* 8 décembre – Contrer la Russie dans les Balkans occidentaux

Tirana a accueilli le 6 décembre un sommet entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux. Jusqu’où l’Union européenne promet elle d’étendre son expansion dans la steppe et les monts ? Après les vagues – encore mal digérées – des élargissements à l’Est du début du siècle, la sagesse, dictée par plus d’un siècle d’Histoire, aurait été de ne pas mettre son doigt dans l’engrenage des tensions dans la zone des Balkans. La question russe et les conséquences inattendues de la guerre en Ukraine en ont voulu autrement. De plus, le grignotage chinois de ces pays, par l’investissement et la corruption politique, agace. Restait, sous couvert de protéger la région des visées poutiniennes, à s’engager dans une sorte de fuite en avant de promesses de candidatures plus ou moins difficiles à tenir. On fait donc la queue au portillon communautaire …

 Longtemps confrontés à l’indifférence européenne, les Balkans occidentaux redeviennent une source d’attention soutenue. Dans ce contexte, le sommet en Albanie est l’occasion pour les Européens de réinvestir politiquement la région. Ces derniers mois, le chef des Serbes de Bosnie a réaffirmé son soutien à Vladimir Poutine. Optant pour l’offensive de charme, pour mieux se défendre, l’Union européenne cherche avant tout à contrer le jeu d’influence du Kremlin.

Un exemple patent en est la Bosnie-Herzégovine, qui n’a rempli aucune des conditions posées par l’Union européenne pour lancer une procédure. Près de sept ans après le dépôt de sa candidature, elle devrait se voir enfin accorder, d’ici à la fin de l’année, le statut de candidate à l’Union européenne. L’an dernier, les tensions politiques ont fait craindre un retour des violences communautaires, 27 ans après la fin de la guerre. Ce statut de candidate devrait lui être conféré, uniquement parce que l’Europe veut éviter une mainmise russe sur sa composante serbe. Toutefois, si la Commission européenne a déjà rendu un avis favorable, le dernier mot reviendra aux 27 États membres. Il n’y aura pas consensus pour accélérer le pas.

Après avoir longtemps patienté, l’Albanie et la Macédoine du Nord ont, elles aussi, obtenu, l’été dernier, le précieux sésame de candidates à l’adhésion. Au-delà de la lointaine perspective d’entrée dans l’Union, il sera aussi question d’énergie et d’infrastructures. L’UE veut montrer aux pays des Balkans occidentaux qu’elle est capable, comme la Chine, de financer de grands projets. Il sera question aussi bien évidemment de la politique de sanctions prises à l’encontre de la Russie. Ce sujet cause des frictions, puisque la Serbie, bien que candidate elle aussi à l’UE, s’y déclare résolument hostile. Ceci a conduit la Commission européenne à juger, avec sévérité, que Belgrade avait reculé sur la voie de l’adhésion. Ainsi, les cancres de la classe balkanique seront-ils sanctionnés.

L’enjeu s’impose d’ancrer les pays des Balkans occidentaux dans la sphère européenne, aussi longtemps qu’une menace russe y pèsera. Il n’y a pas (encore) d’annonce spectaculaire à attendre du sommet, hormis la photo de famille édifiante des dirigeants européens posant auprès de leurs homologues de la région, également courtisés par la Chine, la Russie et la Turquie : ‘’chasse gardée, n’y touchez pas’’. La géopolitique parle en faveur d’un large front d’endiguement de la Russie actuelle : le court terme domine totalement l’approche communautaire. L’aura de l’UE paraît à son zénith mais l’approfondissement souhaitable de l’Union pourrait bien en pâtir, à l’inverse, par une perte de cohésion, par dilution et éparpillement. Si la paix devait revenir un jour dans la région, il est probable qu’une approche plus tempérée et moins inclusive succéderait à la politique de la mère poule découvrant une portée de poussins abandonnés à eux-mêmes.

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