Il ne voudrait pas que le problème devienne une ‘’confrontation ardente’’… La baudruche Loukachenko a perdu de sa superbe. Pourtant, la crise ne cesse de se durcir entre l’Union européenne et la Biélorussie et elle fait ses victimes humaines. Des centaines de migrants continuent, chaque jour, à assaillir la frontière polonaise, d’où les militaires les repoussent aussitôt, tel un cruel jeu de ping-pong. Le dictateur de Minsk brouille les cartes en prétendant aussi en rapatrier quelque uns (ce qu’il ne fait pas), tout en brandissant un florilège de représailles absurdes à la face de l’Europe. Face à l’afflux, Varsovie a intensifié la militarisation de sa frontière et s’enferre dans le ‘’tout-géopolitique’’. Pour échapper aux deux bords, les migrants se terrent dans les sombres forêts de la région. Avec les semaines qui passent, la situation de ces marcheurs – peu nombreux – tourne au drame humanitaire, pris en étau qu’ils sont dans le double piège tendu par Loukachenko et par la forteresse ‘’Europe’’, plus emmurée que jamais.
La Pologne, ce n’est pas une surprise, les voit comme des armes pointées contre elle. Elle est loin de se soucier de leurs droits humains ou de leur survie, en fait, totalement insensible à leur sort. Varsovie a légalisé les refoulements de migrants et instauré une zone d’exclusion de cinq kms dans la laquelle ni les ONG ni médias ne sont autorisés à pénétrer. Alentour, quelques associations solidaires tentent avec grande difficulté d’apporter un peu d’aide alimentaire. Le climat est mordant, les nuits glacées et tous ces Moyen-orientaux frigorifiés, épuisés et affamés sont abandonnés à leur sort, certains sont déjà morts. On ne voit guère de valeurs chrétiennes sur ces confins d’Europe. En durcissant sa politique hostile aux migrants, Varsovie impose à l’Europe ses vues régressives sur la question migratoire.
Les autorités de l’Union européenne ont décidé, lundi 15 novembre, de nouvelles sanctions contre la Biélorussie. En frappant d’interdiction d’opérer en Europe les agences, intermédiaires et compagnies aériennes qui s’engraissaient sur la misère de ces exilés kurdes, turcs, érythréens, pakistanais ou afghans, Bruxelles est en voie de tarir ces mouvements de population à la source mais ne dit rien de leur destination. On sait pertinemment que toutes ces mesures entretiendront l’humeur provocatrice du dirigeant biélorusse. Qu’importe, ce serait trop fort de craindre l’histrion ! Le flux baisse, il n’est plus vraiment ‘’menaçant’’ et il peut être facilement absorbé, à l’échelle de l’Europe. Le dictateur agité se débat dans un isolement pathétique et personne ne cherche à justifier ses actes. L’Irak a mobilisé des moyens pour rapatrier ses nationaux présents dans la capitale biélorusse. Même le turc Erdogan a mis fin aux charters d’Ankara sur Minsk pour ne pas ajouter d’huile sur le feu. Avec le ton cassant qu’on lui connait, V. Poutine lance qu’ ‘’il n’a rien à voir avec cette affaire’’. Mais dans le même temps, il masse des troupes à la frontière russo-ukrainienne. Comme toujours, il en profite pour capitaliser sur la tension et sur les craintes occidentales. On n’en a pas fini de la guerre hybride !
Alors au moins, retrouvons un soupçon de notre humanité, faisons ouvrir, à travers la frontière polonaise, un petit sas de transit discret pour les victimes piégées dans la forêt depuis des semaines. Transférons-les dans d’autres régions de l’Union, ne les laissons pas mourir coincées entre deux armées, au nom du primat géopolitique !