* 16 mars – L’Evangile selon Vladimir

 »Aimez vos ennemis ». On ne lira jamais cela dans l’Evangile selon Vladimir. Le  »toujours pire » qu’il affectionne ne laisse entrevoir aucune trace d’humanité, seulement un orgueil démesuré emprunt de malfaisance. Face à la destruction qu’il incarne, que pourrait-on faire qui soit moral (voire de légal) afin de soutenir l’Ukraine ?

Avant tout, il faudrait protéger le président Zelensky et son gouvernement. Les dirigeants ukrainiens semblent prêts à aller jusqu’au sacrifice personnel, à succomber héroïquement sur le Champ d’Honneur. Mais, lorsque le moment ultime viendra, la survie sur la terre d’Europe d’un gouvernement ukrainien en exil sera politiquement trop cruciale pour qu’ils s’exposent à la mort. Si leur chute advenait en l’absence d’une formule de continuité hors de leurs frontières, elle débouchait sur un dangereux vide de pouvoir. Une administration  »Quisling » (ou Laval), illégitime, les remplacerait, à la botte de l’occupant. Celle-ci devrait d’emblée être sanctionnée en usurpatrice et expulsée du système international. Parallèlement, organiser politiquement les opposants russes – par exemple à Paris – insufflerait du courage à leurs concitoyens résistant encore dans la  »prison. des peuples ». C’est un minimum sur le plan légal.

Exclure la Russie des Nations Unies ouvrirait des possibilités pour aller plus loin. Notamment, pour amener Poutine et ses proches à répondre personnellement de leurs crimes et pour permettre alors aux Russes d’organiser leur avenir, en retournant sous la Charte de l’ONU et sous l’Etat de droit. L’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas explicitement ce pouvoir, à l’heure qu’il est, mais des précédents existe (guerre de Corée et vote de l’AG pour une intervention militaire) et les juristes sauraient trouver des biais pour contourner le veto russe, dans l’hypothèse d’une demande politique fortement majoritaire.

 Dans la gamme ‘’flexion de muscles’’, que Vladimir décrypte bien, il serait légitime et légal de  »bloquer » les groupes armés étrangers ou non constitués, complices de crimes de guerre aux côtés de la soldatesque russe. Les nervis syriens de Bachar, qui ont massacré leurs concitoyens, n’ont aucun droit à débarquer, armés, en Europe pour recommencer partout Alep. Dans le ciel du Proche-Orient, les avions qui les transportent sur le front ukrainien pourraient bien disparaître des radars en cours de route. Sans regret aucun. De même, le mercenariat étant, comme la piraterie, prohibé par le droit international, les tueurs de Wagner à l’international – qui ne valent pas mieux – pourraient trouver le chemin des tribunaux, si on les y aidait un peu. On commencerait par l’Afrique sub-saharienne, où le rapport de forces ne leur est pas si favorable. Et il y a toujours, bien sûr, les livraisons d’armes, la guerre électronique, le renseignement et … chuuut ! … les opérations spéciales (pas celles de Vladimir), les sanctions, la guerre des médias déjà gagnée …

Au total, donc, rien d’illégal, ni rien qui implique de pénétrer en force sur le champ de bataille ukrainien. Juste des signaux bien clairs. Ils disent que les Occidentaux présumés ‘’dégénérés’’ sont quand même à prendre au sérieux. D’ailleurs, aucun terrorisme – même proclamé ‘’chrétien’’ – n’est plus vivable ou plus acceptable qu’un autre. C’est l’évangile de l’Ours. Une jolie chanson pour conclure :

* * * * * * * * *

Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous, nous serons morts mon frère

Dans la grande chaîne de la vie
Où il fallait que nous passions
Où il fallait que nous soyons
Nous aurons eu la mauvaise partie

Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts, mon frère

Dans la grande chaîne de la vie
Pour qu’il y ait un meilleur temps
Il faut toujours quelques perdants
De la sagesse ici bas c’est le prix

Quand les hommes vivront d’amour
Il n’y aura plus de misère
Les soldats seront troubadours
Mais nous nous serons morts, mon frère

(1978 Raymond Levesque – Robert Charlebois)

* 14 mars – A chaque jour suffit sa peine

Tout en nous invitant à rester lucide et responsable face à la tragédie que vivent les Ukrainiens, Mathieu nos recommande, au chapitre 6, verset 34, de ne pas présumer sottement de la capacité de nos psychés à encaisser les chocs et à réagir avec discernement (une des plus grande qualité intellectuelle qui soit). Il n’y a aucune honte à trouver le blog de l’ours géopolitique bavard, trop spéculateur et même un rien présomptueux. Nul n’est contraint d’absorber la moutarde forte avec une cuiller à soupe. Nous sommes tous différents, notamment dans notre sensibilité à la douleur et à l’inconnu (et aussi à la moutarde). Personne n’est obligé de peser les chances que, depuis son bunker à bulbe doré,  »Vlad le Vitrificateur » déclenche ou non les feux de l’apocalypse nucléaire, biologique ou chimique.

