Soyons bref, car c’est vendredi ! 2022 restera l’année de la mort semée partout en Ukraine : sous les bombes, sous les chars, sous le feu d’une soldatesque paumée et d’autant plus sauvage. Désormais s’y ajoutent la famine causée par les sièges, les hôpitaux sous les décombres, toutes les pénuries de la terre, un mois entier de terreur. Les Occidentaux sont horrifiés et découvrent un avenir truffé d’inconnues angoissantes : en viendra-t-on aux armes de destruction massive, voire à l’apocalypse nucléaire ? où s’arrêtera l’agression, à quelles frontières géographiques et politiques ? Quand et comment ce cataclysme à nos portes prendra fin ? Quelle reconstruction et quel genre de » paix des armes » y succédera ? Comment le système international se recomposera-t-il ? Quels sacrifices devront être consentis dans nos modes de vie avant que l’on s’en sorte ?
Comme l’indiquent les votes à l’assemblée générale des Nations Unies, cent quarante Etats se prononcent pour un cessez-le-feu en Ukraine et la mise en place de secours humanitaires. Ceci signifie que près d’un tiers restant de la communauté internationale s’accommode du massacre voire même l’approuve. L’Inde, par exemple, qui a souffert de conflits à répétition impliquant d’énormes déplacements de population, n’a, en conscience, rien à dire contre cette agression et rejoint la position »ce n’est pas mon problème », celle de la Chine et de beaucoup d’Etats du Sud. La moitié de l’Afrique subsaharienne affiche son indifférence. Les pays du Grand Moyen-Orient s’abstiennent de toute position politique ou morale. Le drame ukrainien souligne à gros traits la cassure – qui n’est pas nouvelle – entre les »impérialistes occidentaux » et le Sud »assisté ». L’Occident n’arrête pas de se faire détester, même lorsque sa cause est légitime et humaine. Le conflit en Irak, le contre-djihadisme, l’intervention en Libye, la laïcité française, Charlie Hebdo, … tout cela crée une acrimonie, le désir qu’il lui arrive malheur …
Le plus amer est que le malheur prolifère et se propage au sein du village planétaire. L’Ukraine et, dans une importante mesure aussi, la Russie ne pourront plus en 2023 ravitailler en céréales une grande partie du mode émergent. En Afrique et au Moyen-Orient, certains pays dépendent pourtant de ces deux économies pour jusqu’à 60 % ou 80 % de leurs besoins en farine. 2023 sera pour ces pays une année de famine.
Emmanuel Macron et son homologue sénégalais, Macky Sall (également président en exercice de l’Union Africaine) s’en sont inquiétés à l’occasion du récent G 7. En principe, un système d’information sur les prix et la répartition des quantités devrait être mis en place. Faute d’affronter sa responsabilité dans la guerre, Moscou incriminera les sanctions économiques de l’Occident… mais la Russie ne sera pas crédible. La solidarité avec le Sud restera une des voies de la Paix.