Alors que la chancelière Angela Merkel, à la tête du gouvernement fédéral allemand depuis 2005, terminera son dernier mandat en septembre, son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), vient de porter à sa tête Armin Laschet, 59 ans, par une majorité de 521 voix sur ses 1 001 délégués. Ce modéré, fidèle parmi les fidèles de la chancelière, ancien journaliste et ministre-président du land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, incarne la continuité. Centriste, européen mais aussi atlantiste, il est rassurant pour les partenaires de l’Allemagne, sans qu’on ait encore éprouvé ses talents d’homme d’Etat.
Trois hommes s’affrontaient : outre Armin Laschet, le très conservateur Friedrich Merz et l’expert en politique étrangère Norbert Röttgen. L’élection, faisait suite à la démission d’ Annegret Kramp-Karrenbauer, longtemps « dauphine » d’Angela Merkel mais écartée faute de s’être imposée. L’échéance avait été repoussée à plusieurs reprises en raison de l’épidémie et le scrutin s’annonçait très ouvert et difficile à pronostiquer. Laschet va donc mener la coalition CDU-CSU aux élections législatives du 26 septembre. S’il gagne, il pourrait devenir le futur chancelier. Néanmoins, un tel enchaînement n’est pas encore assuré. C’est en effet le président de la CSU, Markus Söder, qui serait le favori des urnes pour succéder à Merkel. Peu charismatique, Armin Laschet jouit d’une cote basse de 28 %, selon un sondage ZDF publié hier. Avec 54 %, Markus Söder, le principal opposant à la ligne Merkel et ancien ministre de l’Environnement et des Finances se tient en embuscade, pour le cas où le nouveau patron de la CDU, ne démontrait pas suffisamment l’étoffe d’un gagnant face au candidat SPD.
Le jeu politique allemand est finalement assez simple. Il ne risque guère de voir s’effondrer les partis traditionnels, même si les Verts devraient s’étoffer pour devenir, plus qu’un parti d’appoint, la troisième composante stable des coalitions de gouvernement. C’est plutôt au niveau des personnalités et des tempéraments qu’une marge d’incertitude subsiste. L’élément personnel reste également cardinal dans toute stratégie de tandem avec Paris. Par contraste, la France paraît jouer son avenir de façon moins conventionnelle, imprévisible, peut-être plus imaginative. Quoique la roulette russe ait déjà été inventée…