L’Ours, ça lui clarifie la tête mais, à d’autres, pas. L’important est de ne pas se mentir à soi-même et de s’ajuster, pas à pas = un peu, chaque jour = au cours horrible des choses. Le coq écervelé chante une trompeuse invincibilité guerrière ; l’autruche, le confort du trou de sable où elle enfouit sa tête. Le corbeau ouvre le bec, tout hébété, et laisse tomber son fromage. Le pigeon croit tout ce qu’on lui dit. Le merle et la pie font dans l’infox à fond. Les moineaux s’affolent en tournant autour de l’arbre. L’aigle et la buse fondent sur leurs proies. Merci Mathieu, merci La Fontaine !

Voilà  »Vlad le Vilain » qui vous accuse de tous les sales coups de la terre : vous êtes nazi, terroriste infiltré dans un hôpital, caché derrière un bouclier humain; vous attaquez de l’étranger une terre russe prétendument nommée  »Ukraine », vous massacrez des civils à tours de bras, bombardez des corridors d’évacuation humanitaires, préparez depuis votre cambuse des armes interdites, etc., etc. … C’est simple : il vous dit ce qu’il a l’intention de faire de vous et vous livre un échantillon de sa  »belle » mentalité. C’est le syndrome de la cour de récré :  »si tu ne me files pas tes billes, je te les fait manger et je dis à la maîtresse que tu voulais me les faire manger ». Ca demande une petite gymnastique de l’esprit mais ça permet de décrypter le coup d’après.

Le coup d’après pourrait avoir à faire avec les armes de destruction massive, toutes formellement prohibées par le droit de la guerre, mais néanmoins libéralement diffusées au sein d’armées comme celles de Russie ou de Syrie. Le bas de gamme, s’est le chimique, avec tous ses inconvénients (météo incertaine, vent qui tourne, bourrasques …). Il reste que, sur une très grande surface, ce type de produits binaires (stockés dans deux flacons puis léthales dès que mélangés) est tout à fait efficace pour exterminer les populations civiles des faubourgs ou centres-villes. Souvenez vous de la Syrie de  »Bachar le chimique » et du recul de l’Amérique, en 2013, lors de la multiplication de ce type d’attaques contre la population. Russes et Syriens ont intégré le crime contre l’humanité dans leur doctrine de guerre et ils disposent en quantité du gaz et des poudres du genre Novitchok.

Un peu plus  »premium » en gamme est l’arme bio (prononcer  »bi-o » comme  »billaud »). Quelques gouttes dans l’eau potable ou dans le potage suffisent pour anéantir une population citadine. C’est tout aussi prohibé par une convention des Nations Unies et contrôlé dans le commerce civil par un  »régime australien » particulièrement vigilant. Mais, un petit flacon par million d’habitants, ça se cache aisément au fond d’une poche. De plus, c’est inodore et ça ne se diffuse pas dans l’air : indétectable ! Enfin, comme Pékin accusant les Américains d’avoir créé le Covid, vous pouvez toujours prétendre que c’est  »l’autre en face » qui l’a fait. C’est ce que Vladimir est en train de dire, d’ailleurs, pour le VX ou l’anthrax.

Si vous disposez déjà d’un siège permanent au Conseil de sécurité ou voulez simplement abattre le système des Nations Unies, les accords de contrôle des ogives et des vecteurs, multiplier votre capacité en euromissiles capables de destruction immédiate de Paris, Londres, Berlin, Varsovie, Rome, Madrid, etc. , etc. appuyez sur le bouton rouge, tout en dénonçant ces capitales nazies qui fomentaient une attaque nucléaire contre vous mais, surtout, frappez le premier, par surprise ! Plus de problème de climat car plus de vie humaine cqfd. C’est la grande classe que pourrait bientôt atteindre la mise en centrifugation du cerveau bouillonnant de  »Vlad l’Apocalypse ». Le problème avec cette drogue qu’est le pouvoir absolu, c’est qu’il faut sans cesse en augmenter la dose et qu’il n’y a pas de sevrage.

Incroyable, après l’horreur qu’on a vue et celle qu’on devine déjà un peu : certains chez nous préfèreraient l’apocalypse à la démocratie !

* 9 mars – Le droit, notre garde-fou

La brève d’hier parlait des  »jeux pernicieux » du dictateur russe avec la vie de civils innocents. Le nombre de conflits violents déclenchés de son fait depuis sa trouble accession au pouvoir, en 2000, est tel que l’on y voit une vocation à la cruauté. Ceci, toujours pour des gains prédateurs sous-tendus par un nationalisme paranoïaque (à divers degrés le nationalisme, comme on le dit,  »c’est la haine »). La dénonciation de son profond mépris pour le droit international humanitaire n’est pas nouvelle. Il agit donc en pleine connaissance de cause, en pleine jouissance de son pouvoir meurtrier absolu.

L’intervention militaire elle-même de la Russie contre l’Ukraine constitue une agression, au sens du droit international. À cela s’ajoute le fait que les comportements russes relèvent, dans beaucoup de cas, de violations des lois et coutumes de la guerre, définies par les Conventions de Genève et de la Haye. Elles incluent des attaques délibérées et des frappes aveugles sur des populations civiles. La prohibition de ces crimes porte aussi sur l’utilisation d’armes non discriminantes (ne faisant aucune distinction entre des cibles civiles et militaires).

