* 4 janvier – Nouveau Yalta, à la mode Staline ?

Les présidents russe et américain ont eu, le 30 décembre, leur deuxième conversation téléphonique en un mois, à la demande du Kremlin. L’étape suivante sera un face à face, à Genève le 10 janvier toujours à propos des menaces sur l’Ukraine en Ukraine. Le contact ne pouvait, par magie, apaiser les tensions résultant du déploiement par Moscou de plus de 100 000 militaires le long de la frontière russo-ukrainienne. Sans pouvoir encore demander à Joe Biden que l’Ukraine lui soit rendue, Vladimir Poutine exige qu’elle ne soit pas défendue par l’OTAN contre les menées russes et le droit d’en faire un élément d’un ‘’glacis stratégique’’ russe reconstitué. Le Kremlin veut se persuader que Kiev a perdu sa souveraineté et s’est mise aux ordres de l’ambassade américaine. Telle est, d’ailleurs, la perception majoritaire de la géopolitique en Russie, celle d’un monde à l’heure de Yalta, partagé en sphères d’influence.


En corollaire, Moscou, cherche à se dégager du ‘’format Normandie’’, réunissant les chefs d’Etat français, allemand, russe et ukrainien pour trouver une issue à la guerre dans le Donbass. En quête d’un rétablissement de son statut ancien de grande puissance, le Russe ne s’adresse plus ni à l’OTAN, ni à l’Europe, mais prétend désormais redéfinir, avec son seul rival (égal ?) américain, l’architecture de la sécurité européenne. Sans l’Europe, donc, envers laquelle Moscou affiche son mépris. ‘’La Russie discutera avec ceux qui sont réellement capables d’influencer la situation. Nous proposons des négociations sur une base bilatérale avec les Etats-Unis. Si nous impliquons d’autres pays, nous allons tout simplement noyer tout cela dans le débat et le verbiage’’.

Deux semaines après avoir posé ses exigences, sous forme d’un Traité entre Super-Grands, Poutine dicte à Washington, à la façon du ‘’petit Père des peuples’’ un partage géostratégique de l’Europe. Il paraît fort proche de celui de 1944 et traduit une constante de la vision russe. Mais avec un levier de pression redoutable. Outre l’Ukraine et la Géorgie, les pays baltes et même la Pologne sont en droit de se sentir visés.
‘’ Le résultat du travail conjoint devrait être de solides garanties juridiques excluant l’élargissement de l’OTAN vers l’est et le déploiement de systèmes d’armes offensifs à proximité immédiate des frontières russes’’. Il y aurait ‘’rupture complète des relations russo-américaines’’, si devait être commise la grave erreur d’introduire des sanctions à grande échelle contre la Russie, en cas d’escalade autour de l’Ukraine’’.
Suivront des réunions, en janvier, entre la Russie et l’OTAN, à Bruxelles, le 12 janvier et avec l’OSCE, le 13. L’affaire ne débouchera pas dans ces instances mais on peut compter sur la diplomatie militaire de la Russie pour tenter d’enfoncer des coins entre Washington et les 26 de l’UE. Pauvre Josep Borrell ! Toujours, pour la diplomatie européenne c’est toujours le même handicap lancinant à se faire reconnaitre.

L’agenda 2022, déjà bien chargé de dangers, n’échappera pas à la lourde hypothèque russe… nouveau rappel de l’inconsistance européenne, même sous présidence française…

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