* 21 février – Fil du rasoir

Un week-end de dingues ! Les jeux olympiques de Pékin dans leur  »bulle sanitaire » s’achevant sur une belle réussite technique et une flambée d’hostilités aux portes de l’Europe, dont on s’attend à ce qu’elle dégénère. Mais on se refuse encore à la qualifier de ‘guerre’, tant qu’elle n’entraine pas – directement – dans la tourmente les plus grandes puissances militaires. On a du mal à relier les faits entre eux : 15 médailles et un triomphe technique pour la Chine… aucune mention sérieuse de ses problèmes de droits humains (comme quoi la controverse touchant les Ouigours, Hongkong, le Tibet, les derniers libres penseurs chinois, c’était du pipeau : on s’est tous aplatis) … l’hypothèse dramatisante d’attaques coordonnées de la Russie sur son ‘front ouest’ et de la RPC contre Taiwan. N’en jetez plus !

Face à Pékin, les Etats occidentaux, du moins ceux qui prônaient un boycott politique, se sont pris une piteuse raclée. Ceux qui, à reculons, ont répondu à l’appel du monde du sport (lequel se fiche bien des Ouigours) se sont montrés muets dans leur complaisance. Le  »génocide » dont on s’inquiète est, celui-là, factice et concerne quelques milliers d’habitants des territoires rebelles du Donbass, expédiés manu militari en Russie pour y jouer les réfugiés éplorés. La machine de propagande tourne à fond pour nous démontrer que le  »vilain » président ukrainien Zelensky est en train de broyer sous le fer et le feu des Russes innocents (ils viennent de recevoir leur passeport) qu’il complote d’exterminer.  »Poutine le chevaleresque » est tenu de les secourir et surtout de venger l’affront. Donc il prépare une phase 2 de sa phase 1, qui est déjà une guerre : 1500 obus échangés dans la journée, des morts civils et militaires n’est-ce qu’une routine insignifiante ?

Et pourtant, la recherche opiniâtre de la paix – ou du moins d’un armistice – n’est pas épuisée. Dans son ambiguïté insondable, Poutine accepte encore qu’on lui parle. Pas pour concéder quoi que ce soit à la raison mais, quand même, pour avoir deux fers au feu. Une alternative fragile à la guerre de grande dimension devra toujours être tentée. On ne peut que saluer la navette téléphonique du président français entre Moscou et Washington. La perspective d’un sommet Biden – Poutine, dans une situation aussi explosive, constitue un acte de sauvetage (encore une fois, sans issue claire). Elle valait bien que, pour cela, Emmanuel Macron accepte de concéder sur le format. A cet épisode en duopole succéderait une réunion plus large incluant l’Europe et l’Ukraine. Sur le fond, l’agenda ne pourrait autre que  »sauver la face du soldat Poutine » et lui permettre de retirer ses troupes sans avoir à avaler sa chapka. Les diplomates sont là pour déguiser la réparation d’une énorme bêtise en  »partenariat gagnant-gagnant ».

Mais Vladimir a-t-il fixé son choix ? En maintenant ses troupes en Biélorussie au-delà de l’échéance sur laquelle il s’était engagé auprès de M. Macron, en continuant à produire des scénarios-prétextes censés justifier une intervention massive, en déplaçant des populations civiles, en mobilisant ses forces nucléaires tactiques, en mentant aux Russes, il montre bien sa totale absence de scrupules. Il paraît encore loin d’un choix crédible en faveur de la paix. Il nous oblige à marcher sur le fil du rasoir. Alors, ne nous essayons pas aux prédictions.

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