Le droit international humanitaire, issu du droit de la guerre, considère comme civil toute personne ne participant pas aux hostilités. Les journalistes, le corps médical et les aumôniers qui interviennent dans les zones de combat (sans arme) restent des civils.  Un militaire sorti des hostilités, est lui aussi considéré comme civil, dès lors qu’il capitule ou est invalidé sur le champ de bataille. Les maisons, les immeubles, les hôpitaux, les écoles, les lieux de cultes, les bâtiments administratifs et tout ce qui fait partie du quotidien de la population sans revêtir de rôle militaire doit aussi être protégé, selon ce droit très ancien développé au fil des conflits.

Sans doute faudrait-il y ajouter quelques articles concernant l’arme nucléaire, envisagée sous un angle offensif (pour une première frappe multiple dans un pays non-en-guerre ou non-belligérant). L’atome, plus que tout autre type de feu ne distingue aucune catégorie humaine parmi ses cibles et anéantit tout. Certes, il ‘y a pas de  »gendarme » dans le système international qui soit capable d’arrêter l’offensive de la deuxième armée du monde, nucléarisée qui plus est. Néanmoins, il serait concevable de créer une coalition à l’échelle du monde pour exclure l’agresseur de toute forme de coopération, d’échanges, de jouissance de droits.

En janvier 1943, la conférence de Casablanca avait rassemblé les démocraties autour d’une vision du droit qui s’et concrétisée fin 1944 avec l’Organisation des Nations Unies. Aujourd’hui, les nations de l’Occident resserrent les rangs face à l’agression frappant l’Ukraine. Il faut aller plus loin et penser, au plus tôt, au  »coup d’après ». Sans doute serait-il nécessaire de renforcer considérablement l’autorité propre des Nations Unies sur les Etats qui la composent (pour sortir de la situation inverse actuelle). Le droit de veto permanent et définitif accordé aux cinq vainqueurs de 1945 = dont la Russie et la Chine = n’est plus justifiable. Ad minima, l’Assemblée générale de New York, renforcée et dotée de nouveaux pouvoirs d’urgence, pourrait, dans ce schéma, destituer un Etat recourant à la terreur contre les populations civiles. En aucun cas, une fois exclu de l’ONU, le coupable ne pourrait faire entendre sa voix, tout au moins avant d’avoir admis sa faute et indemnisé ses victimes.

Nous ne sommes plus en 1944-45 : ce sont les enfants à naître dans ce monde de la guerre du 21 ème siècle, potentiellement plus destructrice que la seconde guerre mondiale, qu’il nous faut protéger. Une démocratie de portée universelle, ancrée dans un droit humanitaire plus exigeant et dotée de toute la gamme de forces que les défis imposent, est-ce un rêve plus fou que celui caressé à Casablanca, il y a huit décennies ?

* 19 janvier – Covid : quel début de la fin ?

La communauté scientifique internationale paraît divisée sur les chances de sortir à moyenne échéance de la pandémie. Partout, les populations sont usées par deux ans d’épreuves et  d’incertitude et elles sont aux aguets d’une embellie. Non que le monde ne redevienne ‘’normal’’ mais quand même, plus vivable. Aussi, la question de savoir si la cinquième vague sera la dernière possède une portée universelle.

 L’Agence européenne des médicaments (EMA) se montre plutôt optimiste. Elle considère comme probable que la propagation du variant Omicron transforme la pandémie de Covid-19 en une maladie endémique plus bénigne, avec laquelle l’humanité pourrait apprendre à coexister. Ce variant moins virulent mais plus contagieux pourrait favoriser, du fait de ses caractéristiques, l’acquisition d’une immunité collective naturelle, possiblement planétaire. On aurait presque la tentation de frayer joyeusement avec ce virus, en plus de la vaccination, qu’il devienne comme une seconde sorte de grippe (une pathologie sérieuse mais qui n’effraie pas) et puis on passerait à autre chose.  Ça et là, des ministres de la santé évoquent ce scénario idyllique :  le début de la fin ne serait plus très loin !

Le patron de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus se montrelui, bien plus prudent. Le plus grand échec et la plus grande frustration de son agence est de ne pas avoir pu remonter jusqu’au cas zéro de l’automne 2019, à Wuhan. Après avoir été choyé par le gouvernement de Pékin, l’Ethiopien a été grossièrement abusé et on ne le reprendra pas à évoquer des lendemains qui chantent. Pour lui, le variant Omicron est tout sauf bénin, à en croire le pic d’hospitalisations atteint dans de nombreux pays. Omicron continue de déferler sur la planète. Surtout, il escompte l’apparition de nouveaux variants plus létaux qui pourraient faire retomber toute tentation d’enthousiasme. ‘’ Aucun pays n’est encore sorti d’affaire’’  et il ne faudrait pas crier ‘’ouf !’’ prématurément. Les nouveaux variants… voilà un mauvais tour que peut jouer la nature ! Cette loterie virale est comme un banc de brouillard tombant sur notre avenir. Mais le propre de l’humain est d’espérer, non seulement pour soi-même mais pour autrui. On ne sait rien des possibles prochains variants dans un monde qui lui aussi se métamorphose dangereusement. Mais, Tedros, ne ruinez quand même pas notre besoin bien humain d’espoir !

