* 8 septembre – Dérèglement climatique, des problèmes multiples et imbriqués

Va-t-on tenir la COP26 de Glasgow en novembre, alors que la planète est dans les tourments du Covid, surtout le Sud ? On a vu les fortes hypothèques que le virus a fait peser sur les jeux olympiques et para-olympiques au Japon et on est en droit de se demander s’il ne faudrait pas mettre l’ensemble du système multilatéral sur zoom ou autre mode de visioconférence. Au beau milieu d’images d’inondations et d’incendies géants, les experts de l’ONU ont actualisé le 9 août leurs perspectives climatiques, très sombres. Sept ans après leur dernier rapport et au cœur des vacances d’été, le GIEC se fait plus alarmant et précis que jamais sur l’état du dérèglement climatique et ses causes. Le processus de réchauffement court plus vite (d’au moins une décennie) qu’on l’avait calculé ; Les progrès des politiques de prévention ont été contrés par la relance économique ; Il faut s’attendre avant la fin du siècle à 3, 5 ° de plus qu’au début du 20e (déjà 1,4° avéré) et, à ce rythme, une bonne partie de la planète ne sera plus viable pour l’Homme. Arrêtez le ban : sueur d’angoisse !

Il serait suicidaire de négliger ce rapport. Cela crève les yeux, l’urgence climatique doit mobiliser de façon prioritaire l’énergie et les ressources des gouvernements comme des populations du monde. Surtout, cela doit se faire partout à travers le Globe, vraiment partout ! La résorption de la pandémie constitue une sorte de test-amont de nos capacités d’acteurs à nous organiser collectivement, autour d’une quête de salut collectif. Elle exige un changement radical de nos comportements à court-moyen terme (et au-delà ?). La prévention et l’adaptation aux catastrophes climatiques, fonctionne de la même façon que le combat contre le virus COVID, mais du court au plus long terme. Il serait absurde n’en voir qu’une des deux.

Mais il y a aussi un vrai danger de ‘’fausse route’’, à perdre, dans une sorte de simplification affolée, toute notion des problématiques connexes qui constituent des obstacles préalables : la perte de la Paix et de la stabilité (les guerres font barrage à toute action régulatrice), les populismes, chauvinismes et démocratures (incluant la xénophobie et aussi une partie des réseaux sociaux qui visent à nous rendre, en grand nombre, aveugles aux réalités) ; la préférence des marchés pour l’hyper-consumérisme et le ‘’toujours plus’’ ; les tensions induites par l’exacerbation des inégalités sociales (elles sont des germes de conflit), l’échec des politiques de développement (même cause et mêmes effets), l’illettrisme et les faiblesses des systèmes éducatifs (sans citoyens formés, aucune mobilisation effective). Mieux qu’un plan, il faudrait un monde bien préparé et ouvert pour combattre efficacement les plus grosses calamités : si l’on réglait 80 % de ces questions  »connexes », il deviendrait possible d’avancer sur le terrain du climat comme sur celui de l’immunité planétaire. A 20% de succès seulement, la cause serait perdue et notre attention se disperserait vite vers toutes sortes de fantasmes, de peurs et de haines… jusqu’à ce que 80% d’entre nous tombent finalement dans une forme de psychose (elle progresse déjà) ou de guerre.

Un deuxième volet du rapport du GIEC, concernant cette fois les impacts du dérèglement et l’adaptation, est prévu pour février 2022. Il montrera plus en détail comment la vie sur Terre risque d’être inéluctablement transformée d’ici trente ans. Il faut garder le moral, c’est la seule façon d’être efficace. Charles Trenet chantait ‘’y’a d’la joie !’’

* 23 juin 2021 – Chaque fraction de degré nous ramollit

Plus 1,5 par rapport à l’ère préindustrielle, on y sera dès demain. Le rapport que le GIEC publiera en février 2022 est plus alarmiste que sa précédente prospective de 2014. En substance, la limite sera franchie d’ici 2025 et on rentrera alors dans une forme plus violente de chaos climatique, un état de non-retour, aux conséquences imprévisibles, en tout cas incontrôlable, ‘’pendant des siècles’’. Un peu comme si, en termes astronomiques, on poursuivait en voiturette plastique un voyage cosmique au-delà de Jupiter. L’accord de Paris déboucherait donc, selon ces prévisions, sur un échec collectif. ‘’La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes’’, avance le résumé technique du futur rapport. ‘’L’humanité ne le peut pas’’. Aïe, aïe, aïe, c’est bien du sort de l’humanité qu’il s’agit (pas de la Terre) ! Or, les climatologues estiment devoir, dès à présent, abaisser le seuil sous lequel le réchauffement global pourrait être encore ‘’encaissé’’ par la société humaine : 1,1 ° aurait été la ‘’vraie’’ ligne rouge à ne pas franchir.

Pour la biodiversité, ce serait déjà trop tard : ’ les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter’’. La menace sera extrême, notamment, sur récifs coralliens essentiels à la vie d’un-milliard de riverains  des océans ou d’îliens. Les peuples des régions arctiques pourraient aussi disparaître en même temps que leurs écosystèmes. L’alimentation verra ses ressources contraintes sous l’effet des aléas climatiques, dans toutes les régions du monde. D’ici dix ans, jusqu’à 80 millions d’humains  supplémentaires rejoindront les cohortes de la sous-nutrition et 130 millions sombreront dans la pauvreté extrême. La hausse du niveau de la mer s’accompagnera de vagues de submersion, à l’origine – comme la sécheresse – de vagues de migrations croissantes. Avec 1,5°C de hausse de température, 350 millions de citadins de plus subiront des pénuries d’eau, surtout par temps de canicule. En termes géographiques (cela mériterait d’être plus finement analysé), des régions comme l’Est du Brésil, l’Asie du Sud-Est, la Chine centrale et presque toutes les zones côtières pourraient être frappées de poly-catastrophes simultanées : canicules, sécheresses, cyclones, incendies, inondations, épidémies de toutes sortes. S’y ajoutent les désastres provoqués par l’Homme, telle la dégradation en savane de l’Amazonie, l’ex-poumon du monde.

‘’Chaque fraction de degré compte’’, face aux dégâts qui s’annoncent. Après vous avoir efficacement glacé le sang – la pédagogie fonctionne sans doute à ce prix – le GIEC se fait un peu souriant, in fine : ‘’L’humanité peut encore orienter sa destinée vers un avenir meilleur en prenant aujourd’hui des mesures fortes pour freiner l’emballement de la deuxième moitié du siècle’’. Ouf ! ‘’Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation’’. On y court ! Ah, on, j’oubliais : on y court plus. On y courait au pire de la pandémie, quand on chantait en chœur le ‘’monde de demain’’. Belle envie de s’investir dans l’avenir ! Où est-elle passée ? Voyez comme ceux qui nous guident préfère désormais parler de fric et de ‘’tout-sécuritaire’’ ! Fermez le ban !