Chypre a finalement accordé son feu vert à une prise de décision du Conseil européen sur la Biélorussie et cessé de bloquer l’adoption de sanctions contre le régime de Loukachenko. Ainsi vont les marchandages au sein d’une structure collective comme celle des »27 », où les egos nationaux conditionnent l’issue des débats. Nicosie exigeait que soit préalablement actée une condamnation de la prospection gazière ‘’musclée’’ que mène la marine turque dans sa zone économique exclusive et ses eux territoriales. Ce qui a été fait. Par conséquent, les avoirs financiers en Europe d’une quarantaine de dirigeants biélorusses – hormis Loukachenko lui-même – impliqués dans le trucage de l’élection présidentielle et la répression des manifestations populaires (pacifiques) seront gelés.
Cela ne va pas vraiment loin mais, symboliquement, marque une attention et un jugement européen sur le drame qui se déroule à Minsk. Angela Merkel a pu parler d’un « signal important » – en fait, ‘’minimum’’’ – vers ceux qui se mettent en travers de la démocratie. Le recours massif à la torture aurait dû être fortement dénoncé. La Grande-Bretagne et le Canada avaient, eux, franchi le pas bien avant. Le message reste un peu brouillé par l’imbrication des mesures sans rapport visant respectivement Minsk et Ankara.
De son côté, le président turc, Erdogan, a été invité à « saisir l’offre » (de négociations ?) des dirigeants européens’’, lesquels sont convenus de juger « avant la fin de l’année si des développements positifs ont été enregistrés », dixit Charles Michel. « Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition », prévient Ursula von der Leyen, Il semble en fait que la relation avec la Turquie se discutera de façon plus conséquente au sein de l’Alliance atlantique, où rien n’est gagné par avance, vu l’inconséquence des Etats-Unis. Quant aux Biélorusses, dont la dirigeante morale a reçu, de façon opportune, la visite du président français, ils doivent se dire que l’UE ne déploie pas ‘’le grand arsenal’’ pour eux. Elle tourne plutôt son regard vers Moscou, un regard excessivement géopolitique. Pour la cause de la liberté d’un peuple d’Europe, on aimerait entendre les autres peuples d’Europe s’exprimer fortement.