* 28 janvier – L’Hydre vengeresse

Avant-hier, Washington a répondu à Moscou, dans les formes diplomatiques, ainsi que Vladimir Poutine l’exigeait. Le fond du message est aussi ferme que la forme courtoise est de mise. Tout en associant les alliés à sa réponse – leadership ‘’bienveillant’’ oblige –, l’Oncle Joe rejette catégoriquement la prétention russe de dicter à l’OTAN sa sphère géographique et sa composition étatique, en vue de rétablir la configuration brejnévienne de ‘’souveraineté limitée’’ dans le glacis stratégique soviétique d’avant l’implosion de 1991. Quant à l’anathème lancé sur toute manœuvre militaire occidentale à portée des frontières russes, ukrainiennes ou biélorusses, le pacte occidental le récuse sous sa forme d’ultimatum préalable à toute négociation à chaud. Il ne refuse pas d’en parler en de meilleures circonstances. L’objectif d’établir une meilleure transparence entre les deux camps protagonistes, par voie de nouvelles mesures de confiance = réciproques = est explicitement mentionné. On approuve.

A terme, la Russie est invitée à reprendre les tractations sur le déploiement des armes nucléaires de portée intermédiaire ciblant les capitales ouest-européennes, dont Paris, Lyon, Marseille, etc., bien entendu sans participation aucune des Européens. On le sait, Moscou ne veut pas de ces derniers dans les affaires nucléaires ni dans le contrôle des armements. L’Ukraine n’est qu’un enjeu parmi d’autres, dans cette partie au bord du gouffre. L’axe principal de l’offensive de Poutine vise à faire reculer loin vers l’Ouest la sphère défensive de l’OTAN, ce qui, dans un premier temps, rétablirait son pays au rang de super-puissance à parité avec les Etats Unis et lui assurerait une forme d’hégémonie en Europe. Dans un second temps, la guerre hybride, les pressions politiques et militaires lui ouvrirait la possibilité d’une ‘’re-finlandisation’’ des anciens satellites. La tentative est en cours avec l’Ukraine et avec la Biélorussie (grâce à la soumission servile de Loukachenko). Elle s’est déjà concrétisée avec le Kazakhstan, la Moldavie, l’Arménie et une grosse partie de la Géorgie.

Bien qu’il y ressemble un peu, le plan d’ensemble n’est pas un avatar douteux de ‘’Mein Kampf’’, mais il est lisible à l’avance. Il s’agit de défaire, pièce après pièce, la géographie européenne consécutive à la chute du mur de Berlin et à la dissolution de l’URSS, peut-être même d’une prétention à refaire au bout du compte un Yalta à l’avantage du Kremlin. Joe Biden prône une issue diplomatique mais s’énerve aussi un peu en  »shérif de l’Ouest » (pistolet en main), en même temps content de retrouver un leadership que les Européens, apeurés, ne lui contesteront pas. Mais le président américain est quand même une bonne pâte. Imaginez le scénario actuel avec, au pouvoir à Washington, Donald Trump, l’ami de Poutine et contempteur de l’Europe, … s’il revenait en 2024 !

La France est sans doute un peu plus lucide sur les risques de la crise que la plupart de ses voisins européens. Conjointement à Berlin, Paris a pris l’initiative d’une réunion en ‘’format Normandie’’, sur la situation aux frontières de l’Ukraine. Les Ukrainiens ont bien sûr répondu et – bon signe ! – les hauts fonctionnaires russes ne l’ont pas boycottée. Rien de promis, rien de cédé non plus. Cette formule de négociation établie après l’invasion de la Crimée et du Donbass crédibilise un peu l’existence de l’Europe et donne à la Russie un forum ou s’exprimer sans faire rouler ses chars. Pas terrible, mais c’est mieux que rien, quand même ! Attendons la suite …

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