On a enfin compris, l’Ours et moi ! Les propos militants sur les »robots tueurs » (ceux qui choisissent leurs cibles en pensant tout seuls, sans contrôle humain), c’est de l’approximation, et même de l’errance ! Ces systèmes d’armes automatisés ne sont pas des »robots » mais des SALA (Systèmes d’Armes Létaux Autonomes). Ca fait quand même plus sérieux pour des joujoux d’intelligence artificielle (IA) individualistes et insoumis, dont la pensée et la foudroyante précision laissent le Sapiens armé loin derrière, sur le bord de la route.
L’Ours a lu un savant article rédigé par un général de corps d’armée pour une revue très stratégique, sous l’intitulé »Dissuader aujourd’hui ou comment prouver sa détermination – sous-titre : dissuader demain de l’emploi d’armes nouvelles : l’exemple des SALA ». Vraiment très instructif et arrivant à point nommé, alors qu’à l’ONU, les experts planchent sur l’inclusion ou non de ces destructeurs non-humains dans un Accord ancien sur la prohibition d’armes conventionnelles particulièrement inhumaines, le CCW. Le droit international humanitaire dispose à cet égard que le choix des outils, moyens et méthodes de guerre n’est pas illimité. Toute arme provoquant une rupture d’équilibre – et c’est la cas des SALAs – doit faire l’objet d’un examen juridique rigoureux. Pour autant qu’on arrive à tout comprendre sur le fond, on tire de ce remarquable article des impressions un peu contradictoires :
* Le président français s’oppose catégoriquement aux SALA (Bien ! ). L’Homme doit reste l’instrument du combat. La France propose ainsi l’adoption d’une déclaration onusienne »maintenant la contrôle humain sur l’usage de la force armée ». Le Pays des lumières fait dans l’éthique…
* Il semble donc très moral de participer à l’élaboration d’un traité actant ce principe, mais ce serait aussi très naïf de croire qu’en matière de contrôle des armes, le droit soit respecté par les Etats (ni par les mafias) : depuis l’interdiction de l’arbalète, voyez les leçons qu’apporte l’Histoire ! Donc, se mettre du bon côté de la loi internationale, tout en se préparant à entrer dans un jeu sauvage où personne ne la respectera. C’est la touche de réalisme : la technologie incriminée doit être prestement développée. Le coupable sera le premier à s’en servir, pas le second. La France s’inscrit pour être seconde. D’ailleurs Poutine et Erdogan se déclarent forts de bientôt voir désintégrer = en premières frappes = leurs adversaires, sans même avoir à en prendre décision ni responsabilité : ce sera la faute de l’Intelligence artificielle !
* Puisqu’on va développer et produire des SALAs, autant rechercher une avance technologique sur l’ennemi potentiel et dissuader celui-ci de faire plier notre nation en la hachant menue. Le SALA made in France aura toute les caractéristiques souhaitables d’efficacité offensive, conventionnelle ou nucléaire … pour faire peur aux méchants. Mais – et c’est là que résidera toute la différence avec les armes illégales – il sera doté de verrous qui pourront bloquer sa capacité à créer ses propres lois (une IA sondable à distance) et qui pourront même rendre à l’Humain un contrôle assumé provisoire lors de ses passages devant les radars du droit international. Un peu comme les Tesla débranchables de leur conduite autonome au contrôle technique !
* Enfin, la France se propose d’articuler le phénomène SALA – qui se généralisera dans quelques années – avec sa doctrine stratégique de la dissuasion. Si l’Ours a bien compris, trop de SALAs frappant l’Hexagone trop durement réhausserait la donne jusqu’au niveau nucléaire. Toujours le même ultime recours, un avertissement unique et Pschhhhit ! A ou H, la bombe ?
Une belle croyance française, en vertu de laquelle l’on fera comme les autres, … mais en bien plus légitime et civilisé. L’usage en second joueur de Systèmes d’Armes Léthaux Autonomes, voilà l’avenir ! Pas de raison d’en faire une SALA-deux.