Deux millions de civils ukrainiens sont sur les routes de l’exile et des millions, sous les bombes : cette catastrophe humanitaire en Europe est sans égale depuis le seconde guerre mondiale.. Depuis 1945, des sorts monstrueux ont été infligés à Alep, à Grozny, partout où les bombardiers russes ont tout dévasté. Même la violence armée a ses limites. Elles font fi de toute sensibilité partisane ou but stratégique, mais elles imposent des lignes rouges contre les excès de cruauté. Cela s’appelle le droit international humanitaire. Il été codifié, à la suite de la guerre de sécession et du conflit de 1870, en s’organisant à partir de ce qu’on appelait »le droit de la guerre ». Autant, les prisonniers de guerre ne doivent pas être exécutés ou avilis, autant les populations civiles doivent être impérativement épargnées dans le cours des opérations militaires. Non pas, à l’occasion de trêves ou par voie de corridors d’évacuation éphémères, mais = = tout le temps et partout = =.
La Russie de Poutine n’en est pas, malheureusement, à ses premiers crimes de guerre (ni contre l’humanité). Depuis la destruction de Grozny, capitale de la Tchétchénie, en 2000 jusqu’à celle des hôpitaux de Syrie, dix-huit ans plus tard, la barbarie de sa soldatesque et la férocité de ses aviateurs n’ont fait que monter crescendo… jusqu’à aujourd’hui, à nos frontières européennes. L’Histoire aura déjà jugé.
La capitale ukrainienne et au moins quatre autres grands villes étaient censées être évacuées sans massacre. Juste une trêve, donc bien en-deçà des règles de droit. cependant, les armes russes ne se sont pas tues : retour dans les sous-sols misérables. Le président ukrainien a accusé l’envahisseur d’avoir miné les routes et mitraillé les bus de civils, contre sa parole donnée.
Mais, dans la cruauté, il y a plus pernicieux encore. Après cette rupture d’engagement, Moscou repart à l’assaut, avec une manœuvre plus grossière encore : proposer de livrer directement les populations bombardées à leurs bourreaux ! A cette fin, six couloirs humanitaires seraient brièvement ouverts, des quartiers bombardés vers des camps (d’internement) en Russie ou en Biélorussie ! C’était »inouï de cynisme moral et politique », comme le président Macron l’a relevé. J-Y Le Drian a, pour sa part, évoqué une »norme » poutinienne de réduction d’un peuple, par phases successives de fausses promesses, de manipulation des esprits puis d’attaques frontales. Ceci est tellement vrai que Vladimir Poutine en est arrivé à jeter dans la bataille ses tueurs de Tchétchénie et de Syrie, tristement célèbres pour leur capacité à »nettoyer les rues ». Indignons-nous !
Ce piège grossier a été déjoué par le président Zelensky. Donc, les habitants de Kiev et d’ailleurs sont toujours transis et physiquement usés, accroupis dans leurs sous-sols. Le HCR dénonce – sobrement – ce déni sadique du droit humanitaire. La Croix rouge internationale se montre plus timide, s’agissant de principes qu’elle devrait pourtant défendre avec force, sans que cela ne la fasse sortir de sa neutralité politique. La défense de l’Humain n’est pas une affaire partisane. Il nous faut garder une conscience. Ceci est encore plus vital que nos contributions à cette résistance qui s’organise sur l’échiquier géopolitique.