Les constats dressés par le 6 ème rapport du GIEC, les difficultés à mettre en œuvre le green deal européen, les effets de la reprise économique sur le climat, tous ces signes pointaient une détérioration supplémentaire du climat, au moment où s’ouvrait la COP 26 à Glasgow. Les inquiétudes s’y dissipent avec des promesses, certes bien intentionnées mais un peu vaporeuses et souvent sans lendemain. Des foules énormes se sont réunies autour du site de la conférence pour faire sentir aux gouvernements les pressions des sociétés civiles. Greta Tynberg a, avec son talent habituel, brocardé le ‘’bla-bla-bla’’ des dirigeants du monde. Jamais l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’avait autant progressé d’une année à l’autre (+ 20 %) ni les objectifs de Paris 2015 été rendus aussi inatteignables, tant les retards s’empilent. 2,8 ° de réchauffement supplémentaire, dès 2050, imagine-t-on le prélèvement que ceci implique sur la vie des futures générations ?
Ce qui ne veut pas dire que Glasgow, comme Copenhague auparavant, restera dans les anales comme un coup pour rien. L’orchestration d’une profusion des promesses en jargon incompréhensible, la validation politique solennelle d’idées sans mode opératoire ne sont sans doute qu’une étape fragile vers le futur. Ce n’est pas le bon critère pour mesurer la lutte contre le dérèglement climatique : l’action, seule, permet un bilan. En sus des gouvernements, les collectivités, les citoyens-consommateurs et les entreprises y prennent leur part. On semble attendre des miracles de chaque COP, en prenant leur rôle de fil rouge pour des politiques opérationnelles, de terrain. Le marché du carbone ne décollera pas sans intervention autoritaire dans l’économie. Les retards d’organisation et de financement des exécutifs nationaux et locaux sont tels que l’optimisme a du mal à pointer. En fait, la trajectoire s’éloigne du but. Les émissions de nos ancêtres et celles, actuelles, des ateliers du monde nous plombent un peu plus à chaque COP.
Equilibre carbone (0 émission supplémentaire) en 2050 (UE), 2060 (Chine et Russie) voire 2070 (Inde), mais pourrait-on nous montrer l’adhésion des classes politiques et des populations aux sacrifices que cela implique concrètement ? Comment fera-ton progresser le Moyen Orient, l’Afrique et la quarantaine de pays en guerre ? Ceci dit, l’idée de soutenir le développement décarboné des pays du Sud – la promesse d’au moins cent milliards d’aide publique – reste sur la table, mais repoussée à 2023. On est aujourd’hui à 83 milliards même si l’on tend à inclure dans l’enveloppe une grosse proportion de prêts. De plus, l’aide climatique ne sera-t-elle pas dégrévée de celle destinée directement aux populations ? On se penche sur l’état des océans, de loin le plus grand puits de carbone de la planète mais on aurait dû depuis belle lurette mobiliser une part des armements de pêche pour extraire les continents de plastique qui empoisonnent leurs eaux. Les technologies sont là, mais la volonté manque. L’autre ‘’poumon’’, que constitue les forêts devrait connaître un début de régulation… vers 2030. Que restera-t-il alors des massifs primaires d’Amazonie ou de Kalimantan ou de la taïga sibérienne ?
La France n’a pas tellement brillé jusqu’à présent. Ses résultats en termes d’émissions ont été si mauvais depuis 2015, qu’elle s’est fait épingler par l’Europe et aussi par le tribunal administratif de Paris. Elle ne s’est pas jointe au principal engagement collectif de la COP 26 visant à cesser dès 2022 tout investissement à l’étranger dans les énergies fossiles. Va-t-elle financer quelque infrastructure charbonnière dans les pays encore accrochés aux énergies noires (Etats-Unis, Chine, Russie, Australie… ? )Elle s’est déjà distinguée en réclamant le classement du gaz et celui de l’atome (réintégré pour beaucoup dans la composition du ‘’mix’’ idéal) comme des énergies renouvelables. Le pactole européen du Green deal va bénéficier à la France, à hauteur de 40 milliards. Avec le numérique, il sera consacré aux réseaux d’énergie électrique (10.000 bornes d’alimentation seulement, là où le besoin est d’un million), alors que l’hydrogène vert n’est pas prêt, que les éoliennes à terre sont fortement contestées et, en mer, tardent à se concrétiser, que le solaire régresse et que l’avenir du nucléaire n’en est qu’au stade des débats d’experts. Quant aux économies d’énergie – le principal gisement en réserve – on cherche encore les institutions à même de former les dizaines voire centaines de milliers d’experts à même de réaliser les chantiers de rénovation énergétique des bâtiments. Idem s’agissant des relais de financement-expertise public-privé auprès des collectivités territoriales à même distribuer aux particuliers les subsides de Bruxelles sans engraisser les banques. Tandis que le coq français claudique, le climat reste un problème cumulatif et ne l’attend pas. Rassurez-vous : d’ici la COP 27, ce blog fera tout son possible pour limiter son empreinte carbone.