9 juin – Démocratie carbonophobe

Un parlement, ça gueule ou ce n’est qu’une morne chambre d’enregistrement. Qui l’eut cru, alors qu’à Paris l’Assemblée, en récession, se tient coite, à Strasbourg, on entend des râles. Que ce soit à propos ou impertinent, qu’importe ! En l’occurrence, il s’agit du climat : pour être clair, on parle là de l’humanité et de sa survie à terme. Comment ne pas trouver rassurant quelque part, que, au moins chez les  »27 », les représentants des peuples se frottent les uns aux autres sur le sujet.

Malgré ses audaces, l’élaboration du  »Green deal » l’an dernier, par la Commission européenne, n’avait guère créé de remous. On en est maintenant à l’adoption des directives – 14 sont prévues en tout – qui s’imposeront dans leurs substance aux Etats. Huit ont été mises à l’examen dans l’hémicycle de Strasbourg, dont une vient d’être adoptée relative à un moratoire sur la vente des véhicules à moteur thermique à compter de 2035. Le cœur d’un dispositif destiné à limiter les dégâts – déjà présents – du dérèglement climatique est concentré dans un dispositif de taxation du carbone aux frontières de l’Europe. Ne pas le faire serait renoncer à agir, à l’intérieur de nos frontières communes, au motif que la concurrence internationale serait alors insoutenable. D’évidence, ce type de mesure, même très nécessaire, heurte les intérêts de nombreux partisans du libre échange qui ne reconnaissent que la compétition commerciale et ne s’intéressent pas trop au long terme.

Epargnons-nous le détail des rebondissements euro-parlementaires. Il y a eu surenchère dans deux sens antagonistes autour de la date d’entrée en vigueur du dispositif fiscal aux frontières (tant de tonnes de carbone émises en sus des normes européennes que l’on multiplie par le prix de la tonne de carbone sur le marché européen). Dans un premier temps, aiguillonné par sa commission  »Environnement », l’Assemblée avait quelque peu durci la proposition initiale de la Commission : 2030 au lieu de 2034. Le lobby du commerce  »sans entrave » a alors fortement réagi, déposant un amendement renvoyant l’échéance à 2037. Une coalition improbable s’est alors formée, des Verts jusqu’aux Communistes, pour bloquer l’adoption du texte. La Commission va devoir plancher à nouveau. Le rapport de forces va se recomposer, peut être autrement.

Pour la forme, souhaitons que les citoyens européens commentent à leur tour. La forme comptant parfois plus que le fond, la démocratie se doit d’être en forme…

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