L’Europe: naufrage géopolitique ou canot de sauvetage (percé) ?

Europe on chavire
Dans Le Monde du 26 janvier, Arnaud Leparmentier se présente comme un « adhérent aux plans B du projet européen ». Non pas, par joie mais parce que le plan A a bel et bien chaviré. Fini, en effet, le temps où le vieux Continent paraissait promis à une inéluctable intégration, fédéraliste, confédéraliste ou hybride. « Aujourd’hui, le statu quo est destructeur », comme nous l’indique l’accumulation des spasmes sans remèdes connus : crise de l’euro, des migrants et de l’asile, du terrorisme et des diplomaties, montée des populismes. Pour le commentateur, l’U.E. est « prise dans un irrésistible processus de faiblesse et de lâcheté, incapable de choisir, de dire oui ou non à l’euro, oui ou non à Schengen, oui ou non à la Turquie et de s’en donner les moyens. Il faut que l’Europe choisisse, qu’elle avance ou qu’elle recule. Cela fait plusieurs plans B ».

– Entre un fédéralisme dont les peuples ne veulent plus, la chimère d’une « grande révolution » de gauche qui nierait la réalité irréversible de la mondialisation libérale (et financière) ou encore la dégénérescence naturelle (à moins que ce soit le plan A en vigueur), les plans B ne manquent pas ! Une variante de cette dernière option serait une « Europe allégée du Royaume Uni », la belle affaire !

– Faute de jamais revenir, par un coup de baguette magique, à la grandiose vision géopolitique des pères-fondateurs, une sorte de planche de salut pragmatique émerge de la réflexion que fait Hubert Védrine. L’ancien ministre des Affaires étrangères estime que la priorité va à renouer le dialogue avec les peuples européens. Il appelle à « libérer le projet européen du dogme européiste,… qui a perdu la bataille et le pouvoir depuis vingt ans ». En préalable, les dirigeants devraient cesser de réclamer « plus d’Europe », d’une façon générale, et abandonner tout langage sermonneur.
Quelques orientations simples pourraient en émerger : pause dans l’élargissement; concentration de l’Europe sur la recherche, l’innovation et parachèvement de deux projets politiques seulement: harmonisation budgétaire et fiscale dans la zone euro et réelle gestion des frontières extérieures de Schengen. Védrine y ajoute l’idée d’une Europe rehaussée en « puissance pacifique, pacificatrice et respectée », en conférant une personnalité et des compétences stratégique au Service Européen d’action Extérieure, jusqu’alors plutôt complexé et fantomatique.

Conclusion du commentateur : « Si l’Europe épurée du XXIe siècle, c’est l’Euro, Schengen refondé et une puissance mondiale, on signe des deux mains pour ce plan B ». La réponse est bonne mais nous posera-t-on jamais la question ?