* 6 avril – Dévastation et spéculation

En ordre de marche ou en débris calcinés, les colonnes de chars n’arrêtent pas les spéculateurs. Le redéploiement sur le Donbass et sur le littoral de la cohorte russe laisse derrière lui d’indicibles charniers. La thèse d’une vengeance aveugle face à une résistance ukrainienne qui a contrarié ses plans est largement documentée : sur le terrain, les atrocités ont été constatées par de nombreuses sources. Le tribunal Pénal International aura de la matière pour alimenter ses réquisitoires. Au Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’administration américaine avance l’existence de ‘’camps de filtration’’, destinés à déporter des populations ukrainiennes vers des destinations inconnues en Russie. De même source (à vérifier) plus de 600.000 personnes en seraient déjà victimes … pour laisser la place à des colons russes ? Après Staline et Hitler, de telles monstruosités glacent le sang.

Pendant ce temps-là, les marchés boursiers continuent – sans ciller – leur petit bonhomme de chemin. Les volumes d’échange sur les dettes d’entreprises russes et ukrainiennes ont bondi, de 100 millions de dollars avant le 24 février à 300 millions, voire 500 millions de dollars, au cours de mars. Selon un analyste financier de la place de Paris, les boursicoteurs cherchent à se défaire de leurs actifs russes ou ukrainiens et « il n’y a jamais eu autant de transactions sur des valeurs russes depuis mars 2020 ». Ces actions, ukrainiennes comme russes, sont devenues ‘’toxiques’’ et les agents économiques s’en débarrassent rapidement, pour des raisons qui tiennent tant aux risques financiers encourus qu’à leur réputation auprès des clients.

Mais, à en croire le Financial Times, la spéculation marche à double sens : une grosse dizaine de ‘’profiteurs de guerre’’, spécialisés dans l’achat et la revente de dettes souveraines de pays en faillite financière, s’emploient à ‘’faire de l’argent’’ sur la Russie et l’Ukraine » (le journal financier cite Aurelius, Silver Point ou Golden Tree). Pour une poignée de dollars, ils rachètent l’Ukraine sacrifiée et la Russie exsangue. Ils espèrent revendre leurs proies plus tard, à prix d’or.

Y aurait-il quelque chose d’indécent dans notre bréviaire économique ?

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