* 17 janvier – Malade d’être dans le monde

Maudire le drapeau européen, le jour où, la France prenant la présidence de l’UE, il flotte sur la Tour Eiffel ; inspecter un camp de rétention en Grèce pour se féliciter que les retenus soient bien traités comme des prisonniers ; demander à Bruxelles des subsides pour installer des barbelés aux frontières ; se battre pour plus de chauvinisme et d’isolationnisme à courte vue … est-ce vraiment digne du débat de politique extérieure au sein d’une des cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité, à l’approche d’une élection présidentielle ? Beaucoup de Français ont un peu honte de l’indigence du débat sur ce que la France peut apporter au monde et sur ce qu’elle en attend. Ce blog aussi. L’Ours cache son museau sous ses grosses pattes.  Et encore ! Si le débat était seulement indigent … Mais il n’y a aucun débat, juste le spectacle d’une citoyenneté étroite, égoïste, rabougrie dans sa cécité.

Les lecteurs de l’Oursgéopolitique la savent trop bien : le monde autour de nous comme chez nous est profondément détraqué. Non pas par une soudaine perspective d’apocalypse, mais par un emballement de crises et de menaces que nous négligeons de reconnaitre et de traiter parce que c’est trop compliqué et parce que notre méfiance en tout nous conduit au déni. La guerre qui menace avec la Russie, en Ukraine, le délitement accéléré de l’Union européenne et son impuissance dans le monde, le retour d’un condominium  de puissances agressives, véritable chance pour l’Otan, l’Hégémonisme sans âme de la Chine et sa propension à l’affrontement, notre marche arrière dans les combats pour sauver le climat et la biodiversité, la disparité face au Covid et à la misère du Nord et du Sud, etc. aucun de ces dossiers majeurs n’intéresse la vie politique française.

Le réveil sera dur, fin avril, lorsque l’élu – plus ou moins nettement – des Français devra brutalement adapter à la réalité du monde son discours électoral forcément démagogique. On taillera dans le vif en nous expliquant alors  que tel ou tel ‘’traitre’’, telle ou telle malchance imprévue viennent effacer nos éphémères rêvasseries.  Pourtant, conduire un débat honnête et lucide sur l’état du pays dans le monde, la paix et la guerre, l’avenir de notre planète, les injustices qui affectent l’humanité (jusque chez nous), serait-ce trop demander ? N’est-ce pas le minimum dû aux citoyens ? Pendant la campagne en Allemagne, un effort a été accompli en ce sens par les partis.*

Alors, incurablement masochiste, la France ?

* 20 décembre – Des floppées de vœux négatifs

Le plein de tuiles pour les nuisibles, en 2022 !

Une fois les vœux affectueux envoyés à ceux qui nous sont chers, sachons enchaîner sur les vœux négatifs. Célébrons les vicieux, les fourbes, les pervers, les affreux absolus et les traitres en leur adressant, en une rafale sèche mais conclusive, nos anti-vœux d’exécrable Année 2022 !

Surtout n’attendez pas, de la part de ce blog, régulièrement suivi par une petite dizaine de lecteurs égarés et infidèles (join the gang !), qu’il vous dresse une liste nominative, détaillée et exhaustive. A chacun, sa sélection ! Il faut bien aussi laisser leur boulot à la Cour Pénale Internationale, au Chaudron de Belzébuth comme au Tribunal du Père.
Tout d’abord, j’omettrai prudemment de vous désigner ceux des membres de la classe politique, médiatique, bancaire, etc. qui échapperont au grognement empoisonné de l’Ours : on les compte sur les doigts de la main. Par contre, je traiterai le cas de tous les autres. Mais, j’ajoute, sans malice aucune, que les citoyens ont, par négligence et loi de l’évolution, la société médiocre qu’ils méritent. Ainsi fonctionne l’effet-miroir…

Alors, allons y en vrac :

* Un sincère vœu négatif pour nos amis, les dictateurs sanguinaires, chefs de katiba et directeurs de camps de torture, avec l’espoir brûlant au cœur que les vagues 5, 6 et 7 du COVID en viendront à bout l

* Un séjour gratuit en prison, à La Haye (en face de la CPI), pour le moustachu Aleksander Loukachenko !

* Un retour gratuit en France, pour la colonie de vacances camembert bloquée dans les camps kurdes d’Irak. Bienvenue au Pays, menottes aux poignets : cela soulagera un peu nos alliés peshmergas !

* Une pensée toxique pour quelques « papas-dictateurs » africains, qui bidouillent et rebidouillent leur constitution pour se sur-bidouiller eux-mêmes au pouvoir. Qu’ils entrevoient l’état pathétique de leurs concitoyens agressées par le djihadisme, la mauvaise gouvernance et la misère. Qu’ils en cauchemardent chaque nuit et qu’ils dégagent en 2022 !

