (MAe chinois) dément ces informations, ‘’totalement fausses et politisées’’, comme un sombre complot de la CIA. Il renvoie aux conclusions aseptisées dressées, en mars, par le rapport conjoint de ses experts et ceux de l’OMS. Pourtant, Pékin se retrouve sur la défensive. Les dirigeants chinois récusent de façon répétitive toute possibilité d’erreur de manipulation dans leurs laboratoires de virologie. Ils dénoncent, dans la suspicion des Occidentaux, un stratagème pour détourner l’attention. De quoi alors, sinon de leurs propres échecs à juguler la crise sanitaire ? Leur exigence d’une ‘’étude complète sur tous les premiers cas de Covid-19 recensés de par le monde, leur dénonciation de mystérieuses »bases secrètes et laboratoires biologiques de l’étranger’’ visent à ‘’diluer la sauce’’ à l’infini pour y noyer le poisson. De fait, l’apparition des premiers cas connus de Covid-19 remonte à l’automne 2019 et les situe dans la métropole de Wuhan. La pandémie qui s’en est suivie a ruiné la santé de 3,5 millions de personnes. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, très peu suspect de sinophobie, en arrive à réclamer une nouvelle enquête sur l’hypothèse d’une fuite en laboratoire. La santé est un sujet politiquement hyper-sensible. Va-t-on finir par se faire la guerre pour seulement prouver que le virus est mieux maîtrisé ici que là-bas ?