* 13 janvier – L’Iran, 3ème risque de guerre

Pendant que l’Aigle américain se frotte durement au Dragon chinois comme à l’Ours russe, un nouveau danger le guette du côté du Moyen-Orient. Washington voudrait y échapper pour concentrer son action d’endiguement sur son principal challenger : la Chine. Mais le camp occidental au sein des Nations Unies détient la responsabilité d’avoir fondé la stabilité stratégique du monde sur le traité de Non-prolifération de 1970 (TNP) : les cinq puissances  »possessionnées » du conseil de Sécurité s’y engagent à contrôler mutuellement puis à éliminer graduellement leurs armes nucléaires. En retour, les puissances dépourvues de l’Arme, s’obligent à ne pas entrer dans un processus de développement et d’utilisation de celle-ci. La prolifération, a fortiori lorsque elle est dissimulée, constitue une des plus graves menaces sur la Paix du monde : elle rend inéluctable le recours, un jour, à l’atome, qu’il soit préventif, en première frappe ou punitif. Dans tous les cas, on bascule dans un scénario d’apocalypse.

Une bonne vingtaine d’Etats ont atteint aujourd’hui le  »seuil nucléaire », voire la possession revendiquée (Pakistan, Inde, Corée du Nord) ou cachée (Israël) d’arsenaux de bombes A ou H. Pour beaucoup, particulièrement au Moyen Orient, la dissuasion ne constitue pas la justification ultime de son emploi. La résolution d’un simple différend territorial ou idéologique, une défaite militaire, l’affirmation d’une hégémonie, la protection d’un régime dictatorial justifieraient à leurs yeux une frappe-surprise, au moment  »opportun ». Et le monde est tragiquement instable. La République islamique d’Iran est encerclée par des pays arabes sunnites envers lesquels sa détestation (réciproque) est intense et sa rivalité stratégique, insurmontable.

Personne ne doute qu’elle a échappé à la surveillance in situ de l’Agence internationale de l’énergie atomique de Vienne (AIEA), gardienne du TNP. Ni qu’elle se soit patiemment hissée jusqu’au seuil nucléaire, qu’elle dispose de matières fissiles très proches du niveau d’enrichissement militaire mais aussi de moyens balistiques à courte ou longue portée pour  »délivrer » les charges sur Israël et, le cas échéant, sur des capitales arabes ou occidentales. Le plus gênant dans ce délit inavoué est que l’ordre de mise à feu viendrait de vieillards implacables, méprisant leur propre population comme leurs ennemis fantasmés. Pour le dire par une image, la possession d’un revolver au saloon – lorsque les autres cow-boys laissent leur arme au vestiaire – tourne à la catastrophe dès lors que c’est un doigt haineux qui s’est posé sur la détente. La nature névro-pathologique du tireur, sont exaltation mentale sont plus dangereuses encore que l’arme qu’il brandit.

Longues et chaotiques, les négociations des six (les cinq permanents plus l’Allemagne) ont débouché un temps, en juillet 2015 puis se sont effondrée du fait d’une surenchère de sanctions du Congrès américain, puis de leur dénonciation par l’administration Trump, en 2018. Nouvelles sanctions économiques et nouveaux épisodes de provocation se sont succédé, réduisant le théâtre multilatéral de la non-prolifération à une confrontation bilatérale obsessionnelle Iran – Etats Unis. Elle n’avait pas lieu d’être. Avec les Européens – en médiateurs quasi-transparents –, les pourparlers ont repris durant l’hiver 2021-22, à Vienne.

Entre temps, les centrifugeuses iraniennes ont pulvérisé les limites que leur fixait l’accord de 2015, enrichissant le combustible à un taux de 60 %, quand l’AIEA ne leur autorisait que 3,7 %. Pour passer de 60 % à 90 %, un taux permettant la production de l’arme, un mois suffirait aux dires des experts. Ce très court répit exacerbe la tentation israélienne, voire israélo-américaine d’une frappe préventive pulvérisant le projet nucléaire iranien. On voit bien comment s’activerait alors l’engrenage de la réplique puis de la guerre. Ceci dit, les dirigeants américains actuels sont un peu lassés de jouer partout au  »Shérif global ». Ils préfèreraient sortir – sans dégât majeur – du terrible dilemme qui se pose à eux (en fait, à nous tous) : faut-il une guerre, sur un théâtre d’opération secondaire à leurs yeux, pour arrêter la course folle de l’Iran ou temporiser jusqu’à ce que ladite course folle provoque d’indicibles embrasements et dévastations à travers le grand Moyen-Orient ?

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