* Bons vœux de retour au goulag, les poches vides, pour les militaires sans insignes du groupe Wagner ! La dose de vodka qui dissout la rate pour notre bienfaiteur au Kremlin !

* Que le général émirati qui prend la tête d’Interpol avec du sang sur les mains avale son étoile de shérif !

* Courte vie au Parti !

* Une montée d’allergie pour l’état d’urgence en Hexagonie (pays fictif, bien sûr) : que l’exception devenue la règle et l’état de droit érigé en l’étale du Roy ne survivent pas à l’Année du Tigre. Qu’un état d’amour perpétuel entre les citoyens à béret ridiculise tous le chefs !

* Une pensée particulière pour le distingué corps préfectoral. Qu’il échoue à traquer les individus  »migrants » ou  »fraternels », brassés par la débâcle du monde ! Que les envahisseurs soient autorisés à bosser pour notre PIB et à cotiser pour nos retraites. Qu’ils nous invitent bientôt à partager, en voisins, leur couscous au manioc ou leurs tripes-chili ! » Triple ration de harissa pour les haineux xénophobes !

* Que le fantôme de Schengen ressurgisse de sa tombe et fasse péter murs et barrières : libre circulation, bienvenue chez nous et la tournée pour tous ! Voyez la tête que feront les gens  »de souche » ! Hé, hé !

* Une franche pensée assassine (eh, oui !) pour le Connardo-virus, le moustique Tigre, la souche humaine anti-vaccinale, la pandémie de trouille abêtissante. Idem pour la larve éradicatrice de l’olivier, le H5 N1, la crise de foie du lendemain de réveillon, la théorie des complots et la paranoïa, en général !

* Des redressements fiscaux musclés et une mise en liberté très surveillée pour les patrons du GAFAM, démantèlement  »numérique » de leur cartel à la clé. Que Zuckerberg soit remplacé par Snowden !

* Que les travailleurs de la chimio-agriculture consomment – une fois n’est pas coutume – leurs fruits et leurs légumes vésicants, juste pour voir (pour le SAMU, faites le 15 !)

* Une bonne inondation du domicile, pour ceux qui se contre-fichent des émissions de GES, de la finitude de la Planète et de la disparition du vivant : qu’ils barbottent tristement !

L’Ours m’indique que j’ai oublié plein de mauvais sujets (les tueurs de plantigrades dans le Pyrénées, par exemple). Mais, l’essentiel est dit et vous m’avez compris… Alors :

L’Ours a de gros doutes sur la conduite du monde

Des fêtes très  »spéciales » pour les concernés précités et, encore et encore pour eux, tous mes vœux négatifs pour le siècle à venir !

* 14 décembre – Jeux demain, jeux de vilains

Les JO d’hiver sont prévus dans la capitale chino x7ise en février prochain. Au sein de l’Occident, des voix influentes appellent au boycott au nom des droits de l’Homme. Ainsi, aux États-Unis, les Républicains ont demandé au Sénat d’enquêter sur les irrégularités présumées dans l’attribution à Pékin de cet évènement mondial prestigieux ce qui implique potentiellement d’en exiger l’annulation par le Comité international olympique. Bref, du fait du ‘’génocide’’ perpétré contre les musulmans ouïghours du Xinjiang, aucun représentant du gouvernement américain n’assistera aux Jeux, l’an prochain. 180 associations de Défense des droits de l’Homme campent sur la même ligne.

La Chine juge bien sûr cet appel au boycott « irresponsable » et purement « politique ». D’ailleurs tout est politique dans ce pays, une raison majeure de son rejet de l’Etat de droit. Une politisation des Jeux par Washington n’en est pas moins en cours. Elle renverrait à la mémoire des jeux de Berlin en 1936. Quarante plus tard, 22 pays africains avaient boudé les JO de Montréal, pour punir la Nouvelle Zélande côtoyer les rugbymen d’Afrique du Sud. Puis il y a eu la désertion de ceux de Moscou, en 1980, vengée par des représailles russes contre Los Angeles, quatre ans plus tard. En 2008, le chemin de Pékin (déjà) butait sur la répression au Tibet. En 2012, à Sotchi, l’infamie de l’Hôte russe faisait suite à l’annexion de la Crimée.

La politisation des jeux n’a jamais apporté de résultat positif. Personne n’a gardé le souvenir que ces gesticulations, bien contraires à l’esprit de Pierre de Coubertin, aient pu contribuer à la justice, au droit ou à la paix. L’olympisme était, à l’origine une parenthèse de trêve des affrontements. Les droits humains sont une cause 7/7 J, 24/24 H, un processus continu et patient. Choisir entre ces droits, la moralité, la dignité des êtres et l’aspiration universelle des sportifs ne se fait pas en un tweet ou en un slogan bien ciblé. Mais l’arme du boycott est très tentante sous l’angle de la propagande-minute, parce qu’elle fait mal au moral de l’adversaire et qu’elle écorne – provisoirement – son image internationale. Qui plus est, en choisissant une incrimination unique, le slogan occulte la grande diversité des violations et des victimes. On fait alors dans la caricature.

