* 14 juin – Tristes mines

Même en sa capacité de président – ce mois-ci, encore – de l’Union Européenne, on ne l’a pas vu à Kiev. Comme si la cause des Ukrainiens s’épousait assez bien au téléphone. L’arlésienne va réapparaître et si les paramètres sont réunis, Emmanuel Macron serrera la main de Volodymyr Zelensky, tactilement. On spécule que le chancelier allemand et le président du conseil italien seront aussi de la partie. C’est la marche des ‘’prudents’’ d’Europe, ce qui n’est pas nécessairement un défaut, si l’on avance ingénieux et déterminé.

Avec des visites planifiées dans les prochaines heures à Bucarest et Chisinau, le détour en Ukraine s’imposera logiquement. S’il n’était pas fait, ce serait un véritable reniement. Répondre à la demande de Kiev concernant sa candidature à l’Union ou dissiper le malaise provoqué par son  affirmation qu’il ne ‘’faut pas humilier la Russie’’, cela aurait pu justifier un tel déplacement. Le symbole fort d’une apparition sur le théâtre de guerre ne suffit pas : il faudra que la visite recouvre aussi une utilité stratégique. Poser de telles conditions pour simplement rencontrer V. Zelensky parait un peu maniéré, plus autocentré que spontané. Autant dire que les autres dirigeants européens, qui ont se sont précipités à Kiev soutenir un peuple agressé, n’auraient effectué qu’une  »petite cuisine’’ diplomatique insignifiante, en tout cas indigne de Jupiter.

Lui porte la France volontaire pour aller sécuriser, par le truchement de sa Royale, des couloirs maritimes pour ravitailler l’Afrique. Il s’agit des centaines de millions de tonnes de céréales et autant d’engrais stockées à Odessa, dont le Sud de la planète à besoin critique pour tenter de passer l’hiver sans famine. Rappelons que, de son côté, la Russie achemine librement ses céréales (pas de sanction sur ces biens), y compris le blé qu’elle vole sans vergogne à l’Ukraine. Cet art du président français de se raccrocher tardivement mais brillamment aux rideaux tient de la parabole de l’ouvrier de la 11ème heure.  

Feux de la rampe assurés pour pas trop cher ? Non point : ce sera une tâche ardue. « Nous sommes à disposition des parties pour que se mette en place une opération qui permettrait d’accéder au port d’Odessa en toute sécurité, c’est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée », dixit l’Elysée. La Marine nationale, dans son QG d’état-major tout neuf a dû en vibrer d’émoi. Se sent elle prête à taquiner les mines ? En effet, l’Ukraine a refusé de déminer le port par crainte que les forces navales russes n’en profitent pour investir la ville, qu’elles ont déjà bien bombardée. Ces hésitations se comprennent. Paris en appelle aux Nations Unies pour suppléer et renforcer une opération tricolore audacieuse… mais lourde de risques. Et si le Charles de Gaulle et son groupe aéronaval devaient boire la tasse, où irait le blé ? Est-ce New York qui dédommagerait la Royale ? Rentrerait-on en guerre navale contre la Russie ?

En vapotant sur leur encensoir, d’aucuns diraient que l’entreprise ne manque pas d’intérêt. Attendons donc voir ! Les ‘’prudents’’ d’hier s’échauffent à l’audace, tandis que le reste du monde sifflote en regardant ailleurs. Peut-être, les alliés attendent-ils de voir de leurs yeux bien présent à Kiev et à Odessa le réélu du faubourg Saint Honoré, que Joe Biden se mette au taquet et que la grande maison de verre de New York plonge en ‘’économie de guerre’’. Ajoutons à cette liste : ‘’que le commandant en chef des armées françaises ait bidouillé un gouvernement adapté aux circonstances de sa politique intérieure … encore et toujours, ‘’l’économie de guerre’’, dans sa version démocratique, cette fois.’’

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