* 28 février – Mobilisation et endurcissement

Il y a quelques jours encore,  »personne ne voulait mourir pour Kiev ». Ce matin, les sanctions décidées contre l’agression russe en Ukraine incluent la livraisons d’avions de chasse et de missiles de courte portée à l’armée de ce pays, qui résiste farouchement. La Commission européenne annonce financer l’effort de guerre : du jamais vu ! Mieux encore, l’Allemagne y contribue et elle va réarmer sa propre défense, dans le but de construire rapidement  »l’Europe-puissance » à laquelle appelle la France. Cette dernière réplique aux menaces nucléaires brandies par l’autocrate fascisant. Pour contourner le véto de Moscou au Conseil de sécurité, l’Assemblée générale des Nations Unies (où ne s’exerce aucun véto) sera convoquée pour condamner l’agresseur. Ce réveil de l’Europe de la défense est aussi soudain qu’inouï.

S’il n’était pas le maître absolu et craint du Kremlin, rivé dans sa tour d’ivoire (à bulbes), Poutine serait expulsé de son trône pour le gigantesque naufrage géostratégique dans lequel il fourvoie son pays. Beaucoup de citoyens russes commencent à le juger. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que leur président s’en trouve bridé dans son obstination à semer plus encore la mort et les destructions, écraser plus de villes, menacer plus de peuples. C’est le paradoxe d’une (relative) domination militaire qui accompagne une spectaculaire dégringolade politique.

A l’Ouest, on n’en est pas encore à tous vouloir  »mourir pour Kiev », mais on assume, un peu plus chaque jour, de devoir payer pour l’Ukraine la lourde contrainte d’une économie de guerre. L’idée progresse que la liberté et la démocratie impliquent des sacrifices douloureux … et peut-être durables. L’heure de l’endurcissement est arrivée. De façon étrange, elle nous ramène à l’ambiance de la drôle de guerre à l’époque de nos parents et grands parents, l’équation nucléaire en plus. Münich, Daladier, Chamberlain, en moins : on finit par apprendre.

Pour l’heure, Zelensky et son peuple tiennent encore bon et attendent leur renfort d’armes. Une coalition internationale s’est constituée pour les soutenir, mobilisée par les deux drames, politico-militaire et humanitaire (à court terme jusqu’à 7 millions de déplacés). Ursula van der Leyen s’est muée, avec habilité et sang froid, en vrai cheffe de guerre. Elle ferme le ciel de l’Europe aux aéronefs ennemis, puise dans la  »Facilité européenne de paix » pour financer la logistique militaire de l’Ukraine, étrangle – notamment en l’expulsant de swift – la finance et les échanges commerciaux de l’Agresseur (hormis le vieux gazoduc Northstream 1) , demande que soient fermés les organes médiatiques du Kremlin en Europe. Les citoyens européens manifestent en grand nombre, dans les rues, leur condamnation de la guerre et leur esprit de résistance démocratique. France et Allemagne agissent à l’unisson, assurant une cohésion d’ensemble.

Une paix en Europe (mais pas dans le monde), qui a duré trois générations, aura-t-elle désarmé l’esprit de résistance à l’agression ? Redevenu un théâtre d’opérations (Moldavie, Géorgie, Arménie, Ukraine), le Vieux continent réalise ne plus être un sanctuaire. On ne sait pas trop quoi attendre des pourparlers annoncés sur la frontière de l’Ukraine et de la Biélorussie. Mais, clairement, un rapport de forces au moins psychologique doit se cristalliser. Le camp de la démocratie s’est rassemblé autour de la résistance à l’oppresseur.

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