Mais cette flétrissure (justifiée) des mauvais gouvernants cherche, par simplification abusive, à stigmatiser les peuples eux-mêmes, avec, pour effet connexe d’outrer le public et les athlètes du pays critiqué. Il est à prévoir qu’en Chine, 99 % de la population han y verra un complot, un mauvais procès intenté par mépris d’un peuple et une preuve de haine contre la Patrie communiste (le Parti). Le regain de xénophobie suivra la montée des ressentiments. En janvier, Xi Jinping avait affirmé qu’il incombait à son pays de réussir cette « grande fête » et de rendre ses JO « spéciaux, exceptionnels et uniques’’. Jalousie occidentale et manigances pour gâcher la fête ?

Vous l’avez compris, l’Ours accepterait d’aller à Pékin mais ne se gênerait nullement pour exprimer sa réprobation d’une façon raisonnée. Il préciserait surtout l’identité des fautifs. Mais il aurait des mots amicaux pour les gens (et pour les plantigrades) du lieu. Il n’oublierait pas tout, si tôt rentré au blog. Il serait plus tenace. En fait, il ne paraît pas qu’il soit invité.

* 7 décembre – La lointaine planète France

La campagne électorale française a une drôle de tonalité eurosceptique et un horizon de vue replié sur l’Hexagone. Alors qu’en Allemagne, par exemple, l’Europe ne pose plus question et qu’elle porte même les principales recettes aux grands problèmes transversaux, en France, elle reste un défouloir existentiel et un illusoire terrain d’affrontement. Son importance primordiale dans les politiques et les cadres de vie des citoyens est tout simplement ignorée.

Voilà une bonne façon de convaincre l’électeur que le politicien  »bien de chez nous », est un héros tout puissant et que sa parole vaut re-création de la Mère-Patrie. Cela revient à se persuader que la monnaie, le commerce, la santé, le politiques budgétaires ou celles de l’environnement sortent ‘’toutes cuites et prêtes à l’emploi’’ du puissant cerveau de nos Super-Dupont organisateurs du genre humain (celui du clan franchouillard, s’entend). Dupont-Electeur ne doit surtout pas en douter. Ce syndrome rappelle les mécanismes mentaux du Brexit. L’UE est brandie sous ses yeux comme un défi à  SA souveraineté (ou comme un exutoire à ses frustrations) et notre pauvre Dupont-Citoyen est téléguidé par les émotions !

 Il faudra bien rendre à la Patrie des porteurs de béret – à eux seuls – des prérogatives absolues sur les problèmes qui la dépasse, pour lesquels elle ne dispose pas des ressources ni de la puissance pour agir utilement et que, dans tous les cas, elle maitrise mal. Reste l’identité et la sécurité, deux causes récurrentes, plutôt archaïques et hors-le monde. Ce mantra s’accompagne d’une répudiation inconséquente des traités signés et qui valent constitution. Foin des normes, exit les garde-fous contre un retour de la guerre et de la sauvagerie ! Ne parlons ni du climat, ni des transitions, ni d’un retour de la Paix ! Cela fait beaucoup de marches arrières à encaisser, pour un simple spectacle saisonnier !

L’Ours n’aime pas la pensée binaire. Il n’a plus trop envie de plonger son museau dans un monde orwellien, qui, de toute façon, s’évaporera en avril ou en mai. Il n’est pas sorti de sa taïga pleine de dangers pour partir en guerre contre d’autres, qui n’auraient pas exactement la même fourrure que lui ou qui grogneraient avec un accent. Ni envie de se voir attribuer un territoire en fonction de sa complexion et de sa connaissance des valeurs ursidées.  Cette campagne nombriliste et sans horizon, sans  »nourriture pour penser » (food for thought), est aussi sans discernement aucun quant aux profonds effets du monde sur le fonctionnement de la France. Elle est plus désolante encore qu’ennuyeuse. Personne ne voit donc qu’autour de nous tout change très vite et que ce n’est plus un jeu d’autorité, bien ou mal exercée, qui nous adaptera à notre dangereuse époque ?

Est-ce que quelqu’un d’important voudrait bien penser à partir des réalités mouvantes ? Il devrait nous dire que les vieilles ficelles du chauvinisme sont passées de mode, inefficaces. L’Ours, lui, se tait (du moins, jusqu’à demain)…

* 1er décembre – L’Humanité dans sa tanière

L’Ours est dépité. L’avatar plantigrade de ce blog en deviendrait presque déconfit et brumeux. A chaque fois qu’il sort tout heureux de sa tanière, un nouveau variant du virus le contraint à s’y réfugier en panique. Il est las, il perd peu à peu le sens de sa bonne vie animale, en plein air et en compagnie.

Voudriez-vous vraiment qu’il jette un œil géopolitique sur ce monde tout détraqué ? Regardez Omicron. On ne sait rien de cet intrus sorti tout droit de la mondialisation. Il semblerait qu’il n’ait encore tué personne mais que sa propagation s’établit entre celle d’une trainée de poudre et celle des médias électroniques. Tout le monde y va de son cri d’alarme si ce n’est de sa version lugubre de l’apocalypse. Israël s’emmure hermétiquement du monde extérieur; le monde extérieur se retranche de l’Afrique australe, terre d’origine du variant. l’Europe commence à nouveau à se claquemurer, chacun y allant de ses quarantaines, ses refoulements, ses tests sériels. Pourtant ne forme-t-elle pas une zone d’habitation homogène, irriguée par un marché unique et capable de mutualiser les politiques de santé, comme on l’a vu pour les vaccins ?

