Après six jours de durs combats et avec l’appui aérien des Etats Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), à composante majoritaire Kurde, ont finalement repris le contrôle de la prison du quartier Ghwayran à Hassaké (nord-est de la Syrie), d’où l’Emirat Islamique avait libéré des centaines de djihadistes. Une violente attaque coordonnée avait permis à Daech de s’emparer de la prison et d’y retrancher ses guerriers armés. Plus d’une centaine de djihadistes dans et à l’extérieur de la prison y ont pris part, le 20 janvier, notamment des assaillants infiltrés. Beaucoup auraient été neutralisés; d’autres courent dans la nature avec l’obsession de leur vengeance.
Trois ans après ce qu’on avait décrit comme une suppression territoriale sans désagrégation de ses forces, la centrale terroriste a pu conduire un assaut extrêmement difficile à contrer. On savait qu’elle pouvait rebondir : elle le fait et ne va sûrement pas s’en tenir là, même si elle a subi un échec de son offensive. Parmi les éléments dangereux non-jugés, sous la garde des Kurdes, il y aurait près d’un millier de ressortissants français.
Il y a bien sûr tout un faisceau de responsabilités à pointer du doigt dans cette affaire. Trois ‘’négligences’’ peu excusables sont à souligner :
1. l’abandon des Kurdes, menacés dans leur survie par l’armée de Bachar comme par les Islamistes armés, est essentiellement le fait de Donald Trump. L’Etat-major américain avait maintenu un petit échelon aérien, contre la volonté du ‘’commandant en chef’’. Cet échelon a sauvé la mise aux gardiens de la prison de Hassaké.
2. Le Court-termisme, devenu la règle, a conduit l’Occident à se désintéresser de la reconstitution de Daech dont tout le monde savait pourtant qu’elle était en route. Les Kurdes faisaient leur boulot de gardiens vie et les diplomaties avaient d’autres chats à fouetter.
3. Le court terme myope en politique extérieure, c’est l’électoralisme. Ces deux champs des affaires publiques sont incompatibles entre eux. La personnalisation partisane d’une crise extérieure conduit inévitablement à une catastrophe de moyen terme. On n’a pas voulu ou vraiment essayé de mettre en place une juridiction internationale à même de juger les terroristes, dont aucune juridiction nationale ne voulait se saisir (pour surtout ne pas contrarier les citoyens occidentaux les plus méfiants ou ignorants). La France est, à cet égard coupable de ne jamais vouloir reprendre ses citoyens passibles de condamnation pour des crimes contre l’humanité : M Dupont ne veut pas les voir de retour chez lui, ni eux, ni leurs familles – pas même les nouveaux nés. Pas question, donc, qu’on les juge ! Dupont est électeur mais pas excessivement citoyen : le bon ordre du monde n’est pas son premier souci. Mais il n’est pas à blâmer. C’est la complaisance partisane à son égard de celui qui a la charge de la politique étrangère – en toute connaissance de cause – mais qui la traduit en termes démagogiques (rester populaire à tout prix, même contre les intérêts de la Nation) qui doit être dénoncée. Voilà qui est fait.