* 24 mars – Le coût (coup ?) de la résistance

Kiev tient bon et, avec un soutien crescendo de l’Occident, l’Ukraine s’installe dans une résistance durable à l’Agresseur. Le conflit, lancé par Vladimir Poutine il y a juste un mois, va durer pour empêcher qu’on aboutisse à la paix injuste des cimetières. La guerre joyeuse n’existant pas, elle engendrera des coûts douloureux pour tous. C’est déjà la cas pour les Ukrainiens, dont les sacrifices immenses nous sautent littéralement aux yeux. Mais les  »coups des coûts » concerneront inévitablement les Européens des confins de la Mer Noire ou des Balkans et, enfin, les pays de l’Union européenne en situation d’être le pilier de la résistance. Que sont-ils prêts à concéder en confort, niveau de vie, effort de défense, tranquillité à la survie de leurs voisins, à la résistance de Kiev, pour la sauvegarde de leurs libertés démocratiques chèrement acquises et toujours fragiles ?

Hier, le président Zelensky s’est adressé à l’Assemblée nationale française, comme il le fait jour après jour au démocraties occidentales. Il semble admettre que, sauf à déclencher une déflagration mondiale, l’arme principale à retourner contre Poutine est l’assèchement total et rapide de l’économie de guerre russe par voie de blocus et d’isolement. La stratégie des Etats-soutiens de l’Ukraine reste pourtant hésitante et, pour le moins contradictoire matière de commerce. Zelensky demande que l’ensemble de l’approvisionnement européen en gaz et pétrole russe soit coupé, ce qui priverait l’Agresseur de près d’un milliard de dollars par jour. Il exige que les entreprises occidentales installées en Russie cessent d’être  »sponsors » de l’offensive de l’armée russe. Citant les grands groupes français investisseurs dans le pays de l’Ours, il met l’U.E – dont la France – face à la responsabilité de traduire pleinement les mots par des actes courageux.

Cette guerre à nos portes en dit long sur la  »conscience citoyenne » de nos entreprises. Il est clair que, sans l’énorme pression des médias et de la société civile, la CAC 40 et ses homologues européens n’auraient pas bougé d’un pouce. En défaut de conscience civique, seules les lois du marketing peuvent atteindre nos capitaines d’industrie. En caricaturant : si les consommateurs écœurés ne manifestaient pas une certaine prédisposition à boycotter leurs produits et à siffler leurs pubs, rien ne leur causerait du souci. Partisans du  »on ne fait pas de politique (seulement, de l’argent) » , ils s’ajustent sans y penser à celle des dictateurs.

Voyez tel grand cimentier au Moyen-Orient qui a  »salarié » des jihadistes criminels de guerre. Ou encore un grand pétrolier tricolore opérant en Birmanie, qui a bénéficié du servage et se perd aujourd’hui en concussion avec des narco-généraux assassins de leur peuple. Nous voyons le même protéger son juteux commerce gazier avec la Russie, en nous parlant du pétrole qu’il arrêterait d’acheter en 2023. Hors-sujet, de la pure infox ! Un troisième, royalement installé sur le marché du bricolage, nous prie de lui f..tre la paix, idiots que nous sommes, qui risquerions de précipiter sa nationalisation par Poutine (pour lui, le vrai sujet se limite à ça). Un quatrième, qui vend 600.000 véhicules locaux par an et moins de cent milles badgées de son logo, continuera à fabriquer et à vendre ces dernières. Dans les années 1940, il avait plus qu’un peu travaillé pour la Wehrmacht. et la liste est longue : 700 firmes françaises en Russie …

Pour ces champions français, la Paix n’est pas un but primordial, la démocratie génère plutôt un surcoût qu’une motivation. Le marketing règne en maître et la Bourse veille. On a le droit de se demander s’ils sont des amis de la Démocratie et de la Justice à travers le monde. Au-delà, la question est posée : ces grandes entreprises joueront elles jamais le jeu dans le combat qui nous attend contre le dérèglement du climat ? Dans sa candeur, Adam Smith imaginait que les lois du marché fonctionneraient bien, parce que les acteurs économiques seraient, par culture et par définition, attachés à la vertu. Pauvre Adam…

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