Mais l’obsession de la  »frontière à garder » s’est insinuée dans les esprits et la peur de manquer au sacro-saint  »principe de précaution » (et d’avoir à le payer politiquement) paralyse les politiques. On cherche des parades dans le  »sauve qui peut ! » et le  »chacun pour soi » sans attendre de savoir de quoi – scientifiquement – nous sommes menacés. Certains experts prédisent pourtant que l’avenir du Covid 19 sera de rejoindre la catégorie des rhumes communs. Un tigre de papier. Allez savoir ! Fermez les écoutilles, cadenassez les barrières, posez des barbelés le long des voies de passage ! Sans rien comprendre à rien, nous allons bientôt revêtir la misère et l’opprobre des exilés ballotés aux frontières des riches ? Au passage, en verrouillant tout, quelle masse instable de déboutés, touristes piégés, expatriés et non-vaccinés allons-nous laisser s’agglutiner entre notre périphérie et les filières d’infiltration clandestine ?

L’OMS nous dit – en termes polis – que nous sommes de sacrés imbéciles à vouloir nous cloîtrer hors-le-monde, juste par instinct. Cela n’arrêtera aucun variant, accentuera les déséquilibres entre zones pandémiques et créera artificiellement une multitude de victimes. Les économistes anglo-saxons ajoutent que l’option du repli sur soi est synonyme d’appauvrissement, de pénuries et de chômage. Même si l’on a le culte de la  »préférence nationale », on sait bien que l’autarcie tue les plus faibles, au final.

Alors, l’Ours (toujours déconfit), quelque chose à dire ?

 »Avant de réintégrer tristement ma tanière (ou non), je constate qu’on a raté l’occasion de retourner les solutions de la mondialisation contre ses méfaits globaux. On va subir tous ces variants bizarres, parce qu’on n’a pas su vacciner et protéger les peuples pauvres et mal organisés du Sud. La nature est morale. Elle nous force être tous égaux et justes ou alors, à subir de sa part des tourments sans fin. Mais on n’est pas prêt de se ressaisir….car c’est dans nos têtes  » (pensée brumeuse, puis sommeil de plomb …).

* 28  octobre – Avatars numériques

Face book change de nom. Ca ne va pas changer la vie des quelque  deux milliards de braves gens qui correspondent sur le réseau avec leurs familles et leurs amis. Ca ne va rien changer non plus à la philosophie commerciale et au mode d’action du groupe : le rassessement en boucle. Marc Zuckerberg l’a inventé et il y enferme ceux qui ont le malheur de s’aventurer anonymement dans les groupes de discussion, les fora d’infox et autres espaces de haine calibrée que tolèrent hypocritement les algorithmes de ses ‘’modérateurs’’. Leur machine a parer aux débordements est une usine à gaz incontrôlable (des cadres du réseau en ont témoigné). La perte de contrôle de la firme californienne sur sa machinerie illustre d’ailleurs l’importance des incidents enregistrés sur une très grande échelle. Qui plus est, seuls les résoteurs d’Occident lui inspirent quelques vagues précautions, les autres ont droit à l’impasse. Le plus préoccupant t se voit dans les déviances induites chez les adolescents du fait des incitations malsaines du système : harcèlement scolaire, attaques sournoises contre les personnes, calomnie, compromissions par l’image. Tout ce qu’on devrait interdire fait fond de commerce pour Facebook. Des dizaines de milliers de jeunes Français en sont – indirectement – victimes chaque année, parmi lesquels plusieurs centaines  tentent de se suicider. Quant à leurs parents, ils se placent, sans le savoir, sous la coupe des extracteurs de données, des influenceurs et des trolls multinationaux rétribués, à l’occasion, par des dictateurs. La recette consiste à semer la confusion dans les esprits, à faire confondre information et fantasmes … et, au bout du compte, à faire dérailler les démocraties. Alors, le nouveau  nom du monstre, peu importe … ce sera toujours un système mondial, qui dicte une bonne part de nos sentiments, dénature notre avenir, nos relations et ça, déjà, ça fait peur.

Il y a pire : voilà que Facebook s’attaque à la finance et s’apprête à lancer sa crypto-monnaie. La valeur fiduciaire est fondée sur la confiance, qui peut n’être que de la crédulité. Le Zuckercoin, comme le bitcoin, va fonctionner sur la fidélité de spéculateurs immatures qui  font écran devant le crime organisé. Car c’est bien aux gangsters du dark web que ce mode de commerce profite le plus. Les laisser s’enrichir, sans limite, à nos dépens, c’est finalement les pousser vers le pouvoir et leur donner les moyens d’un contrôle politique sur les sociétés humaines. Au contraire des monnaies locales, concrètes et utiles comme instrument d’échange de marchandises et de services, ces devises sans maître ni raison sociale aboutiront à des crises, des dépossessions. Ce n’est sûrement pas une voie menant vers le règlement des inégalités sociales, vers la prévention du dérèglement climatique, vers un peu d’honnêteté dans la vie publique. Voyez là une litote.

