On dit parfois que l’élection présidentielle aux Etats Unis porte des effets si puissants sur les affaires du monde que beaucoup de citoyens ou d’institutions étrangers seraient tentés d’y participer. Le scrutin de novembre 2016 a, de fait, été marqué par des manipulations, depuis l’extérieur, contre Hillary Clinton. Apparemment, la machine russe de guerre psychologique est de nouveau à l’œuvre pour perturber le vote du 3 novembre. Il s’agirait de troubler, voire de menacer, des électeurs démocrates, pour favoriser la grande pagaille dont Trump pense avoir besoin pour faire chavirer l’échéance citoyenne dans la contestation générale. Un moyen de rester au pouvoir contre le choix démocratique de la population.
Ainsi, le patron de l’agence nationale de renseignement (NIA ) américaine, John Ratcliffe, et son collègue du FBI, Chris Wray, accusent Moscou d’avoir siphonné, dans ce but, des registres de données personnelles sur des listes électorales américaines .
L’annonce est à mettre au conditionnel mais elle est cohérente avec la pratique des hackers et des trolls russes. Elle amplifie encore l’inquiétude, palpable aux Etats Unis, quant aux attaques portées à l’intégrité de la démocratie et aux campagnes de désinformation qui faussent la liberté d’opinion. Des électeurs démocrates s’inquiètent d’avoir reçu des e-mails menaçants de la part du groupe d’extrême droite ‘’Proud boys’’ (en fait, les services russes), les ciblant comme enregistrés en tant que démocrates. ‘’Nous avons accès à l’infrastructure électorale tout entière’’… ‘’Vous allez voter Trump ou vous aurez affaire à nous. » Encore une fois – et c’est important – l’objectif est de faire dérailler l’exercice-même de la démocratie et non pas de faire triompher Trump par les urnes. Ceci correspond d’ailleurs au plan du président en exercice. D’une pierre, deux coups.
Les récentes révélations sur les ‘’Macron leaks’’ de 2017, comme, l’année précédente, les interférences russes dans la campagne sur le Brexit montrent que la stratégie de destruction de la démocratie conduite par les services de renseignement russes ne se limite pas aux seuls Etats-Unis. Six agents du renseignement militaire russe (GRU) ont été inculpés in absentia devant une cour américaine. L’offensive de Poutine cible les grandes nations encore libres. Beaucoup de démocratures ou de dictatures de moindre taille s’en réjouissent discrètement. Une calamité populiste veut, qu’à l’abri de nos confortables institutions, certains irresponsables au sein de notre société approuvent ce travail de destruction, qui apporte comme une résonnance à leur inépuisable colère.