Sous le feu des missiles et de la piétaille russes, Kiev est en passe d’être liquidée. La résistance est héroïque, mais le jeu, par trop inégal. Les experts militaires sont unanimes : l’Ukraine ne tiendra plus très longtemps. Peut-être, une guérilla de résistants prendra-t-elle le maquis …
Plutôt assez unie, l’Europe ne trouve pas de réplique à la mesure de l’agression qui la frappe. Le président français constate que »la guerre va durer ». S’arrêtera-t-elle aux frontières orientales de l’U.E ? Face à l’armée d’Attila, on voit mal quelle coexistence pacifique pourrait s’instaurer (du moins, en l’absence de Sainte Geneviève). Les hordes de Poutine accumulent les crimes de guerre partout où on les lance. C’est Grozny à Kiev, Lviv, Kharkiv, Marioupol et ailleurs.
Les sanctions occidentales vont mordre les économies russe et biélorusse à moyen terme, lorsque l’Ukraine n’existera plus. Elles suivront une logique de progression par étapes, crescendo. Les Américains frappent la finance russe, du moins certaines banques dont ils gèlent les avoirs chez eux (mais pas dans les paradis fiscaux) et l’utilisation du dollar. Ils hésitent encore à tarir les échanges commerciaux en expulsant la Russie du réseau interbancaire SWIFT. Les Européens, à fortiori, conscients qu’ils sont des graves retour de bâton qu’ils infligeraient à leur approvisionnement en gaz mais également, en blé, en métaux rares, en droits de survol, etc. Plus de 700 entreprises françaises en Russie se trouvent, par exemple, menacées de faillite. Que Poutine et Lavrov soient privés de leurs comptes bancaires en Occident tient de la symbolique pure. Les croit-on assez stupides pour avoir laissé leurs »petites économies » chez l’ennemi, tandis qu’ils planifiaient leurs opérations depuis des mois sinon des ans ?
Les sanctions portant sur la technologie, l’aéronautique comme sur les besoins de refinancement de l’économie ne sont pas négligeables. Cependant, elles vont livrer la Russie à une situation de dépendance à la fois opportune, face à sa mise en quarantaine internationale, et périlleuse pour elle, à long terme. C’est une aubaine pour le régime de Xi Jinping, qui accroitra son emprise sur Moscou tout en lorgnant sur les richesses et l’espace de la Sibérie. Pékin va s’employer, bien sûr, à cacher son jeu et à jouer sur tous les tableaux.
Il y aura-t-il plus d’effet du côté des sanctions non-dites ? Celles-ci interviennent dans les sphères de l’armement (et de l’échelon d’expertise associé), du conseil et du renseignement, également des opérations de cyber-guerre, de guerre électronique et satellitaire. Elles peuvent théoriquement monter en puissance jusqu’à une mise en alerte des forces nucléaires stratégiques, avec les échanges de message qu’on imagine alors entre les protagonistes. Il s’agit, à chaque étape, de réagir fortement au franchissement de lignes rouges notifiées au camp d’en face. Ceci étant mentionné, sans soupçon, pour l’heure, qu’on en arrive là.
Protéger, le cas échéant exfiltrer le président Volodymyr Zelensky serait un vrai point marqué sur l’échiquier géopolitique. Son assassinat est – Poutine l’a bien fait comprendre – le but n° un de l’offensive en cours sur Kiev. Liquider le régime, les institutions et les bases populaires de la démocratie constitue le but de guerre n° deux. J-Y Le Drian a laissé à entendre que la France chercherait une parade. Transférer à l’abri un gouvernement ukrainien en exil serait bien le moins que puisse tenter une démocratie restée à distance des combats.
Des centaines de milliers d’Ukrainiens éprouvés et malheureux affluent aux frontières orientales de l’Europe. Précisément, dans ces régions qui voulaient s’enfermer derrière des murs pour refouler les exilés. Cette fois, les arrivants seront accueillis. Sans ironie, quelle conversion soudaine à la solidarité humaine ! Après tout, tant mieux !