Tout cela compte peu finalement, si Facebook et ses réseaux associés réussissent à faire basculer l’humanité dans une folie confuse. Zuckerberg  se vante haut et fort de son fumeux  projet de les  faire basculer ses réseaux dans  un univers factice où chacun – quelle que soit sa distance réelle aux autres – côtoiera  tout le monde, un peu au hasard, dans les trois dimensions et l’illusion parfaite du réel. Ce ‘’métavers’’ va abolir toute frontière entre le réel et l’imaginaire, ce qui pourrait convenir pour un jeu, mais pas pour régler les relations sociales, voire pour animer la vie publique. A bien considérer les pièges de la version simplette unidimensionnelles actuelle, on doit pouvoir  accroître d’un facteur puissance dix les dégâts sociaux et psychologiques à attendre de ce fameux Métavers.

 Le père de famille conduisant ses enfants à l’école distinguera-t-il le volant réel de son véhicule des commandes factices de l’univers Zuckerberg ? Le collégien qui se plaît à effrayer un camarade saura-t-il dans quelle dimension il l’aura ou non physiquement agressé, au bout du compte ? Le citoyen-électeur à qui l’on dit en boucle que les élections ont été truquées saura-t-il s’il se met  au service de chefs de guerre, par la pensée uniquement ou avec des armes réelles dans l’idée d’envahir le capitole. La police sera-t-elle obligée de pénétrer cet ’’autre monde’’ pour démêler les affaires criminelles d’ici-bas ?

Il y a toujours un brin d’emphase pédagogique dans l’argumentation de ce blog. Disons le tout de suite : l’anonymat et l’impunité ne sont pas des libertés individuelles mais un droit à nuire, voire à tuer ! Pour la paix dans le monde et pour sauver la géopolitique d’état de droit (si c’est encore possible), il faudrait vite museler ces hyper puissances numériques qui ne rendent compte à personne et veulent faire du cash sur notre santé mentale. Pour le coup, l’enjeu est bien de sauver l’esprit à l’Humanité, ce qui aidera aussi à sauver la Planète.

* 26 octobre – Transition de dictature à dictature

Coup de projecteur désabusé sur le Soudan : c’était le dernier pays du monde arabe à avoir accompli une révolution populaire pour secouer le joug d’un pouvoir militaire corrompu et teinté d’islamisme radical. En 2019, le dictateur Omar Al Béchir avait été renversé, avec la connivence d’une partie de l’Armée, et la population soudanaise était massivement dans la rue à réclamer ses droits et libertés ainsi qu’un gouvernement civil élu. Depuis plus de trente ans, aucune élection n’a pu se tenir. On ne pouvait que sympathiser avec ces citoyens déterminés, bien organisés et mûrs sur le plan démocratique …

Comme dans tous les pays arabo-musulmans animés de cet idéal en 2011 et après, la boucle s’est soudain refermée : retour dramatique au point de départ. Un nouveau dictateur militaire a confisqué les rennes du pouvoir. Le général Abdel Fattah al-Burhan, patron de l’Armée de Terre, s’assoit, hautain, sur le trône de Béchir, dissout le gouvernement, l’instance de la transition politique (Conseil de souveraineté), suspend la législation, arrête les ministres civils et fait tirer sans état d’âme sur les manifestants civils défendant les promesses de transition démocratique qui leur avaient été faites (à l’horizon 2023) . Ces promesse, au Soudan comme ailleurs, sont trahies.

La  »transition politique » n’est, au fond, qu’une façon d’habiller le rapport de forces, de la part des acteurs politiques qui détiennent les fusils et une mainmise sur l’économie. On s’est demandé, dès la conclusion d’un compromis de coexistence et de partage transitoire du pouvoir entre civils et militaires, si ces derniers ne succomberaient pas bientôt à la tentation de récupérer la mise, en totalité. C’est fait désormais et le risque a été pris de susciter une légitime résistance populaire, peut-être un conflit civil, et de faire retomber le pays dans l’ornière de l’arbitraire et des violations massives des droits humains. Les généraux soudanais ont tout à redouter d’un progrès de l’Etat de droit : ils ont suscité et soutenu des formations ‘’paramilitaires’’, tels les Janjawids, qui n’avaient d’autre mission que de piller et de massacrer les populations non-arabes du Darfour et d’autres régions. Eux-mêmes ont directement commis de nombreux méfaits en rapport avec ces génocides et ils n’auraient guère de chance de s’en tirer indemnes face à une cour de justice indépendante.

Quelle frustration que le système international doive s’en tenir à des condamnations verbales et à des réunions sans effet à New York ! La Ligue arabe, pas plus que l’Union africaine n’y feront rien. Ceux qui en Occident s’effarent de l’augmentation, dans le monde entier, des flux de populations menacées chez elles, devraient foncer sur Khartoum avec des filets pour embarquer les coupables vers la Cour pénale internationale de La Haye. Un conseil un peu fou, mais il y a urgence.