Il est temps de ne pas trop en dire. Le plus bref, le moins faux. En plein guerre psychologique, des organes mal identifiés clament deux retraits militaires en cours. Non, la paix n’a pas sonné, pas encore. Le plus bruyant est celui de la machine de guerre russe qui encercle l’Ukraine : trois camions de soldats et deux rampes de fusées ont franchit le grand pont Poutine qui relie le dispositif à la Crimée. Fin des man oeuvres ? Des 150.000 hommes mobilisés pour encercler le voisin maudit, il ne reste que 149.800. Le tableau géopolitique a donc radicalement changé. Le tableau diplomatique reste désespérément glacial. Après toute l’adrénaline qu’elle s’est faite, l’Alliance atlantique va sans doute prendre tout son temps pour promouvoir la candidature de l’Ukraine. On pourrait espérer parler un peu de la sécurité en Europe, sans larguer pour autant l’allié américain. Sans lui, on ne pèse pas le poids. Avec lui, il faudrait un contre-poids collectif des Européens, qui leur assurerait la maîtrise de la ligne politique quand la crise est circonscrite à l’Europe. Ce blog parle trop, là, puisqu’au fond rien n’a changé depuis hier.
L’autre »retrait » était presqu’annoncé. Barkhane, Takuba et peut être le G 5 sont virés du Mali. Une situation »perdant-perdant », qui a de quoi réjouir et relancer Al Qaïda. Certes, les soldats de l’Occident vont »se redéployer », un terme distingué et énigmatique, s’il en est. Il va quand même falloir près d’un an pour évacuer les bases militaires du Nord-Mali. Au train ou vont les choses, cela pourrait signifier trois ou quatre coups d’état à Bamako et un nombre indéterminé de changement de politiques. Qu’importe ! Ne regrettons pas ces opérations militaires uniquement efficaces à décimer des états majors terroristes, lesquelles se recomposent aussitôt, avec l’assentiment assez large de la base. On tournait en boucle autour d’une impasse.
Le président français reçoit à l’Elysée les autres dirigeants de la région. On sait que la menace se déporte sur les pays riverains du Golfe de Guinée. Voilà un exercice complexe : il va falloir les rassurer sur l’engagement de la France au Sahel et dans la bande côtière, sans compromettre la décision courageuse de s’extraire de la nasse, tout en se dégageant du maquis des contradictions politiques africaines. Le volet politique et social du combat contre le djihadisme importé du Moyen-Orient ne mérite même pas le qualificatif d’échec : ce fantôme n’a même pas existé. La contamination idéologique va donc se poursuivre et avec de bones raisons. Les officiers français qui apprennent avec zèle, dans leurs écoles, la dimension politico-militaire des conflits ont été confinés au purement »militaire » et se sont retrouvés en situation d’occupants. Et ce, bien trop longtemps. Un Afghanistan français, hélas ! Il faudrait se souvenir de ce jour ambigu comme un anniversaire : la lucidité aura fait un premier pas.