* 28 juillet – Un accueil à la hauteur des enjeux

Dans l’esprit des Ukrainiens exilés, la France ne figure pas très haut au palmarès des pays d’accueil. Au cours des premières semaines du conflit, la SNCF a acheminé 10 000 d’entre eux, en transit vers l’Espagne, alors que 15 000 autres entraient par leurs propres moyens, via les Alpes maritimes, également pour rejoindre l’Espagne. Affectée, dans leur pays, d’un manque de notoriété regrettable, la France n’était pas leur destination première. Aussi, l’effectif accueilli a longtemps plafonné autour de 50 000 personnes. A titre de comparaison, la Pologne accueille près de 1,2 million d’Ukrainiens ; l’Allemagne, 800 000 ; l’Espagne, 140 000 ; et le Royaume-Uni, 86 000. Les flux se sont rééquilibrés avec la redistribution qui s’opère au sein des pays de l’Union européenne, notamment du fait des arrivées récentes depuis l’Allemagne et l’Italie.

Le seuil des 100 000 Ukrainiens accueillis en France  a été franchi, fin-juin. Les arrivées se poursuivent actuellement au rythme de 300 personnes chaque semaine. Presque la moitié des arrivants s’est fixée en région PACA, avec une forte concentration sur Nice.

L’Etat raisonne essentiellement en termes de capacité d’hébergement disponible.  Près de 30.000 exilés ont trouvé un toit désigné par la puissance publique (appartements, dortoirs, Samu social, centres de vacances, navire-hôtel …) et 26.000, dans le réseau de  »l’hébergement citoyen », qui n’est pas précisément recensé. Cela fait 56.000 personnes logées au total, dont 18 000 enfants scolarisés. Pour les 45.000 d’entre eux ne figurant sur aucun registre d’adresses, on ignore en fait où ils se trouvent. La débrouille les a éparpillés dans la vaste nature (une image, s’agissant d’une dispersion surtout urbaine). Les étrangers ne sont pas plus contrôlés que cela, lorsqu’ils disposent d’un véhicule.

Quelque 60.000 d’entre eux chercheraient ou auraient déjà trouvé un emploi, souvent sous-qualifié par rapport à leur bagage professionnel. Très peu (moins d’un millier de foyers) ont sollicité des prestations familiales. En septembre, lors du renouvellement de leur autorisation provisoire de séjour de six mois, l’Etat espère améliorer sa connaissance de leur situation et mieux cerne leurs projets et leurs besoins.

Car les ex-résidents d’Ukraine sous protection temporaire ont un haut fonctionnaire spécialement désigné pour gérer leur dispositif d’accueil, en la personne du préfet Joseph Zimet. Celui-ci pilote une cellule interministérielle de crise et dispose d’un budget d’hébergement. Le problème le plus immédiat tient au fléchissement du parc de logements avec l’arrivée des vacanciers estivants. Sans oublier que deux millions de résidents français attendent un logement et souvent depuis longtemps. Les préfectures se tournent désormais vers les villes moyennes, libres de tout afflux touristique, pour mobiliser les 7 500 logements sociaux manquants dans l’immédiat. Ces destinations inconnues des familles ukrainiennes ne les attirent guère : elles préfèreraient rester en terrain connu. L’existence d’un tissus associatif actif peut, néanmoins, contribuer à les rassurer. Mais où sont les bénévoles en été ?

Par ailleurs, M. le Préfet a pu favoriser un assouplissement de la politique vis-à-vis des quelque 3500 étudiants non-ukrainiens (dont un contingent d’Africains francophones) ayant fui la guerre. Ceux dont le projet universitaire n’aura pas convaincu seront pourtant énergiquement ‘’invités’’ à  rejoindre leur pays d’origine. Un poids, deux mesures …

La rencontre des cœurs et des esprits se passe mieux désormais. Les Ukrainiens ont vite réalisé que l’hospitalité des Français était meilleure que ne le laissait entendre le souci très commenté de leur président de ‘’ne pas humilier la Russie’’. 84 % des déplacés interrogés estiment avoir trouvé leur destination fixe jusqu’à un retour espéré au pays. C’est un bon score, d’autant plus que la mobilité restante tient surtout à de brefs allers et retours en Ukraine, en fonction des déplacements du front. Il n’était pas évident, pour beaucoup, que la guerre serait longue et leur désir de rentrer au plus tôt, à ce point contrarié. Aussi, certains ont encore psychologiquement du mal à se mettre au français, ce qui constitue leur principal handicap dans l’accès à l’emploi. Pour eux, cela reviendrait un peu à capituler linguistiquement et à se résigner à un exil durable. Il faut les comprendre. Le préfet Zimet ne doute pas qu’à l’été 2023, ils seront encore parmi nous.

On ne sait plus trop ce qu’il faut leur souhaiter, sinon notre pleine et amicale solidarité. Pensons donc à eux pendant ces longues semaines d’estivage, pendant lesquelles la vie s’arrête. Nos vacances ne seront pas moins agréables si nous veillons à les rendre, aussi, un peu utiles. L’Ours vous embrasse. On se retrouve à la rentrée !

(Nota : les données sont extraites d’un article du Monde – les commentaires sont de l’Ours)

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