* 8 mars – Dictateur pathologique

 »Retirer à l’Ukraine son statut d’Etat » et en faire une vaste prison, voire un charnier; assiéger les principales villes pour en chasser la population; au passage, frapper un lieu de commémoration de la Shoah … Voilà autant de signes de l’état mental inquiétant d’un psychopathe retranché dans son bunker. , Après ces dix jours sanglants, nous sommes tous convaincus qu’il peut mettre ses menaces à exécution, sans limite aucune. Au grand public européen, frappé d’effroi, on en vient à offrir les secours de la thérapie psychiatrique. Mais là n’est pas la solution : il faut rester lucide, il faut s’endurcir.

En Ukraine, l’armée tient encore face à une guerre qui devient  »totale ». L’Occident s’est dégrisé de son quiétisme géopolitique et répond aux menaces par une montée symétrique et puissante du registre des sanctions. Défensive (mais pas neutre), sa stratégie est d’avance circonscrite par certaines précautions essentielles pour ne pas se retrouver en belligérance ouverte. Les enjeux sécuritaires pourraient monter jusqu’à l’échelle nucléaire, ce dont le monde entier – excepté  »Vlad le Barbare » – ne veut pas. Ce dernier est passé de l’équilibre de la terreur à la terreur tout court en tant que méthode offensive. Il contraint les Occidentaux à faire face à une guerre extensible, dans le temps comme dans l’espace, sur plusieurs strates additionnées :

  • une menace de conflit  »conventionnel » généralisé, pour le cas où l’Alliance s’engagerait in situ, dans une intervention humanitaire unilatérale, a fortiori dans l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne destinée à stopper les bombardements qui dévastent l’Ukraine et jettent sa population sur les routes. Antony Blinken est venu sur la frontière Ukraino-polonaise activer la ligne de 10 milliards débloquée par le congrès américain pour une aide humanitaire et militaire à la résistance.
  • une menace nucléaire, au sommet de son arsenal pour terroriser l’Occident;
  • une politique de représailles aux sanctions. On voit bien qu’elle finira par  »couper le gaz », le titane, le blé, etc. … sans doute aussi par confisquer les investissements étrangers sur son sol; Forcer partout sa version brutale de l’économie de guerre;
  • une menace sur les quinze réacteurs nucléaires de l’Ukraine. Attaquer, sept heures durant, un site de six réacteurs (dont cinq ont du être arrêtés en urgence); tirer à bout portant de canon de char sur des enceintes de protection; enlever et faire disparaitre les dirigeants de cette centrale; investir la salle de contrôle et tenir en joue les techniciens : ce n’est pas improviser dans le feu de l’action, c’est délibéré;
  • l’agression contre les populations civiles et la guerre psychologique qui l’accompagne est sans doute le crime le plus choquant généré par sa haine froide mais recuite (un paradoxe). Comment ne pas songer à Varsovie et à Stalingrad, à Grozny, en replongeant dans notre passé ?

Pour faire une pause  »sourire », amusons nous un peu du spectacle bigarré d’une foule centrafricaine, un rien agitée mais très enthousiaste, qui célèbre les  »hauts faits » de l’ami Vladimir en Europe. Ces braves gens se soucient-ils du sort des étudiants africains coincés sous les bombardements, en Ukraine ? Ce sont des images burlesques sur fond de tragédie. A l’inverse, l’angoisse se propage dans la société russe citadine et éduquée. Elle se voit écrasée dans un étau qui se resserre et l’emprisonne dans son propre pays. Il lui faut quitter le bateau ivre. Nous aurons à accueillir des réfugiés russes aussi.

La Géorgie et la Moldavie, toutes deux partiellement occupées par des troupes russes, se voient promises au même asservissement que l’Ukraine. Tbilissi et Kichinau emboîtent le pas à Kiev en pressant l’Union Européenne et l’Alliance atlantique de les intégrer pour les protéger. Sans fournir au Kremlin l’aubaine d’un casus belli, une forme de protection est à trouver du côté de l’OSCE et des Nations unies (observateurs, casques bleus, forces d’interposition sur les frontières). En fait, les buts de guerre poutiniens sont devenus, sinon inatteignables, du moins extrêmement ardus à réaliser. Raison de plus pour qu’il joue son va-tout stratégique. Au moins trois scénarios de fuite en avant se présentent à lui :

*renoncer à une grande part de souveraineté et peut-être, à la Sibérie, en se jetant dans les bras de la Chine pour se protéger des sanctions et sauver son régime;

*saigner à mort l’Ukraine, la Biélorussie et aussi son pays, pour tenter d’en extraire les ressources qu’impliquent un effort de guerre prolongé à mener sous autarcie;

* »mettre le paquet » pour conclure l’offensive, mobiliser le banc et l’arrière banc de ses réserves militaires, de ses mercenaires et de ses milices parallèlement aux outils d’une dictature renforcée.  »Finir le travail » à marches forcées, implique une escalade continue des destructions et des massacres de populations civiles. Ceci l’amènerait s’en prendre,, tôt ou tard, à  »l’arrière » des combattants ukrainiens, c’est à dire d’attaquer leurs bases logistiques en Pologne, dans les républiques baltes, etc. Bref, en se laissant emballer dans ses émotions froides, le stratège-psychopathe en viendrait à tenter le tout-pour-le-tout, au final, à franchir le seuil d’une guerre généralisée et donc nucléaire.

Ce dernier scénario supposerait qu’aucun contre-pouvoir interne n’ait pu arrêter son bras alors qu’il en était encore temps. Une carte reste à jouer de ce côté là. Inéluctable, la déchéance de Poutine devrait être précipitée (par son entourage), pour qu’on n’en arrive jamais là.

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