* 15 février – Vlad, le confus

« La seule certitude est qu’il n’y a pas de certitude », confiait à France inter l’excellent Bernard Getta, interrogé sur l’imminence d’une invasion russe en Ukraine : « Je crois que Vladimir Poutine, quand il a lancé cette opération, à la mi-novembre, n’avait aucune intention d’envahir l’Ukraine mais de désolidariser les fronts occidentaux. Il s’est mis lui-même dans une seringue : il a eu la grande surprise de voir les rangs des Européens se resserrer, il a reconstitué l’Otan et se trouve devant un front des grandes démocraties face auquel il ne sait plus quoi faire« .

La conclusion s’impose d’elle-même. Le ‘’meilleur‘’ moyen de s’en sortir serait, pour l’autocrate sans âme, de lancer une offensive militaire à laquelle il n’avait pas pensé au début. Il voulait seulement faire peur et pensait en tirer la satisfaction de ses caprices stratégiques. Maintenant, il a un dilemme de fierté : la confrontation armée ou le ridicule d’un retour dans les casernes ! Si vous y voyez la marque d’une habilité diabolique, changez de lunettes !

Les Américains se montrent de plus en plus en plus alarmistes quant à l’imminence d’une invasion de l’Ukraine dont le conseiller à la sécurité de Joe Biden estime qu’elle pourrait survenir demain ou dimanche lors de la clôture des JO d’hiver. L’Amérique replie son ambassade à Lviv, plus à l’ouest et ses diplomates détruisent les archives. Mais, où sont les bombes ! En pleine guerre psychologique, il faut se payer de culot et affirmer tout connaître de scénarios possibles mais hypothétiques.

Pourtant, il est clair qu’il y a, au Kremlin une bonne dose de confusion mentale du côté du Kremlin. Quels massages faut-il passer à l’homme affecté de fierté paranoïaque ? (touchant la question de la guerre et de la paix, la fierté, en géopolitique constitue une tare incurable)

Personne n’ose lui dire qu’il s’est complètement trompé de stratégie. Aura-t-il cru en sa propre propagande, c’est à dire que l’histoire du monde pourrait rétropédaler d’une génération humaine – des années 2020 vers les années 1990 ?, que l’usage de la menace serait efficace pour faire plier l’Ouest ?, qu’ un simple trucage d’infox accréditerait la thèse d’une agression armée des Ukrainiens contre la Grande Russie éternelle ?, que les Occidentaux, en pleine décadence des mœurs et de volonté, se liquéfieraient dès son premier coup de gueule ? qu’ils renonceraient, enfin, à réagir à l’agression d’un pays de 55 millions d’âmes autrement que par des mots. On voit bien et que son coup de poker ne peut pas être à tous coups gagnant, sans que sa soldatesque n’ait à tirer une seule cartouche. Il doit réaliser désormais qu’il est à deux doigts de se tirer un missile dans le pied. Perçoit-il seulement quelle serait pour lui l’issue la moins coûteuse : risquer le cataclysme de sanctions qui ruineraient son économie tout en l’épuisant dans une guerre sans fin . Ou, alternative peu engageante, tenter de sauver la face en s’en remettant à la commisération complice de ses adversaires d’Amérique et d’Europe. En cas de recul contraint de sa machine de guerre, même généreusement maquillé en victoire diplomatique, ses concitoyens seraient ils dupes ? Son règne d’autocrate vieillissant risquerait d’en subir le contrecoup.

Car, sur la durée, ce  »génial tacticien » a cumulé les échecs stratégiques : en 2008, il s’est révélé comme l’ennemi des Georgiens. En 2014, il a perdu les Ukrainiens dans leur très grande majorité en agressant leur pays et semé la méfiance à travers tout l’Occident. En 2020, il s’est aliéné les Biélorusses en courant au secours de Loukachenko. En 2021, il a imposé sa tutelle à l’Arménie face à l’offensive azérie puis a envoyé la troupe pour mâter la foule au Kazakhstan. En 2022, retour à la case Ukraine. Chaque aventure militaire s’achève sur une perte d’emprise politique. Le glacis s’effrite de l’intérieur. L’’’étranger proche’’ finira par projeter l’image d’un vaste camp de prisonniers politiques sous la garde des tanks. On ne pourrait dériver plus aux antipodes du rêve de restauration impériale qui inspire, croit-on, le sieur Vladimir.

Que celui-ci s’obstine à poursuivre sa course folle prouve à quel point il est un piètre stratège. Sa manie des ‘’coups fourrés’’ confine à la pathologie maniaque. Elle a troublé son discernement. Il reste que c’est de l’humeur de cet homme-là que risque de s’opérer, à tout moment, un basculement de l’Europe dans l’horreur.

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