Maussade actualité. Comme prévu, le Pacte de Glasgow n’a produit qu’une eau tiède, de saveur fade. On ne se renie pas mais on reste dans les poncifs de la conversation. De son côté, la société civile, partout, accumule les frustrations. Les engagements pris ne se traduiront qu’à la marge en ouverture de nouveaux chantiers, les législations continuent à diverger au moins autant que les calendriers nationaux. Les incantations de plus en plus pressantes pour cesser rapidement la prospection et l’exploitation des énergies fossiles n’atteignent pas les entreprises qui y ont établi leur fortune ni les gouvernements qui les protègent. L’Union européenne, depuis l’origine un acteur central, s’est divisée sur les questions du nucléaire et du gaz. Paris et Berlin ont affiché leurs divergences et au total, l’UE s’est escamotée elle-même des débats. Triste signe annonciateur.
Au chapitre des pertes et préjudices, les pays du Nord ont repoussé à 2023 leurs engagements envers les pays du Sud, non-responsables de la prolifération historique des GES et beaucoup plus vulnérables à leurs effets. Les plaidoyers des petites îles menacées de disparition par la montée des eaux ont ému jusqu’aux larmes, mais c’est tout. Si la COP 26 en Ecosse se voulait un moment de ressaisissement un tournant historique face au dérèglement du climat, c’est un peu raté. Rendez-vous l’an prochain en Egypte pour un cru du même tonneau !
Sans rapport avec les questions de fond, Pékin et Washington se sont unis dans une même déclaration vague de bonne volonté. La COP serait donc LE seul forum où ces deux-là ne se s’affrontent pas par obligation et ne posent pas en ennemis ? Belle opération de propagande sans grand coût pour eux. L’Histoire a du mal à trouver sa niche dans tout ce falbala médiatique. Joe Biden a été plus convainquant que Macron, mais, écologiquement parlant son pays revient de très loin. Xi Jinping n’était pas là et pour cause : il avait rendez-vous avec l’Histoire.
Pendant que 30.000 participants s’affairaient à Glasgow à moins nous faire redouter l’effondrement de la Planète, le 6ème plénum du PC chinois écrivait l’avenir radieux du Parti et du peuple chinois, appelant ‘’ tout le Parti, toute l’Armée et tout le Peuple chinois multiethnique à s’unir plus étroitement au Comité central du Parti, rassemblé autour du camarade Xi Jinping’’. Quatorze pages pour rabâcher le même message dans une résolution unanime sur l’histoire du PCC, un document stratégique en théorie destinée à fonder une nouvelle ère pour celui-ci. De nouvelles réformes, une garantie de paix éternelle, un accès mesuré du peuple aux décisions ? Rien de tout cela, seulement une congélation du présent à tout jamais, dans une atmosphère de cimetière, autour d’un autocrate assez inquiétant, sans empathie pour sa population ni pour le reste du monde.
Le ‘’ présent’’ a commencé en 2012 par des purges et la répression de ‘’tout ce qui bouge’’. En 2018, le tapis a été déroulé pour des mandats successifs sans limite, le ‘’pouvoir à vie’’ de l’Homme fort. Pourtant, la Chine n’est pas l’Afrique subsaharienne sans structures d’encadrement. C’est un empire multimillénaire, le plus administré qui soit au monde. Désormais, donc, au profit d’une seule personne. Les intellectuels, les artistes, les communicants ne sont plus en mesure d’en parler. Les minorités nationales ont été rangées tout au fond d’un grand casier, on connait leur sort. Hongkong a été lobotomisée, les riverains de la Mer de Chine – à commencer par Taiwan – s’attendent à une guerre dans la prochaine décennie ; L’ONU a été bien verrouillée, bloquée sur tous les conflits du Globe.
Si on voulait écrire un roman historique, un rien Shakespearien, sur Glasgow COP 26 ou sur Pékin 2021, lequel des deux sujets, pensez-vous, recevrait le meilleur accueil du public ? ‘’Dix mille ans de vie sous sa couronne à l’immense Oncle XI !’’