Ce blog n’a pas vraiment commenté les récentes reconnaissances diplomatiques d’Israël par les Emirats Arabes Unis et par le sultanat de Bahreïn. On note aussi une mansuétude remarquable de l’Arabie Saoudite, qui ouvre désormais son espace aérien aux vols d’El Al. Tout ce qui va dans le sens d’un apaisement dans le Moyen-Orient incandescent est bon à prendre. Mais, justement, ce mieux intervient dans d’une stratégie électoraliste américaine qui le rend réversible et fragile. Cela se fait, surtout, aux dépens des intérêts légitimes des Palestiniens et, qui plus est, dans une optique de confrontation avec l’Iran. Un mieux ponctuel suffirait-il à compenser une menace sur un peuple et sur la Région ?
Depuis lors, le pays du cèdre et l’Etat hébreu, techniquement en état de guerre, ont entamé des pourparlers sur le tracé de leur frontière maritime et des deux zones économiques exclusives (ZEE). Ces négociations bilatérales se dérouleront à Naqoura, au quartier général de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). Elles bénéficient ainsi d’une médiation apportée par les Nations Unies à l’étape initiale d’une normalisation négociée directement entre les deux pays voisins. C’est une première depuis 1983. L’Enjeu de la frontière terrestre, qu’il restera à sécuriser, devrait suivre assez logiquement et concerner plus directement encore la FINUL. En 2011, la diplomatie américaine avait proposé une ligne de partage attribuant 60 % de la zone disputée au Liban et 40 % à Israël. Sous l’influence du Hezbollah, elle avait été rejetée par Beyrouth, qui revendiquait une souveraineté sur les 860 km2 concernés. Il était alors exclu de traiter avec ‘’l’Ennemi juré’’. La guerre menée en 2006 contre l’armée israélienne, avait encore exacerbé ce refus.
Un accord bilatéral désormais possible pourrait débloquer l’exploitation de ces eaux, considérées par Total et par les autres pétroliers comme plus riches en gisements gaziers (et en ressources halieutiques) que la rive Nord de la Méditerranée. L’impatience est d’autant plus forte que les voisins du Liban – Israël, Chypre, l’Egypte, la Turquie et la Grèce – ont déjà pris leurs marques dans la course à l’exploitation du gaz. Pour la classe politique libanaise, conspuée par ses concitoyens, c’est un défi de légitimité à relever, si elle veut redorer un peu son blason.
Contrairement aux arrangements précités avec les pétromonarchies, un succès serait potentiellement profitable aux populations, en termes d’activité économique et de sécurité intérieure. L’aboutissement ultime pourrait prendre la forme d’un Traité de paix en bonne et due forme, qui mette le Liban à l’abri des incursions (dans les deux sens) et des hostilités récurrentes. Le Hezbollah verrait alors ses activités militaires restreintes par le droit. Sauf à se mettre totalement hors-la-loi, sa coopération pourrait desserrer le carcan infamant de ‘’terrorisme’’ dans lequel les Etats Unis l’enferment. Ceci favoriserait d’autan la cohésion politique du Pays et la sortie de crise.
Il faut donc souhaiter bonne chance au Liban et à Israël.