* 18 mai – Un train (russe) peut en cacher un autre (djihadiste)

Le conflit en Ukraine et sur le pourtour de la Mer Noire détourne notre regard du délitement accéléré du Sahel. De reniements en manifestations d’impuissance, matières à autant de chicaneries entre eux, les cinq Etats les plus menacés par la vague djihadiste sont en passe d’aboutir à une faillite collective, qui marquera aussi une défaite de la France, de l’Europe et de l’Occident.

On ne mentionne plus les nombreuses déroutées quotidiennes des armées malienne, burkinabé ou nigérienne face aux katibas franchisées d’al Qaïda et de Daech. Des centaines de militaires africains y perdent la vie chaque semaine et la détresse des populations villageoises pillées, violées, exécutées, n’est presque plus mentionnée par les médias. Seul, le volet de la mauvaise gouvernance anime encore, sinistrement, la scène publique sahélienne. Comment résister au parallèle  avec le Sud Vietnam de N‘Guyen van Thieu, face à l’avancée irrésistible du Viêt-Cong ?

Que dire des derniers spasmes de la décomposition ?

-La décision prise le 15 mai, par la junte double-putschiste, de  retirer le Mali du G 5 et donc d’abandonner toute politique de défense africaine collective (Mali, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso et Niger) est comme un appel au camp jihadiste pour le hisser en position de domination absolue. Huit ans après sa création, cet outil unique de la solidarité africaine se trouve voué à disparaître dans un grand défoulement d’amertume, sous un mauvais prétexte : la rotation de la présidence toute bureaucratique de ce groupement militaire.

-Après la série de sanctions adoptées en janvier par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à l’encontre des colonels de Bamako, ces derniers ont pris la mouche comme pour se mettre un peu plus encore, au ban des nations. La digue de résistance aux offensives terroristes a cédé, ce qui amènera des conséquences encore mal discernables pour la sous-région.

-Le Mali n’en finit plus de se brouiller avec la France et avec l’Europe. Cette hargne lui sert clairement de substitut de légitimité auprès de sa population. Bamako harcèle d’insultes et d’ordres humiliants la force française Barkhane et la task force européenne Takuba, sur le départ.

-A vrai dire, l’opération française et la force spéciale européenne conjointe étaient déjà remises en cause par la série de coups d’Etat qui a éclaté au Mali, au Burkina Faso et au Tchad, depuis deux ans. De même, par des gestes de défiance comme l’expulsion de l’ambassadeur français ou le refus de remplacement du contingent danois. La dénonciation tant de l’accord de stationnement des forces françaises (2013) que de l’accord de coopération militaire de 2014 conclus avec Paris a provoqué une cassure nette entre le Mali et l’Occident, pourtant venu à son aide. Les tentatives pour compromettre les soldats français et européens sur le départ (mise en scène de faux charniers ‘’français’’ de vrais civils exécutés par des formations russo-maliennes), les accusations d’espionnage proférées au vu des preuves de cette manipulation dressent le tableau d’un régime coincé dans les mains de la Russie de Poutine, dont les chefs sont livrés à leurs fantasmes, notamment celui du chauvinisme anti-français.

 A  l’heure où le djihadisme gagne du terrain en Afrique de l’Ouest, la reconfiguration des alliances géostratégiques dans la zone sahélienne de l’Afrique ne laisse, ‘’présente sur le terrain’’, que la Mission des Nations-Unies au Mali (Minusma). Mais celle-ci est elle-même compromise aux yeux de la junte du fait des enquêtes auxquelles elle a concouru sur les violations des droits humains imputables aux forces armées maliennes (Fama) et à leur encadrement par les mercenaires russes de  Wagner. En fait, la Minusma, qui doit éviter de se compromettre, n’a plus aucune activité militaire et ne remplit plus sa mission. La junte de Bamako n’a donc même plus besoin de la renvoyer, mais le fera peut-être pour exalter son ‘’héroïque isolement’’.

On a presqu’envie d’en revenir à l’Ukraine, où les enjeux sont moins désespérants, bien qu’ils se répercutent sur la France et sur l’UE. Au Mali (et en Centrafrique) Poutine rend à Macron la monnaie de sa pièce… et les Islamistes, tranquillement, vont ramasser la mise.

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