»Aimez vos ennemis ». On ne lira jamais cela dans l’Evangile selon Vladimir. Le »toujours pire » qu’il affectionne ne laisse entrevoir aucune trace d’humanité, seulement un orgueil démesuré emprunt de malfaisance. Face à la destruction qu’il incarne, que pourrait-on faire qui soit moral (voire de légal) afin de soutenir l’Ukraine ?
Avant tout, il faudrait protéger le président Zelensky et son gouvernement. Les dirigeants ukrainiens semblent prêts à aller jusqu’au sacrifice personnel, à succomber héroïquement sur le Champ d’Honneur. Mais, lorsque le moment ultime viendra, la survie sur la terre d’Europe d’un gouvernement ukrainien en exil sera politiquement trop cruciale pour qu’ils s’exposent à la mort. Si leur chute advenait en l’absence d’une formule de continuité hors de leurs frontières, elle débouchait sur un dangereux vide de pouvoir. Une administration »Quisling » (ou Laval), illégitime, les remplacerait, à la botte de l’occupant. Celle-ci devrait d’emblée être sanctionnée en usurpatrice et expulsée du système international. Parallèlement, organiser politiquement les opposants russes – par exemple à Paris – insufflerait du courage à leurs concitoyens résistant encore dans la »prison. des peuples ». C’est un minimum sur le plan légal.
Exclure la Russie des Nations Unies ouvrirait des possibilités pour aller plus loin. Notamment, pour amener Poutine et ses proches à répondre personnellement de leurs crimes et pour permettre alors aux Russes d’organiser leur avenir, en retournant sous la Charte de l’ONU et sous l’Etat de droit. L’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas explicitement ce pouvoir, à l’heure qu’il est, mais des précédents existe (guerre de Corée et vote de l’AG pour une intervention militaire) et les juristes sauraient trouver des biais pour contourner le veto russe, dans l’hypothèse d’une demande politique fortement majoritaire.
Dans la gamme ‘’flexion de muscles’’, que Vladimir décrypte bien, il serait légitime et légal de »bloquer » les groupes armés étrangers ou non constitués, complices de crimes de guerre aux côtés de la soldatesque russe. Les nervis syriens de Bachar, qui ont massacré leurs concitoyens, n’ont aucun droit à débarquer, armés, en Europe pour recommencer partout Alep. Dans le ciel du Proche-Orient, les avions qui les transportent sur le front ukrainien pourraient bien disparaître des radars en cours de route. Sans regret aucun. De même, le mercenariat étant, comme la piraterie, prohibé par le droit international, les tueurs de Wagner à l’international – qui ne valent pas mieux – pourraient trouver le chemin des tribunaux, si on les y aidait un peu. On commencerait par l’Afrique sub-saharienne, où le rapport de forces ne leur est pas si favorable. Et il y a toujours, bien sûr, les livraisons d’armes, la guerre électronique, le renseignement et … chuuut ! … les opérations spéciales (pas celles de Vladimir), les sanctions, la guerre des médias déjà gagnée …
Au total, donc, rien d’illégal, ni rien qui implique de pénétrer en force sur le champ de bataille ukrainien. Juste des signaux bien clairs. Ils disent que les Occidentaux présumés ‘’dégénérés’’ sont quand même à prendre au sérieux. D’ailleurs, aucun terrorisme – même proclamé ‘’chrétien’’ – n’est plus vivable ou plus acceptable qu’un autre. C’est l’évangile de l’Ours. Une jolie chanson pour conclure :
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Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous, nous serons morts mon frère
Dans la grande chaîne de la vie
Où il fallait que nous passions
Où il fallait que nous soyons
Nous aurons eu la mauvaise partie
Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts, mon frère
Dans la grande chaîne de la vie
Pour qu’il y ait un meilleur temps
Il faut toujours quelques perdants
De la sagesse ici bas c’est le prix
Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts, mon frère
(1978 Raymond Levesque – Robert Charlebois)