Le principal écosystème de la planète est constitué par les océans. On en tire des nodules métalliques, des hydrocarbures, divers déchets de la vie humaine ainsi que des algues putrides et des poissons à moitié décomposés par le plastique. Ces 70 % de la surface du globe sont, hélas, de plus en plus toxiques, un vrai défi multilatéral et même universel. Réunis à Brest par la présidence française à l’occasion du One Ocean Summit, près de quarante chefs d’Etat et de gouvernement animés de bonnes intentions (la Chine et la Russie brillant par leur absence) ont promis d’en faire un peu plus pour protéger cet indispensable régulateur du climat et de la biodiversité. Cela promet du boulot : tempérer la cupidité et la négligence humaines.
Brest était, en effet, la première étape d’une chaîne d’événements internationaux consacrés à la survie de l’écosystème marin, dont les COP ‘biodiversité’ et ‘climat’ et une conférence mondiale sur les océans à Lisbonne, en juin. Parmi les présents, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a annoncé l’adoption d’une enveloppe de 500 millions € de fonds européens consacrée au développement de méthodes innovantes pour régénérer les cinq mers et océans bordant l’Europe. L’Union a développé une stratégie dans ce domaine depuis 2016 et elle met au point un ‘’digital twin’’, réplique numérique permettant de modéliser les évolutions de son environnement marin. Mentionnons à ce propos une réunion de l’ONU, à la fin de ce mois, pour mettre en chantier un accord mondial sur le plastique et ouvrir la préparation d’un traité sur la haute mer. Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, accueillera à Lisbonne, fin juin, un sommet de l’ONU sur ce thème. Le Canada, l’Australie et les Etats Unis, représentés par l’émissaire américain pour le climat, John Kerry, poursuivent parallèlement des stratégies convergentes. Plusieurs points ont alimenté l’ordre du jour de Brest :
– La France va étendre la réserve marine des Terres australes et antarctiques françaises sur un million de km², incluant une ‘’zone de protection forte’’ de 250 000 km². Cette mesure va concourir à l’objectif national de parvenir à 30 % de protection de ces eaux à très court terme.
– La protection de la haute mer. Les eaux internationales représentent 64 % des océans, sans faire l’objet de la moindre protection, puisque à peine 2 % sont protégées. Depuis 2019, des négociations se poursuivent aux Nations unies pour formaliser un traité international sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, grâce notamment à la création d’un réseau d’aires marines protégées. Bref, on commence à discuter du sujet.
– La France détient la vice-présidence de l’Assemblée des Nations unies pour l’Environnement. En cette qualité, elle compte plaider pour un traité international contraignant contre la pollution par le plastique et ouvrir la négociation d’un accord sur le sujet. Comme l’UE, les Etats-Unis manifestent une volonté d’aboutir. Entre 19 et 23 millions de tonnes de polymères sont déversées dans les cours d’eau pour finir dans la mer, chaque année. Même si toute cette diffusion devait soudain s’arrêter, la quantité de particules dans les eaux maritimes doublerait d’ici 2050. Or, la production mondiale de plastique, elle aussi, doublera d’ici 2040.
– En contrepoint, Les associations regrettent l’absence de discussions sur la surpêche et le chalutage de fond. Chaque chose en son temps ?
Les négociations lancées en 2018, aux Nations Unies, ont été interrompues par l’épidémie de Covid-19. La quatrième – et théoriquement dernière – session reste prévue en mars, à New York. A Brest, Ursula von der Leyen a aussi annoncé la mise en place d’une coalition comptant les 27 Etats membres de l’UE et treize autres pays pour conclure un traité destiné à protéger la haute mer, un patrimoine commun de l’Humanité. Merci, Ursula ! Il s’agit bien de traiter globalement un péril global. Quant à Bibi, il se préoccupe de ce que ce la survie des mers ne soit pas moins importante que la paix dans le monde géopolitique. Ainsi, la nuit, il se réveille en sursaut, avec le même cauchemar : il a dîné avec l’Ours d’un merlan-patates et réalise qu’il s’est accidentellement plastifié la panse : des algues vertes lui en montent au nez. Pouhâââ !